9

2 minutes de lecture

La dernière fois que j'ai été fier de moi comme ça, ça remonte à... Je sais plus. Ca cafouille un peu dans ma pauvre tête.

Mais j'étais fier. Et pas qu'un peu.

Mon premier combat dans l'éther.

Ma première victoire.

Fier.

Au point de fêter ça.

Je me suis trimballé de pièce en pièce.

De vodka en vodka.

De miroir en miroir.

En bombant le torse.

J'imprimais sur mon corps la victoire de l'esprit. Le mien.

A lui de capter le message.

Loin de moi l'idée de frimer. Mais le vide ne m'intéressait plus. J'étais bien trop accaparé. Par moi. Moi moi moi!

Ca comble un vide, le moi. Y a pas à dire.

J'ai fait une crise de nombrilisme.

Tout seul dans ma piaule.

Enorme fierté!

Le ciel entier a entendu mon ode.

Gloire à moi!

Hé grand-Tout! vient ouîr ma gloiramoa!

Ca se danse comme la lambada mais en plus glamour.

T'as aimé la lambada, Grand-tout?

Tu vas kiffé ma gloiramoa!

Elle a comme un coté tribal.

Mais en nettement plus con.

Militariste.

Tu bombes le torse en faisant des pas haltiers.

La tête haute.

L'air satisfait.

Ha ben oui. Si t'as pas l'air satisfait en faisant les pas, ça marche pas.

Ca fait danse des canards.

Voilà! Comme ça!

La classe!

Faut pas se mentir.

Je suis un génie.

Modeste. Mais génie quand même.

Mais bon. L'euphorie, ça dure pas.

C'est en passant les portes que j'ai pigé.

Que tout avait une fin.

Qu'il fallait dégonfler.

Et atterrir.

La terre.

Humus.

Humilité.

Les racines au carré.

Plus l'infini dans les étoiles

Egal la tête à Toto.

La bulle.

Retour dans le rien.

Dans le néant des mort-nés.

Les petits lutins froids.

Je retourne patauger dans l'effroi.

Je retourne me cogner dans les murs.

De mes lamentations pathétiques.

De psychopate.

Fou d'amour.

A m'ennivrer de cyanure.

A retourner le couteau dans la fange.

A suivre les points de suture.

Et continuer ma route.

Comme un chemin de croix.

Une blessure.

Qui serpente dans les airs...

J'arrive mon ange.

Ma tendresse d'âme errante.

Le vide... Et moi.

Moi dans le vide.

Le vide en moi.

Et inversement.

Le singe s'occupe de lui-même.

Il s'épouille.

Je contemple le rien.

Sans rien attendre d'autre que du rien.

Je n'attends rien.

Je ne creuse rien.

Je contemple.

Le rien comble le vide.

Suffit d'un rien.

Un rien seulement, pour que se bâtisse le palais de Salammbô.

Moi je suis plutôt branché manoir.

Question d'ambiance.

Le colimaçon est mon no man's land.

Où tout peut arriver.

Où tout finit par arriver.

A l'abri des incrédules.

On doute pas, dans mon royaume.

La foi est unique. Imposée.

Je me féodalise.

Je m'impose la monogamie.

Je pourfends le monomaniaque.

Je protège ma veuve. Et mes orphelines.

Chevalier de l'ordre du colimaçon.

Gardien de la vérité.

Ma vérité.

Et pour ma majesté le roi, je me battrai jusqu'au dernier.

Voilà.

Je suis le roi des nèfles.

Et des déserts.

Je suis le roi des borgnes.

A l'intérieur. Quelque part.

Tout au fond de moi.

J'ai un escalier en colimaçon.

Peut-être qu'un jour je m'y perdrai.

Mais ça m'étonnerait.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Michel Dulac ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0