20 - Café
Le liquide entre dans mon corps.
J’ai besoin de tenir. Encore, encore un peu.
Je sens la douce brûlure amère dans ma gorge.
Même si je ne t’aime pas, aide-moi, s’il te plaît. Je n’ai pas le droit d’abandonner maintenant. Je ne peux pas.
Le train n’attend pas les retardataires. Et pour le rattraper, il faut courir. Impossible de marcher. Alors que je me sens uniquement capable de ramper.
Mes limites sont à mes trousses, et je lutte pour leur échapper. Elles ne peuvent pas me rattraper. Je ne peux pas me le permettre. Je n’ose même pas imaginer ce qui arriverait si elles y parvenaient.
Encore un jour. Et si je suis toujours là, et bien encore un. A répétition.
Et pour tenir, je m’invente des branchies à caféine.
Je la sens presque, courir mes veines, monter à la tête. Déployer ses racines comme un arbre puissant et solide. Supporter mon poids, autant qu’elle le peut. Et même si elle doit s’accrocher un peu trop à moi, m’abîmer un peu pour subsister, tant pis. J’ai trop besoin d’elle.
La fausse énergie.
Elle est là, avec moi. Revenue. Retrouvée. Encore une fois.
J’ouvre les yeux. Soupir.
Le factice suffira pour maintenant.
Bientôt je pourrai prendre une pause, lâcher prise, enfin.
Pas maintenant.
Je me contenterai du mensonge un moment.
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