Je serai là pour toi

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17H45


"TAXI! TAXI!!!"


Je m'égosille devant chaque voiture jaune qui me dépasse. Je m'égosille si fort que ma voix finit par dérailler.
Quelques minutes plus tard, dix précisément, une voiture daigne enfin de s'arrêter.


"À l'aéroport, vite! Dépêchez-vous!!"


Je stresse le chauffeur, je le presse et le houspille. Je dois à tout prix l'empêcher de partir. Il ne doit pas prendre ce fichu avion!

Notre histoire n'est pas terminée, je le refuse!

Des bruits de klaxon attirent mon attention.


NON!


Deux voitures sont rentrées en collision l'une dans l'autre, à une dizaine de mètres de l'entrée du parking de l'aéroport.


Merde merde merde!


"Je descends là!"


Je jette négligemment des pièces sur le siège et m'empare de ma sacoche avant d'ouvrir la portière à la volée et de partir en courant entre les voitures.



18H20


La grosse horloge numérique sur la façade de l'aéroport me nargue. Elle me crie, me hurle au visage que je ne réussirai jamais à le voir, à le convaincre de rester auprès de moi.

Alors je cours pour la faire taire, j'ignore mon point de coté, je cours à en perdre haleine et pénètre le bâtiment.

Pourquoi faut-il qu'il soit aussi grand?!

Je ne sais même pas à quelle porte aller, ni même dans quelle aile...

Un panneau.. un panneau... Je dois trouver un panneau!!!!

Je cours encore en direction des écrans plantés en peu partout dans le hall.

Australie...

Australie où es-tu...

Où es-tu bon sang?!


BINGO!


"Enregistrement terminé - porte sud - embarquement à 18H25"


18H25?!


J'ai 5 minutes pour traverser l'aéroport et aller à l'opposé d'où je me trouve.

Je reprends ma course effrénée, je perds la notion du temps, j'ignore la douleur que mes bottines me causent, et continue de courir dans les couloirs, perdue dans ma course contre la montre.

Un panneau lumineux attire mon attention et je freine net.

!Embarquement immédiat!


Une annonce retentit, augmentant mon angoisse, et la peur de ne pas arriver à temps me tord le ventre.

Plusieurs mètres plus loin j'aperçois les contrôles de la douane. Merde! Je les avais oubliés... J'espère qu'il ne les a pas passés...

J'espère j'espère j'espère tellement...

Je plonge dans la foule, la fend et la traverse je cherche un homme grand, musclé aux cheveux noirs mi-longs relevés en couette ou chignon. Mon cœur bat de plus en plus fort, s'affole et bat en retraite. Je dois à tout prix le trouver, mais tous ces gens se ressemblent tant! Je veux trouver son visage, sentir ses cheveux sous mes doigts, sentir son parfum près de moi... Je veux tout de lui merde.

Alors je crie son prénom. Je me contre fiche des yeux qui se tournent vers moi puis se désintéressent du piètre spectacle que je leur offre.


"ELIH!! ELIH!!!"


Je crie vers les portes, ma propre voix m'arrache des pleurs, je ressens plus que jamais le désespoir s'emparer de moi. Je n'ai même pas eu le temps de le lui dire...

Soudain un visage familier m'attire du coin de l'oeil. La vue brouillée par les larmes, je marche chancelante vers lui, et l'interpelle doucement.


"Elih?.."


Alors ce que je vois me brise le coeur. Plutôt ce que je ne vois pas.


"Désolé miss, j'pense que vous vous êtes trompée.."


Je marmonne quelques excuses et tourne la tête, penaude.
Autour de moi, tout semble gris et fade, triste et maussade. Les visages n'ont plus d'expressions, leurs yeux à tous sont vides, gris ou noirs, et me transpercent sans aucune pitié.

Je ne sais pas où est ma sacoche, elle est perdue en quelque part je ne sais où... Je n'ai plus rien. Ni clés, ni téléphone, ni papier, ni argent... J'aimerais mourir sur place. Quitter ce monde et laisser mon cœur meurtri prendre congé...


"Mademoiselle?"


Je lève la tête vers l'agent qui m'interpelle et me regarde attendri, le regarde tendre et compatissant.


"Oui?"


Il me tend une sacoche avec un petit sourire.


"Un homme m'a chargé de vous la remettre. Il a passé la douane il y a quelques minutes."


Mon coeur manqua un battement quand j'attrapai le mouchoir qu'il me tendait.

"Il m'a dit de vous dire de regarder si tout y est et que rien n'a été dérobé."

Je le regarde les larmes dans les yeux, hoche la tête mollement et me dépêche de vérifier sous ses yeux.

Une enveloppe blanche attire mon attention et je m'empresse de l'ouvrir pour en découvrir le contenu.

Sa belle écriture est inscrite à l'encre noire sur le papier blanc vieilli au parfum de lavande.

Mon préféré... Ça ne peut être que lui.

Je souffle en lisant ses mots.

" Ayden,

Je sais ce que tu penses. Ce que tu crois est faux. Et je sais ce que tu me caches. Je ne pars pas à cause de toi. Je pars pour toi. Je pars pour nous. Je suis désolé de ne pas t'en avoir parlé et de t'avoir donné l'impression d'être parti à cause de notre dispute.

Je serai là pour vous dans 7 mois.

Ton Amour ,,

Je m'effondre, je m'écroule et je craque dans l'aéroport. Alors que je les croyais taries, de nouvelles larmes s'écoulèrent et l'agent me prit dans ses bras.

Lorsqu'il me lâcha, j'eus le pressentiment de lever la tête et de regarder en direction des portes.

Et je le vis.


Vraiment.


Adossé contre un panneau d'affichage, le sourire tendre.
Je tendis une main vers lui comme pour le toucher du bout des doigts .

Il affichait un air navré mais aimant et porteur de promesses d'un avenir meilleur.
Instinctivement, je posai ma main sur mon ventre, tenant la lettre de l'autre, désolée de lui avoir infligé un stress aussi intense.


Il baissa les yeux sur ma main et son sourire s'élargit.


Ensuite il prit sa valise, tourna les talons, et s'éloigna.


Il prit sa valise, tourna les talons, et disparut.

19H19

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