Chapitre 7

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A la suite de sa journée éprouvante, Inaya rentra chez elle.

« Je suis crevée ! s’écria-t-elle dans l’appartement.

-Oh, Inaya tu es rentrée, lui fit sa mère en lui adressant un sourire. Pourquoi tu es autant fatiguée ? »

La jeune fille s’arrêta un instant, avant de reprendre :

« Ah non, rien d’important t’inquiète pas ! Les cours comme d’habitude ! »

Elle n’avait pas informé ses parents de son nouveau travail, de peur de les inquiéter et de les faire culpabiliser davantage.

Après avoir discuté un peu avec sa mère, Inaya monta dans sa chambre.

« Vraiment, je pensais pas qu’un job c’était aussi usant ! » soupira-t-elle en s’allongeant sur son lit.

Elle ferma alors les yeux, s’abandonnant à ses pensées :

« N’empêche, Arya avait pas tort finalement… Cet Aaron, je crois que je l’ai jugé trop vite… »

Elle se tortilla de droite à gauche :

« Purée, j’ai été ingrate ! s’exclama-t-elle. Je sais pas pourquoi, mais je me sens redevable… Est-ce que je devrais lui offrir quelque chose en retour ? »

Inaya continua de se torturer mentalement pendant plusieurs minutes, avant de finir par se résigner :

« Bon, de toute façon j’ai pas d’idée et je suis crevée, termina-t-elle en installant sa couverture. Comme on dit, la nuit porte conseil ! »

Sur ces mots, elle s’endormit paisiblement pour récupérer de sa journée éreintante.

Le lendemain matin, Inaya se rendit à la faculté.

« Allez, c’est reparti pour une journée de boulot ! » songea-t-elle, euphorique.

En s’installant à son poste, localisé près des étagères, une idée lui vint en tête.

« Mais au pire, j’ai qu’à lui offrir un bouquin non ? Il passe son temps à lire après tout… »

L’étudiante s’arrêta un instant pour réfléchir :

« Le problème, c’est que je connais pas ses goûts… »

Alors qu’elle tournicotait sur sa chaise, son regard se posa sur l’ordinateur en face d’elle.

« Ok rectification en fait, je connais pas ses goûts mais je peux facilement accéder à son dossier d’emprunt à partir de l’ordi… » pensa-t-elle soudainement.

Inaya se reprit vivement :

« Non Inaya, tu peux pas faire ça ! C’est complètement contraire à l’éthique ! Et puis, si quelqu’un me voyait, j’aurais de sérieux problèmes… »

Elle s’affala sur son bureau, désespérée.

« En même temps, est-ce que j’ai une meilleure idée ? » songea-t-elle.

Après avoir ruminé quelques minutes, en vain, elle décida de reconsidérer l’option.

« Au pire c’est bon, ça me prendrait moins de cinq minutes… C’est pas la mort non plus ! »

Sur ces mots, Inaya dirigea spontanément sa main vers la souris près du clavier, tout en tremblotant légèrement.

« J’ai l’impression d’être une hors-la-loi… »

Malgré son appréhension, elle poursuivit l’opération et finit par accéder au fichier d’Aaron.

« Ok j’y suis » pensa-t-elle, à la fois réticente et excitée de braver les obligations.

En cliquant pour ouvrir l’onglet, la jeune fille s’étonna alors.

« Ouah, y a au moins une quinzaine de bouquins dans cette liste ! Je savais qu’il lisait beaucoup, mais là… »

A mesure qu’elle défilait la liste en question, Inaya en profita pour en apprendre davantage sur les intérêts que portait le garçon.

« Tiens, y a pas mal de livres qui traitent de géopolitique… Il doit être vachement cultivé ! » se dit-elle.

Elle continua d’énumérer le contenu du dossier, prise d’une curiosité qu’elle n’avait jusque-là jamais ressentie, lorsqu'un livre en particulier accapara son attention.

« No…notion de violence dans le droit pénal ? murmura-t-elle. Pourquoi est-ce qu’il lit ce genre de choses ?! »

En poursuivant, elle accrut malgré elle ses inquiétudes :

« Dépression et anxiété, quels remèdes pour lutter ? Mais pourquoi est-ce qu’il s’intéresse à ça ?! se demanda-t-elle alors, bouge-bée. »

Elle hocha la tête :

« Non Inaya, commence pas à t’imaginer des scénarios dignes de films ! Si ça se trouve, ça fait juste partie de sa nature curieuse… »

Elle se mit alors à tapoter son cuir chevelu avant de râler :

« Et voilà ce qu’on gagne à être trop curieuse ! Je peux m’en prendre qu’à moi-même ! »

La tension palpable, la jeune fille décida de passer à toute vitesse cette partie de la liste, qui semblait particulièrement intime, afin de revenir à son objectif de base.

