Mot de l'Auteur

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 Tom émergea d’une marée de poussière, un champ de vagues assoiffées qui avaient renversé son château comme un vulgaire radeau sur la mer. Alors qu’il reprenait son équilibre, aussi lourd et plombé que s’il était resté dans ce tombeau des mois durant, il se trouva de nouveau face aux éternelles plaines grises et à la profonde nuit des Oubliettes. Le vide autour de lui s’étendait aux quatre coins de l’infini : silence, solitude, angoisse et recommencement.

 Une personne se tenait toutefois là, à l’horizon, debout sur le désert du tome trois.

— Tu es coriace, concéda cette dernière en observant la résurrection de Tom.

— Qui êtes-vous ?

 La silhouette demeura muette un instant. Assez pour que le mot qui la contemplait en retour parvienne à deviner :

— Vous êtes l’aigrefin.

 Acquiescement. Tom bouillonnait :

— Pourquoi avez-vous infligé ce traitement à mon histoire ? Pourquoi venir tout ensevelir sous cette maudite poussière ?

— J’étais à sa recherche. Je sais qu’Elle est passée par là.

— Qui ?

— Celle que je poursuis.

 Tom demeura trop incrédule pour donner suite à ses questions. Il avait tellement anticipé ce qu’il allait dire à l’aigrefin, et maintenant qu’il se trouvait devant lui, devant le profond ennui qui émanait de son être, il se trouvait à court de répliques.

— Je veux retrouver la suite de mon récit, parvient-il à déclarer.

 C’était la vérité qui lui avait permis, tout ce temps, de trouver les forces pour franchir tant de distance à travers les Oubliettes. L’univers pouvait disparaître, encore et encore, mais ce phare serait toujours aussi lumineux. Il s’agissait de son point d’attache avec l’existence.

— Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, admit l’aigrefin. Il y a tellement de tomes, ici.

— À qui la faute ? Ils attendent tous que vous les sauviez.

— Je n’ai pas le temps. Je ne peux pas y parvenir sans Elle.

— Je ne sais pas de qui vous parlez, à la fin.

 La silhouette de l’aigrefin secoua son visage de satellite.

— Tu as franchi le Blocage de ce tome, concéda-t-il. Mais, tu vois, ce n’est pas parce que tu as su briser la glace que tu ne vas pas devoir ramer.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Qu’il ne faut pas que tu comptes sur le ciel pour te donner les vents. Si tu souhaites survivre ici, fais-le toi-même.

— C’est votre message ? Après tout ce que nous avons enduré à cause de v…

— SILENCE !

 Et le silence fut.

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