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Face à l'inconnu, faut opter pour le courage.

Faut faire face.

Faire face et rien d'autre.

Adopter la désinvolture.

Faire fi des ricanements.

Adopter la courbure pour mieux creuser.

Faire face pour mieux la sauver.

La farce.

Et pourtant.

pourtant, mieux vaut un vide qu'on connait qu'un inconnu qu'on connait pas.

C'est dangereux, l'inconnu.

Faut s'en méfier.

On nous serine ça depuis tout petit.

C'est que ça doit être vrai.

"T'approche pas de l'inconnu et remet ce vide à sa place."

De toute façon, qu'on soit d'accord ou pas, ça change rien.

Faut quand même faire son trou.

Bien que certains préfèrent creuser des fosses.

Ils voient les choses en grand, ceux-là.

Puis ils ont le sens du partage.

Faut admettre.

Ils mettent leurs fosses en commun.

Et du haut de leurs charniers, ils nous vendent le plaisir.

Le plaisir!

Et nous, ahuris hébétés que nous sommes.

Affolés. Aux abois. Accros aux branlettes promotionnées.

Accros à la peur.

On l'achète, leur plaisir.

Ca parait con, comme ça.

Tant qu'on pourrait se poser des questions.

On pourrait se demander comment ça a commencé. Par exemple.

On pourrait.

Qui a creuser le premier trou?

Qui tenait le fusil?

Des questions pertinentes.

On pourrait s'en poser plein. A s'en faire exploser le citron.

Ou alors.

Ou alors on peut s'en foutre.

Ignorer l'inconnu.

Le snober.

Ca l'empèchera pas de ricaner mais moi je peux ricaner plus fort, s'il le faut.

Pas toi?

Je peux ricaner comme un brave, jusqu'au bout!

Sans peur, aucune.

Plus fort que Bayard.

Un ricanement sans merci.

Mais l'inconnu a les dents longues.

Surtout en ces temps troubles.

De merde.

Il en profite, l'inconnu.

Il devient plus fort que jamais.

Un inconnu dans toute sa splendeur.

Magnifique et terrifiant!

Allez chevalier! Du jarret! Sus à l'inconnu ricaneur!

Bref! Tu vois un peu la mélasse.

Vraiment. Vaut mieux un bon vide bien de chez nous qu'un inconnu qui vient d'on sait pas où.

Et ces salauds en blouse blanche qui balancent que le vide n'existe pas.

Comme ça.

Sans prévenir.

T'imagines la gravité d'une telle information?

Je les emmerde, moi, les scienteux de mes deux!

Toucheront pas à mon vide!

Et qu'ils foutent la paix au cosmique!

Ca l'agace, quand on vient le chatouiller. Je sens bien que ça l'agace.

Et les cravateux qu'en profitent.

Qui nous déversent leurs discours mornes. Vides de sens. Emplis de haine et de mépris.

Ils nous prennent vraiment pour des cons.

Et le temps alors. On en fait quoi?

Parce-que bon. Ok. Le vide n'existe pas. Mais le temps? Il est relatif, non?

Enfin, c'est ce qu'on nous raconte.

Encore une arnaque en blouse blanche.

On se fout vraiment de nous, là.

Et à la face du monde, en plus!

Et ça me fait pas marrer!

C'est pas la rate, qui se dilate.

C'est le vide.

Et le temps, lui, il se contracte.

De vrais conspirateurs, tous les deux.

D'un coté, t'es tout serré à cause du vide qui prend sa place.

De l'autre, t'es tout comprimé à cause le temps qui se contracte.

Serrez!

Serrez les ceintures!

Asphixie collective.

Plongée dans l'infini du vide.

L'implosion finale.

Celle qui mettra tout le beau monde d'accord.

Même l'autre qu'est moins beau.

Une Implosion à l'unisson.

Tous unis sur un nouveau chemin.

Guidés. Allumés. Illuminés!

L'humanité en pleine conscience!

Reliée à l'infini!

Seulement, en attendant , l'étau se resserre.

On commence à s'en rendre compte, non?

Si! Quand on s'éloigne des fadaises, on s'en rend compte.

Alors qu'est-ce qu'ils viennent nous encrapouiller le mou, avec leurs micro particules cosmiques, ces facheux des labos?

Le bon sens populaire est sans appel.

"Dieu! Que la terre est basse!"

Voilà ce qu'il dit, le bon sens populaire.

Va falloir m'expliquer pourquoi elle serait basse, la terre, s'il y avait pas le vide.

Et pourquoi on s'en plaindrait! Puisqu'il y aurait les micro-particules pour nous soutenir! Alors!? Elles sont où, messieurs les savants, vos micro-particules?

La terre est basse et le bon peuple se casse le dos!

Ha ! Messieurs les grosses têtes! Vous restez coîs, là! Votre silence sournois en dit long. Il souligne le vide de votre prétendue science.

La science pour les abrutis, oui.

La science pour les pâturages.

"Le vide n'existe pas!"

Bêêê! Bêêê!

"Le temps est relatif!"

Rebêêê! Rebêêê!

Du vent, tout ça!

Allez! je vous en veux pas, hein!

vous avez essayé. Mais avec moi, ça prend pas.

Je suis pas né du dernier déluge, moi.

voilà!

Un petit coup de gueule et hop! On se retrouve dans le vide.

Ce bon vieux vide qu'on connait bien.

J'ai toujours le vertige mais c'est mon vertige à moi.

Je me sens chez moi.

Ceci dit, faut bien l'avouer.

Et je l'avoue.

Sans la torpeur, j'aurais opté pour les hauteurs .

J'aurais squatté un sommet.

Loin de tout.

Tres loin.

Face au vide, mais libéré.

Un vrai duel à mort.

Un jeu de la barbichette

Gare à celui qui ricanera le premier.

Je te dis pas la torgnole.

Possible que là-haut, le temps aurait eu moins d'emprise.

Il pourrait se rétamer sur les pentes enneigées.

Et me foutre un peu la paix.

Tic Tac Tic Tac Tic Tac...

Au sommet d'une montagne, tout doit paraitre tellement plus intense.

Avec l'abime abyssale à perte de vue.

L'éternelle chute du déchu déçu.

Un pied gauche malencontreux et hop! Terminus! Tout le monde descend!

Et toujours pas de micro-particules à la con pour retenir quoi que ce soit.

Se trouver au sommet.

Se confronter à sa peur sans la craindre.

Ca m'aurait plu.

Ca oui.

Mais je peux pas.

J'ai le vertige.

C'est pas moi qui ira chatouiller le vide.

Je le contemple à ras le sol, moi.

Je suis pour l'horizon plat. Tres lointain. Un horizon qui inspire. De très très longs voyages. Avec les sirènes.

Avec des trépidances épiques.

Bateau-ivre à tribord!

Pirates à babord!

J'aurai été mutiné, galérien, légionnaire, pêcheur.

Paumé dans un lointain aquatique.

Je pêcherai des perles roses.

Pour l'érotisme.

Les ricanements cosmiques pourraient aller se faire foutre.

Le sirrocco me soufflerait dans les voiles.

Je serai ailleurs.

Loin.

Je verrai le temps faire des ricochets.

Au-delà.

De tout.

Et je m'en foutrai.

De tout.

Mais le temps est un boomerang.

On peut pas sempiternellement s'en foutre.

Il revient toujours.

C'est foutu.

Sans issue.

Et faut payer l'impasse.

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