Elle fut alors à nouveau interpellée :

« Tiens, ce livre aurait dû être rendu il y a plus d’un mois, pensa-t-elle en pointant du doigt un essai. Si jamais une autre bibliothécaire s’en aperçoit, elle risque de prendre des mesures drastiques… »

Inaya se mit à cogiter un instant :

« Et si...je changeais sa date d’emprunt pour pas le pénaliser ? »

Elle se ressaisit alors instantanément :

« Non Inaya ! Tu vas pas recommencer, c’est trop risqué cette fois ! »

Pourtant, sans même savoir pourquoi, une partie d’elle-même ne pouvait se résigner à rester là, sans rien faire, en laissant Aaron dans cette situation.

« Franchement, après tout ce qu’il a fait pour moi, je lui dois bien ça… songea-t-elle. Oh purée, je me reconnais vraiment plus, je suis en train de dépasser des limites que j’aurais jamais cru franchir ! »

Sur ces mots, Inaya modifia rapidement la date d’emprunt du garçon de deux semaines, lui laissant ainsi le temps de régler son retard sans qu’il ait à en subir les conséquences.

Cependant, au même moment, une de ses collègues de travail fit son apparition.

« Qu’est-ce que tu fais ?! s’exclama-t-elle, les yeux ronds.

-Hein ?! Euh rien ! rétorqua Inaya en fermant immédiatement le dossier d’Aaron.

-T’étais sur le dossier d’un étudiant ?! »

Le cœur de la jeune fille s’accéléra.

« Chut ! Moins fort ! réclama-t-elle.

-Réponds à la question alors !

-D’accord, j’avoue que j’étais sur le dossier d’un étudiant… soupira Inaya, s’avouant vaincue.

-Haha, j’en étais sûre ! s’exclama alors son interlocutrice. Je parie que c’était celui d’un gars qui te plaît !

-Quoi ?! »

Inaya vira au rouge.

« Mais n’importe quoi, qu’est-ce que tu racontes ! bafoua-t-elle.

-Regarde comment tu réagis haha ! Ose me dire qu’il te laisse indifférente… »

Elle ne tenta pas de se justifier davantage, laissant sa collègue loin de se douter de la vérité de cette histoire.

« Bon, en tout cas ne t’avise pas de le faire trop souvent. Si le patron apprenait ça, il péterait un câble !

-Merci pour l’avertissement… »

Sur ces mots, la collègue retourna à son poste qui se trouvait dans la salle d’à côté.

« J’ai eu la peur de ma vie… » s’écria Inaya en s’essuyant le front.

Le reste de la matinée se déroula sans encombre. La jeune fille accomplit ses tâches habituelles méticuleusement, lorsque la pause du midi arriva.

« Cette fois, pas question de rester le ventre vide ! »

Elle quitta son bureau pour aller se dénicher un repas à la cafétéria.

Durant l’absence d’Inaya, la collègue précédente rappliqua dans le poste de cette dernière.

Elle s’assit alors discrètement face à l’ordinateur, dont la session n’avait pas été fermée, afin d’accéder aux dossiers des étudiants.

« J’y suis… » songea-t-elle devant le fichier d’Aaron.

En descendant un peu la liste, elle trouva l’essai du garçon, accompagné d’une annotation.

« Tiens tiens, reprit-elle. J’en étais sûre, la date d’emprunt a été modifiée il y a quelques heures… »

Après avoir découvert cette information, elle se releva instantanément pour retourner à sa place.

Au même moment, Inaya revint de sa petite escapade, haletante.

« J’ai jamais couru aussi vite ! Je suis crevée ! »

Elle retourna à son tour à sa place en dévorant son repas, sans se douter de la moindre chose.

« N’empêche il a bon goût Aaron, ce sandwich au saumon est vraiment bon… »

La pause du midi achevée, l’après-midi pointa le bout de son nez hâtivement. Les premières heures se déroulèrent plutôt calmement, contrairement à la veille. Inaya en profita pour réviser.

« Je vais faire de la sociologie… »

Alors qu’un silence pesant régnait dans la bibliothèque, tout le monde étant concentré, une voix stridente et grave se fit soudainement entendre :

« INAYA ! » hurla un homme.

Cette dernière, plongée dans ses fiches, se releva vivement pour scruter son interlocuteur.

« Hein ? Le patron ?! »

L’homme en question était assez âgé. Il était doté d’un début de calvitie accompagnée d’une barbe et il portait une chemise à carreaux qui laissait entrevoir sa corpulence.

« Oui, monsieur ? reprit-elle, un peu mitigée.

-Toi et moi, on va avoir une discussion. »

Son ton ferme ne présageait visiblement rien de bon.

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