La fin

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Extrait de "Lui, ou l'amour est dans le pré"

Lundi 3 Août 2025

7H20

"Merci Charles de m'avoir déposée, tu embrasseras mamie de ma part d'accord? _ Mais oui, t'inquiète pas! Allez file! Ton roméo t'attend!"

Il me fait un clin d'oeil et je mets plusieurs secondes à comprendre sa dernière phrase.

Non non non et non.

Hors de question.

Je refuse.

~*~

Je grimpe les escaliers quatre par quatre après avoir enregistré, mon sac sous le bras. Il s'est bien placé car je suis o-bli-gée de passer devant lui. Je marche le plus vite possible mais une main ferme m'attrape par l'avant bras.

Oh merde à la fin quoi.

"Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans -bouge de là-? En plus d'être infidèle, t'es sourd? _ Je n'avais pas l'intention de t'écouter comme tu peux le voir et il est hors de question que tu partes avant que je ne t'ai dis deux trois choses."

Je me dégage sèchement et le considère avec mépris.

"Tu sais quoi?"

Je plongeai mes yeux dans les siens et lui adressa la pire des déclarations, la pire des promesses.

"Je me suis rendue compte que t'étais plus qu'un passager Inconnu à bord d'un avion. Je me suis rendue compte que t'as fini par faire battre mon coeur. Mais tu sais quoi? Je réussis quand même à te haïr, à te détester. Alors quand j'aurai passé cette porte, cette ligne avec mes valises... Oublie que j'existe et ne m'adresse plus jamais, mais jamais la parole."

Son regard toujours aussi dur me détailla, inscrivit un voile glacial sur ma peau et il ne prononça aucun mot.

C'est bien ce que je pensais.

Rien.

Ce n'était strictement rien.

Quelle bonne idée d'avancer mon vol pour rentrer seule.

J'attrape mon sac et tourne les talons, priant pour arriver le plus vite possible à la porte d'embarquement, mais également pour qu'il soit déjà parti de l'aéroport. (En cinq secondes c'est possible, croyez-moi.)

Tout-à-coup, je sens une main attraper le bas de mon blouson et me tirer en arrière. Tout se déroule si vite... Je me sens trébucher dans l'élan mais au lieu de m'étaler sur le sol, je suis plaquée contre ce corps musclé que je connais par coeur, que j'ai pris plaisir à explorer, et une main qui enserre ma gorge maintient mon visage à quelques centimètres à peine de celui de l'Inconnu.

"Tu sais quoi? T'as faux sur toute la ligne. T'as totalement tort. Mais t'inquiète pas, la prochaine fois que je te vois ici, j'te donne même pas l'heure."

Je ressens un petit pincement au niveau de ma poitrine mais répond tout aussi froidement.

"Parfait. Ca me va très bien. Bonne continuation."

Quelques secondes s'écoulent et nous restons immobiles, les yeux comme reliés, accrochés par des chaînes, aimantés l'un par l'autre comme deux pôles contraires.

Ils sont aimantés l'un par l'autre comme deux pôles contraires car les opposés s'attirent.

En parlant d'aimants, nos lèvres se rejoignent brutalement, brusquement et violemment. Toutes les secondes passées ensemble animent ce baiser empoisonné, passionné et désespéré, et de chaudes larmes viennent se mêler aux miennes.

Comme si nos corps étaient synchronisés, nous nous écartons l'un de l'autre tout aussi brusquement que nous nous sommes touchés, et mon Inconnu étouffe un juron.

"Putain je..."

Je préfère partir. Je détale comme un lapin. Je fuis cette sensation qui s'est emparée de moi pendant notre échange, et je l'entends s'énerver dans mon dos, frapper contre un des panneaux métalliques; ses jurons résonnent dans ma tête, m'assourdissent et m'assomment, pendant que je m'éloigne toujours un peu plus de lui; la distance atténuant le son de sa voix.

"Pourquoi vous me regardez comme ça putain?! C'est quoi le problème?!"

Je l'entends s'énerver contre des passants de loin. Je ne peux plus retenir le flot de larmes qui s'échappe de mes yeux.

"POURQUOI JE SUIS DANS CET ETAT?!"

Un pied devant l'autre. Encore un pas et je ne pourrai plus retourner en arrière. Encore un pas et je ne distinguerai plus du tout, plus jamais le son de sa voix.

"PARCEQUE JE L'AIME PUTAIN DE MERDE! VOILA! CHIER"

Je franchis la limite sans aucun regard en arrière.

Je franchis la ligne rouge.

"Mademoiselle voulez-vous bien me suivre?"

J'acquiesce d'un hochement de tête et emboîte le pas à l'hôtesse de l'air.

~*~

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