Elle est arrivée ce matin. Elle est arrivée dans une grande enveloppe ivoire. On aurait pensé qu’elle venait d’une maison aisée. Le timbre - bien que je n’y connais rien en timbres - avait l’air de ceux que l’on a envie de collectionner. Il n’y avait pas d’adresse d’expéditeur, rien qu’une crois, dessinée au dos de l’enveloppe. Qui aurait pu signifier un millier de choses et leur contraire.

Mon nom, lui, était écrit étrangement. Comme un gaucher écrivant de la main droite, l’écriture était peu assurée et tremblotante.

Un tout, qui n’inspirait pas vraiment confiance. Et pourtant…. J’ai comme ce besoin de croire en l’inconnu.

A l’intérieur de l’enveloppe, se trouvait une carte postale. Une étendue de paysages inconnus. Mais aucun texte au dos. Rien qu’une page blanche, qui n’attendait qu’à être remplie, mais qui ne l’avait pas été. Qui était là, à la place, gonflée de tous les mystères et secrets de ce que l’on n’avait pas voulu y écrire.

***

Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Je n’en ai aucune idée. Pourtant j’ai l’impression d’avoir dépassé le stade de me demander pourquoi. La vie demande des fois d’accepter, sans même une raison valable.

Un jour tout sera clair. Les raisons me parviendront, et je me demanderais comment j’ai pu ne pas savoir, pendant si longtemps.

Entre-temps, j’aurais cette carte postale, lancée au vent.