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Bien sur que ça a fait du chambard.

Au départ, tout allait nickel. J'assénais le mur maudit, mu par une colère sismique.

Hurlant comme un possédé.

Le torse nu.

Viril comme un gladiateur.

Et mes connards de voisins étaient pas là pour m'emmerder.

Le bonheur total.

L'extase aux firmaments.

Mais ils ont finit par rentrer, les voisins.

C'est pour ça, qu'y a eu du chambard.

Parait que j'étais forcené.

C'est l'autre pétasse qu'a raconté ça.

Aux flics.

La salope!

Elle le paiera.

On m'a relogé.

On m'a fait promettre de ne plus recommencer.

J'ai promis.

La main droite sur le book.

Juré craché. Que j'aille en enfer si je mens.

Alors on m'a relogé.

Ca m'avait fait un bien fou d'avoir abattu cette cloison.

Même si pour moi, c'est le bâtiment entier, qu'il fallait détruire.

Il suintait la corruption.

N'empêche que depuis, J'ai la conscience qui s'élastise.

Les neurones n'empruntent plus les mêmes chemins.

Ca me fait comme des fulgurances dans ma boite neurolistique.

Ca m'électrise.

Maintenant je sais.

Le vide n'existe pas.

On croit, nous, qu'il existe. Mais en fait, non.

C'est une vue de l'esprit.

D'un point de vue rigoureusement scientifique, le vide est plein. Plein de myriades de micro-particules cosmiques.

Et nous, cons qu'on est, on les voit pas.

Alors on décrète que le vide est vide.

Mais c'est faux. Bidon. Complètement. Point de vide. Cochon qui s'en dénie.

Donc point de vide cosmique non plus. Ni de vide astral. Ni de grand maître du vide.

Et si ça se trouve, mon propre vide à moi est bidon aussi.

La malédiction du plein de vide qui ne l'est pas.

Faux et usage de faux.

Abus de conscience.

Mais alors... Qui ricane?

Toi, je te vois venir mais tu te gourres.

Je les invente pas, ces ricanements.

Je sais faire le distingo, quand même.

Je suis pas cinglé, moi.

Tiens, regarde.

Je me ricane au nez, tellement je suis pas cinglé.

Là, voilà. Je ricane.

Et je reconnais bien mes ricanements.

Mais ceux là, là, ils sont pas de moi.

C'est un autre qui ricane dans mon dos.

Alors qu'il pourrait faire ça ailleurs.

Dans le dos d'un étranger.

Par exemple.

Vacherie!

Je suis plus chez moi, en moi!

On va pas laisser les autres nous oter les ricanaments de la bouche sans rien faire, quand même!

Bon.

Et si c'est pas le vide, c'est quoi?

Une autre entourloupe galactique?

L'équation est faussée, là.

Si y a pas de vide, ne reste alors que l'inconnu.

Un inconnu cosmique qui me ricane dans le dos.

Du coup, je trouve ça nettement plus inquiétant.

Sans compter qu'en plus, j'ai le vertige.

Jusque-là, c'était l'alibi parfait.

L' impunité totale.

Imparable.

"C'est pas ma faute, votre honneur. J'ai le vertige".

Et maintenant, il me reste quoi?

Puisque j'ai plus le vide qui m'alibise.

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