Je t'aimerai de loin

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J'ai failli à ma mission. Je m'étais jurée de garder les yeux secs, de les empêcher de couler en partant. De rester dure et forte, de rester insensible et impassible. Mais quand je l'ai vu arriver sur la dernière marche de l'escalier, j'ai compris que je ne tiendrais pas.

Le voir après tant de temps...

Je n'aurais jamais cru qu'il serait venu. Je ne pensais même pas qu'il aurait lu cette lettre que j'ai e sur le pas de sa porte. Cette lettre dans laquelle j'ai déversé un torrent de sentiments, dans laquelle je lui ai exprimé tous mes doutes, toutes mes peurs et tout ce que je n'ai jamais pu lui dire.

Alors lorsqu'il s'est arrêté en face de moi, j'ai cru que le monde entier entendrait les battements de mon cœur. Ils résonnaient si fort dans ma tête que j'avais l'impression qu'elle exploserait.

Il m'a souri. Il m'a souri et une chaleur douce et réconfortante à envahi mon corps. Je n'avais soudain plus froid à cause de la ventilation glaciale de l'aéroport.


"Le grand départ, c'est ça?"


Son sourire ne quittait pas son visage et son regard était si doux, si protecteur que j'aurais aimé me perdre dans ses yeux.


"Oui le départ tant attendu."


Je jouais dans une mèche de cheveux en me mordillant la lèvre. Tant de mots voulaient sortir, voulaient franchir cette barrière, j'avais tant de choses à lui dire, mais ils restèrent tous bloqués dans ma gorge, j'étais dans l'incapacité de m'exprimer.


"Hey... Ça va aller d'accord?"


Je levai les yeux vers lui, et lorsqu'il m'attrapa la main, je sentis que la rupture n'était pas loin. Je sentis tous ces mots transformer en larmes, et je pressai sa main si fort que j'eus l'impression de pouvoir la briser.

Il m'attirait alors contre son torse et caressa mes cheveux comme il le faisait si souvent, avant. Je retins mes larmes, je retins la moindre micro-goutte qui veuille s'échapper de mes yeux, et tentai de lui parler, de lui dire.


"Je..."


Mais rien ne sortir. Il me tint par les épaules, me prit la tête entre les mains et m'embrassa sur le front.


"Chhhht... Ne t'en fais pas. Je sais..."


À ce moment je sus que mon cœur lui était destiné, je sus que mon âme était liée à la sienne. Alors je tentai un sourire, faible et triste, mais un sourire lui étant adressé...
Il essuya de son pouce une larme courageuse qui était parvenue à couler sur ma joue et se pencha vers moi.

Il se pencha vers moi et posa ses lèvres sur les miennes. Il les posa si tendrement que je me sentis presque mourir de l'intérieur. Je l'embrassai à mon tour. Je l'embrassai comme si c'était la première fois. Je l'embrassai comme si je le découvrais, je l'embrassai comme si c'était la dernière fois car malheureusement... c'etait le cas.

Puis je me blottis dans ses bras. Je me sentis libre, légère et aimée, pour la première fois. Je me sentis protégée et en sécurité alors que je sentais son cœur battre son mon oreille. Ce son qui m'a, tant de fois, aidée à m'endormir, calmée alors que j'étais énervée.

Et nous sommes resté là, enlacés pendant ce qui m'a paru une éternité.

Et pourtant, maintenant que je suis assise dans cet avion à regarder les nuages défiler sous mes yeux, j'ai un goût d'amertume dans la bouche, un goût qui ne veut pas me quitter alors que je me rends compte que ce moment n'a duré que trop peu de temps et que le torrent de mots et de larmes se déverse désormais sur mon visage déprimé.

Mes larmes inondent désormais cet avion qui m'éloigne, qui m'emmène et qui me sépare de milliers de kilomètres de celui à qui je me suis dévouée.

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