Chapitre 6

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Au bout de quelques minutes, les deux étudiants arrivèrent à destination.

« J’en peux plus ! fit Inaya, haletante. Pourquoi est-ce que t’as couru comme ça ?!

-J’en sais rien », répondit Aaron nonchalamment, tout en haussant les épaules.

Ce dernier s’était spontanément dirigé vers la cafétéria de l’université.

« Bonjour, je vous sers quelque chose ? demanda la serveuse.

-Non, pas besoin ! » rétorqua vivement Inaya, sur le point de faire demi-tour.

Aaron s’avança alors discrètement vers elle pour lui murmurer à l’oreille :

« Tu joues à quoi ?

-Tu joues à quoi plutôt ? J’ai pas besoin de ta pitié. »

Le garçon soupira, avant de lâcher la main de son interlocutrice qu’il tenait fermement depuis le début de l’escapade. Il retourna alors vers la serveuse :

« Désolé, reprit-il en ébouriffant ses cheveux.

-Pas de souci ! (Elle gloussa.) Elle est sûrement timide…

-Haha, c’est ça ouais… songea Aaron. Du coup je vais prendre un sandwich au saumon et une bouteille d’eau.

-D’accord, je vous laisse patienter en caisse. »

Après avoir récupéré sa commande, il retourna auprès d’Inaya qui s’était mise sur le côté, près des escaliers.

« Tiens, insista Aaron en lui tendant le sac.

-Puisque je te dis que j’ai pas faim ! »

Au moment où elle prononça ces mots, son ventre se mit à gargouiller bruyamment.

« Tu disais ? » dit le garçon en arquant un sourcil.

Le rouge monta aux joues d’Inaya. Cette dernière finit par prendre le sac, à contrecœur.

« Vraiment, j’avais pas besoin de ta pitié, reprit-elle tout en dévorant son repas avec appétit.

-Ça a rien avoir avec de la pitié, c’est juste du bon sens. J’allais pas te laisser crever de faim sans rien faire.

-Mouais, en fait tu voulais juste soulager ta conscience c’est ça ? »

Aaron poussa un soupir de désespoir :

« Tu peux pas juste manger et te contenter de me remercier, comme n’importe qui l’aurait fait ?

-Te méprends pas, je te suis reconnaissante.

-Ah bon ?

-Je précise juste que j’aurais pu m’en sortir seule, sans ton intervention.

-C’est pas ce qu’on aurait dit, tout à l’heure à la BU… »

A cette remarque, Inaya fronça les sourcils :

« C’était un cas exceptionnel ! Ce matin je me suis super bien débrouillée ! tenta-t-elle de se justifier.

-Ouais ouais, si tu le dis. Bref, envoie-moi la bouteille d’eau, tes jacassements m’ont donné soif.

-Quoi ? J’ai déjà bu dedans je te signale !

-Et alors ? C’est moi qui l’ai payée je te rappelle. »

La jeune fille resta sceptique. Elle finit tout de même par lui donner raison en lui envoyant la bouteille.

« MER-CI ! » ajouta Aaron, d’un ton ironique.

Alors que ce dernier s’apprêtait à boire, il s’arrêta net en croisant le regard insistant de son interlocutrice.

« Quoi encore ?! s’écria-t-il.

-Rien !

-Attends… Me dis pas que ça te dérange de boire dans la même bouteille qu’un gars ? »

Inaya acquiesça timidement.

« Purée elle me rend dingue… songea-t-il. C’est bon t’as gagné, je vais boire en wifi.

-Cool ! s’exclama-t-elle d’un air euphorique.

-Toi et ta fameuse misandrie… »

Il passa sa main dans ses cheveux, puis il dirigea l’eau vers ses lèvres :

« En attendant si j’avais pas été un gars, les folles de tout à l’heure t’auraient sûrement pas lâchée à l’heure qu’il est.

-Elles sont pas parties juste parce que t’étais un garçon, mais surtout parce que t’étais beau. » affirma alors Inaya spontanément, sans même réaliser ce qu’elle était en train de dire.

Sur ces mots, Aaron recracha immédiatement le contenu de la bouteille qu’il venait d’ingérer et manqua de s’étouffer.

« Aaah mais qu’est-ce que tu fais ! s’écria Inaya en reculant. Tu viens d’en mettre partout !

-Tu… tu viens de dire quoi là ? questionna le garçon, embarrassé, tout en tentant de reprendre son souffle.

-Hein ? »

L’esprit de la jeune fille se figea un instant afin de repenser à la conversation. Soudain, elle comprit la gravité des mots qu’elle venait de prononcer. Le rouge lui monta alors aux joues instantanément.

« Euh, elles sont pas parties parce qu’elles te trouvaient beau ! C’est ça que je disais ! Oh bordel quelle idiote je fais », songea-t-elle alors.

Aaron toussa pour tenter de masquer sa gêne, avant de finir par se relever.

« Bref, je dois y aller j’ai des trucs à faire.

-Ok ok…

-Désolé j’ai vidé la bouteille du coup. Tu veux que je t’en rachète une ?

-Non, c’est bon merci ! J’ai fini de manger, je vais y aller aussi.

-Ça marche, bon courage en tout cas.

-Merci, à toi aussi ! »

Il tourna alors les talons précipitamment.

« Punaise, j’aimais bien faire le malin à la taquiner sur mon physique, mais je pensais pas qu’elle pouvait exprimer de telles pensées aussi naturellement... Elle est vraiment trop étrange comme fille ! »

De son côté, Inaya demeura dans les escaliers quelques minutes supplémentaires, tout autant gênée.

« Je me déteste ! Maintenant c’est sûr qu’il va me prendre pour sa groupie… »

Après s’être abandonnée à ses pensées, elle finit par se ressaisir.

« Bon, j’y repenserai plus tard. Faut que je retourne bosser ! »

Elle retourna alors vers la bibliothèque, accompagnée d’une pointe d’appréhension, redoutant la réaction des étudiants après la fameuse scène à laquelle ils avaient pu assister.

En franchissant la porte de l’entrée, de nombreux regards intrigués se posèrent sur cette dernière.

« Oh la honte, ils doivent penser que je suis une débile qui sais pas faire son boulot… »

Alors qu’Inaya baissait la tête, honteuse, une horde d’applaudissements se fit entendre.

« Hein ? » fit-elle en la relevant.

Des étudiants se levèrent et se mirent à l’encercler autour de son bureau.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda-t-elle, déboussolée.

-On voulait te féliciter, s’exclama un étudiant.

-Hein ?

-Oui, franchement bravo ! ajouta sa camarade. Je suis désolée, j’ai pas osé intervenir par lâcheté… Mais toi, tu t’es pas dégonflée devant ces lycéennes !

-C’est clair, tu manques pas de courage.

-En plus, ces filles étaient complètement à côté de la plaque, continua un autre. Je sais même pas comment elles ont pu échapper à la surveillance du vigile ! »

Inaya resta sans voix. Sans même s’en rendre compte, elle avait suscité le respect et l’admiration de toutes ces personnes.

« Tout le monde… murmura-t-elle, émue. Merci… »

Tout en contenant des larmes d’émotions tant bien que mal, la dévalorisation qu’elle avait pu ressentir disparut automatiquement, la laissant reprendre confiance en elle plus déterminée que jamais à fournir un travail de qualité.

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