Il est seul. A ce moment précis. Il est seul.

Comme un humain, qui a besoin de s’éloigner de la présence des autres, un petit moment. Parce qu’il a besoin de se retrouver avec lui-même. Parce que les autres avaient un peu trop tiré sur ses ressources.

Il aimait bien rester, seul, rien qu’avec lui-même, se contenter de sa propre conversation, se permettre la procrastination, n’avoir à subir que sa propre frustration.

Pouvoir s’imaginer des mondes impossibles, invisibles. Croire en leur existence, même si rien en eux ne fait sens.

Il a toujours aimé être un peu le loup solitaire de son monde. Qui va vers les gens, simplicité, et qui pourtant n’en ressentait jamais vraiment le manque, même si il ne voyait pas grand monde, quelques temps. Les compagnons, ça allait, ça venait. Il jonglait avec les situations, sans jamais vraiment se préoccuper d’être aimé, par une ou dix personnes. Une, un petit moment, et tout allait bien.

Aujourd’hui, il est seul, aussi. Mais ce n’est pas le même seul. Là où l’anglais dit « alone », on dit seul. Là où il dit « lonely », on dit seul aussi.

Qu’est-ce qui a changé ? Peut-être que la réponse ne viendra jamais. Perdue dans l’inconnu. Mais c’est arrivé. Ça a changé.

Il s’est mis à avoir peur, un peu, beaucoup. De tout ce qui pourrait se passer s’il restait seul, sans personne à ses côtés. Est-ce que cela voulait dire qu’il n’était pas aimé ? Que personne ne voudrait plus jamais le côtoyer ?

Quelque chose a changé. Quelque chose est arrivé, furtivement, hors de la vue. Puis a sauté, attrapé, cassé. Détruit.

Le loup, fier et puissant, pris au piège. Les pattes-avant au milieu du piège.

Cassées. Il ne peut plus en avant. Et c’est là, qu’il aurait besoin de sa meute. Sa meute, dont il ne croyait pas avoir besoin.

Solitaire.