Aldaron.

 C'était le nom d'un ancien lieu de culte, abandonné depuis aussi longtemps que le monde s'en souvenait.
Au plus profond d'une vaste forêt, sur un large sentier, commençait un vieux chemin de pierre. En le suivant, on arrivait devant une grande arcade en bois rouge, à laquelle des carillons étaient suspendus. À l'instant même où l'on franchissait la ligne invisible, les clochettes s'agitaient, leur écho tintant dans la brume matinale qui enveloppait de sa sérénité les lieux.
Un petit chat roux apparaissait au loin, regardant paisiblement l'intrus avant de s'enfuir à son approche.

 En le suivant, on arrivait jusqu'à une clairière. L'herbe y était rare, des pavés recouvraient le sol. De-ci de-là, quelques fines fleurs s'épanouissaient entre les fissures des pierres, répandant leur doux parfum dans l'air. Les arbres qui entouraient l'endroit étaient grands et recourbés, tel un dôme. D'éclatants rayons de soleil parvenaient à percer leur protection, créant un damier d'ombre et de lumière sur les pavés froids. Au centre, poussait un puissant et fier cerisier en fleurs et juste devant celui-ci une table de marbre éventrée. En s'approchant, on pouvait remarquer de nombreuses traces de duel et imaginer d'énormes griffes dures comme l'acier entailler la roche avec une facilité déconcertante. Relevant les yeux, on apercevait, le chat, perché calmement sur la branche la plus basse du cerisier. Son long pelage semblait brûler tel un feu délicat. Le grelot, suspendu à son coup par un fin cordon de velours, tinta tandis qu'il inclina la tête pour foudroyer l'intrus du regard. Ses yeux jaunes s'embrasèrent soudain et le vent se leva brusquement, le faisant s'évanouir silencieusement dans l'air. Paisiblement, les fleurs de cerisier tombèrent, dansant hypnotiquement avant de s'immobiliser sur le sol dur. Et au loin, résonnait la sinistre complainte d'une cloche.