11 - Armoire

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Toute la vie, j’ai eu besoin des autres. Toute la vie, partager, rire. Se laisser aller, se reposer sur eux. Toute la vie, les repousser, leur faire mal, puis dérouler des mètres de scotch, à chaque fois.

Toute la vie, les autres ont eu besoin d’autres. Des fois moi. L’autre. Souvent les sourires se sont dessinés. Et souvent les déchirures sont apparues, sur mon visage, ma peau, mon cœur. Et si souvent, la bande collante est venue les recouvrir. Transparente.

Transparente.

Tout cassés, tout recollés. Une fois, deux, dix, mille. On s’accroche. S’accroche, toujours plus fort. Sans jamais, jamais lâcher prise. Lâcher prise…

Même si on nous retape en transparent.

Même si. On recherchera les autres. Encore.

Encore.

Encore.

Même si jamais on ne les comprend, jamais ils ne nous comprennent. Même si toujours on pense y parvenir. Mais jamais on ne se comprend. Soi-même.

C’est quand ce sentiment est si là, trop là, qu’alors on s’éloigne, d’un coup sec qui nous brise, nous arrache de toutes nos bancales réparations.

C’est là qu’on cherche autre chose, se perdant dans le vide. On cherche l’introuvable, tout en essayant de garder tous nos morceaux avec nous dans le voyage.

Quand je n’y arrive pas. Quand je ne trouve rien qui vaille, c’est là que je trouve le noir et l’espace chaud. De cette armoire.

C’est un vide dans lequel je peux me noyer. C’est un espace dans lequel je peux me dissimuler.

C’est quelques centimètres de large, assez pour m’engloutir tout entier.

Et c’est un répit amer et doux à la fois. C’est un air de pause qui n’en ai pas une, mais qui m’aide à me reformer. Me relever. Repartir. De nouveau.

J’avance fracturé, par ceux qui entourent mes blessures de coton. J’avance abîmé dans un nuage.

C’est comme ça que nous sommes. Des énormes paradoxes ?

Des chairs à vifs, cherchant de toutes leurs forces ce qui les calmera.

Une peau qui n’existe pas. Mais éphémère, elle s’invente. Elle se réécrit, et subsiste. Pour la seconde. Et peu importe les kilomètres de ruban adhésifs, l’instant sera là.

Toute la vie, j’aurais besoin des autres. Qui me cassent et me réparent avec le plus grand soin. Parce que j’ai besoin d’être cassé pour ressentir la douce sensation de réparation ?

Toute la vie, partager, rire, se laisser aller. Encore.

Encore.

Encore..

Encore…

Encore….

….

..

.

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