Chapitre 1 : Les jours heureux

4 minutes de lecture

Lorsque j'y pense, je n'ai jamais demandé d'aide. Je peux donc me vanter d'en être là où j'en suis sans la main secourable de quiconque. J'aurais pu faire les choses autrement et l'issue aurait été différente. Aujourd'hui, alors que je me trouve aux portes de la mort, je ne cesse d'imaginer comment aurait été ma vie si j'avais fait autrement. Pourtant, si vous saviez à quel point j'ai hésité... Hésité à partager mes secrets avec quelqu'un au risque de passer pour une folle. J'ai résisté à la tentation de dévoiler mon histoire, effrayée, comme toujours, d'être considérée comme un élément anormal d'une société qui suit un même modèle d'existence, de la naissance à la mort.

Je dois être la seule personne encore vivante dans le bâtiment. D'une certaine façon, cela me permet de mieux me concentrer pour vous raconter mon histoire. Après tout, si vous avez trouvé ces feuilles et que vous lisez ceci, c'est pour mieux me comprendre ; non ? C'est peut-être pour vous le seul moyen de saisir les enjeux qui se dressent entre moi et la normalité. Mais, peu importe ce que vous vous dîtes à cet instant. Comment cette histoire va se terminer ? Que vais-je devenir ? Qu'allez-vous penser de moi ? Tant de futilités alors que le seul élément à retenir ici est ma mort imminente.

Oui, vous avez bien lu. Ma mort imminente.

Ce n'est pas comme si vous n'étiez pas prévenus. Je vous fais d'ores et déjà la promesse de ne (presque) pas vous induire en erreur. En effet, je tiens à ce que mon récit ne soit pas une expérience trop traumatisante pour vous. Et, comme il faut bien commencer par quelque chose, j'ai pris l'initiative de vous dévoiler comment j'étais avant. Si cela vous intéresse, je vais me décrire. Alors, prenez également un stylo ou contentez-vous de mémoriser mes traits. Sait-on jamais, peut-être que mon visage va vous paraître familier. Moi, jeune adolescente naïve de 17 ans, s'armant de courage lorsque je souhaite m'impliquer dans des jeux dangereux, ayant pour mauvaise habitude de chercher constamment à prouver que les gens ont tort, inventive pour chercher les ennuis.

Jusque-là, vous êtes averti sur ma personnalité banale au possible. Soyez honnêtes, j'en suis sûr que vous en avez déjà côtoyé pas mal des personnes comme moi. Peut-être même que vous vous retrouvez dans cette brève description... Passons désormais au côté physique. Ici encore, il me semble que mes attributs rejoignent ceux des nombreuses personnes que vous pouvez croiser chaque jour, sans y prêter attention. J'ai les cheveux roux, les yeux verts et les mensurations d'une adolescente de 17 ans, ni plus (à mon grand regret, je n'ai pas un décolleté vertigineux), ni moins.

J'écoute beaucoup de sons. Quand je parle de "sons" cela n'a rien à voir avec le rock, la pop, le rap, ... non, rien de tout cela : je préfère polluer mes pensées avec un son répété et addictif. Un par jour, jamais le même les jours suivants. Les écouteurs branchés à mon portable, je glisse les embouts roses dans chaque oreille et j'écoute aléatoirement mes musiques. Il y a quelques jours, j'appréciais le son mélodieux d'une tempête, ignorant la chaleur étouffante de l'été pour me concentrer sur les inquiétantes bourrasques qui se répétaient en écho dans ma tête jusqu'à m'accorder quelques frissons d'angoisse. Ce matin, j'écoutais la pluie. Le clapotis des gouttes s'écrasant par terre avait tendance à me rassurer et, ces derniers jours, il s'était avéré être le seul remède à la dépression qui menaçait de m'envahir. Ce soir cependant, je n'aspire qu'à entendre du silence, les battements excessivement lents de mon cœur accompagnant le chaos qui m'entoure. Les premières failles apparaissent alors que je m'apprête à commettre une nouvelle erreur. Aurore, c'est ainsi que je m'appelle. Mon prénom n'est pas issu d'un esprit romantique, mais plutôt d'un choix hasardeux de mes parents alors qu'ils prenaient peu à peu conscience qu'ils allaient devoir m'élever sans ...

Aurore s'arrêta d'écrire. Dans les étages supérieurs du bâtiment, une explosion retenti ce qui la fit sursauter. Heureusement, l'impact s'était contenté d'endommager une partie du bâtiment sans l'atteindre totalement. Elle ne ressenti que de vagues vibrations et frisonna en écoutant le bruit des fenêtres qui explosent. Un nuage de poussière apparaissait au bout du couloir et fit éparpiller ses feuilles autour d'elle. Quelqu'un était là et s'approchait de sa position. La jeune femme qui se pensait seule dans le bâtiment se redressa. Elle chercha des yeux le coupable de cette attaque et le distingua enfin. L'inconnu qui la traquait sans relâche avait désormais un visage. Les trois jours de répit qu'on lui avait accordé prenaient fin alors qu'elle luttait pour dissimuler sa peur devant son bourreau qui voulait prendre sa vie. L'homme avança vers elle, le regard glacial, brandissant une lame en sa direction. Elle observa son visage, se forçant à mémoriser chacun de ses traits et lui offrit un grand sourire, soulagée que la mort accepte de la recueillir.

Annotations

Vous aimez lire Sonia451 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0