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Tiens!

Et si j'allais faire un tour dans le hall? Ca m'occupera.

Voir les tronches de mes nouveaux voisins. Que voilà une saine occupation.

Surtout que depuis mon emménagement, j'ai encore croisé personne.

C'est pas bizarre, quand on me connait.

Je peux rester des semaines entières sans voir personne.

A part mon singe.

Mais c'est bizarre quand-même.

J'entends aucun bruit.

Aucun son.

Pas de bébé qui pleure. Pas de mégère qui casse la vaisselle. Pas de brute épaisse à brailler. Pas de clébards qui aboient juste pour faire chier. Pas de branleurs qui pissent sur ma porte. Pas de concierge dans l'escalier.

Jamais.

Et pourtant, c'est propre.

C'est pas compliqué, j'ai jamais vu un immeuble aussi propre.

Qui fait le ménage, ici?

Le hall est vide.

Evidemment.

Je rode autour des boites-aux-lettres.

J'y reste un moment, au cas où.

Comme rien ne bouge, j'opte pour une exploration plus approfondie.

Celle des étages.

Je me les fade tous.

Rien de rien.

Un néant dans le vide.

Même en collant l'oreille aux portes.

Je suis poursuivi par le vide. Il se contente plus de me rire au nez, maintenant.

Il me suit à la trace.

C'est une course à l'échalotte.

Je cours après le temps, et le vide me court après.

De très près, même.

Je sens son souffle putride me pourrir la nuque.

J'arrête là mes investigations d'explorateur.

J'accepte.

Je suis prêt à recevoir tous les vides.

Le cosmique, l'abyssale, l'absolu, le sidéral, le sans nom. Et ceux que je connais pas.

Pas encore.

Je serai l'Ulysse qui franchira cet océan d'abîme.

Je serai la pierre angulaire d'une pensée céleste qui guidera mes pas.

Et quand le moment viendra, je ne me demanderai plus pour qui sonne le glas.

Le vide n'a qu'à bien se tenir.

J'arrive.

De toute façon, il peut ricaner tant qu'il veut, le cosmique.

Je reste stoïque.

Mais ce vide qui semble régner dans ma tour me laisse perplexe.

Je me sens pris par un doute.

Et je me dois de vérifier.

Rapidement.

Soit je défonce les portes, soit je me fabrique un sésame.

C'est pas mon truc, la fabrication de sésames.

C'est là le hic.

Mais faut tenter.

Bien que l'essai ne m'intéresse pas.

Je fais ou je fais pas. Ceux qui se contentent d'un "il faudrait que" ou "je vais essayer" sont des losers.

Et on va pas se laisser emmerder par la lose.

Merde alors!

Pas d'essai. Je ferai un sésame et toutes les portes me seront ouvertes.

Et le vide me livrera ses secrets.

Ou pas.

Bon sang!

Je suis à cran, là.

Remonté à bloc. La mèche au vent. Et le vent mauvais.

C'est pas bon signe.

C'est pas craignos non plus.

Vaut mieux ça que l'inverse.

Je suis pas du genre à me planquer sous les meubles, moi.

Mon singe fait des bonds d'énergumène.

Et ça tombe bien.

J'aime bien les énergumènes.

Les excités du ciboulot. Les frapadingues révoltés. Les huluberlus de la marge.

Les propres sur eux sont médisants.

Ils aiment pas les odeurs mais ça les empêche pas de lécher des culs.

Mon singe viendra peut-être te chercher des poux. Surtout si tu l'énerves. Mais il se laissera pas tondre comme un mougeon.

Panurge lui, pas connaitre.

Il ira pas rejoindre le troupeau des aliénés de masse.

Quand tout ce bordel ne sera plus que poussière, lui il sera dans les arbres. Avec l'horizon comme unique fortune.

Et le nouveau monde dans ses mains de primate.

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