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Des années ont passées.

C'est long, des années, parait-il.

Moi j'ai rien vu. Ou si peu.

Le temps est passé sans moi.

J'ignore comment.

J'ai du glisser dans un grand trou. Ou me prendre le pied quelque-part. Une fissure, une blessure mal refermée, une amnésie volontaire, un truc moche et bien planqué.

C'est possible.

Puis merde! J'en sais rien.

J'ai du poser des pointillés là où il fallait pas.

Et du coup, je me reprends là où je me suis laissé mais à des années plus tard.

Point.

A la ligne.

Alors voilà.

Te raconter ce que j'ai pu vivre pendant ces années ne m'interesse pas. Le néant, ça se raconte pas.

En quoi j'ai changé, par contre. Sur quoi j'ai bien pu évoluer, ça, c'est déjà plus intéressant. Si si.

Hum!

Tout compte-fait, à bien y reflechir, et le souffle de l'engouement passé... Je ne vois pas grand-chose à raconter non plus.

Non.

Rien à signaler.

Ha si! Quand -même! J'ai failli oublier.

J'ai changé le papier-peint

Celui de la chambre.

Oui, je sais. Ca peut paraitre bête, comme ça, mais pas du tout, en fait.

L'ancien faisait dans le tartan.

Un motif écossais de toute beauté.

Avec des lignes qui se croisaient, se recroisaient, en de superbes parrallèles.

De façon parfaite.

Absolument. La perfection de la parallèle s'étalait sur mes murs. Et j'adorais les contempler. Ca m'apaisait.

Jusqu'au soir où...

Jusqu'au soir où je me suis rendu compte, que les parallèles du tartan sur le mur de droite, coté lit, n'arrivaient plus tout-à-fait parrallèles arrivées à l'angle.

Tu me suis?

D'un pas grand chose, hein!

Au départ, je n'y avais pas prêté attention.

J'ai mis ça sur le compte de la fatigue. Errance des sens. Hallucination cognitive

Mais l'impression persistait.

Et le doute a fait place à l'évidence.

Une imperfection s'était glissée dans la perfection.

L'horrible prise de conscience.

La perfection était devenue faillible!.. Un monde s'écroulait.

J'en avais perdu le sommeil.

A qui, à quoi faire confiance, dorénavant? Même la perfection n'était pas parfaite.

Le baiser de Judas.

La trahison de la parrallèle convergente.

Et peu à peu, je me suis senti happé par un trouble indiscible.

Trompé par le papier peint du mur droit de la chambre.

Coté lit.

D'habitude, c'est dans mon jardin, où je passe les nuits.

Faut descendre l'escalier.

Un escalier en colimaçon.

A l'ancienne

Y a que les ombres, pour t'éclairer.

Vaut mieux pour toi que tu saches pourquoi tu le descends, cet escalier. Et que tu sois muni de ta lanterne.

Bref.

Un escalier en colimaçon.

En bas, il y a un jardin.

Pas énorme mais sympa, quand même.

Et au bout de ce jardin, il y a cimetière.

Chaque tombe scelle un souvenir. Repoussé, renié par mon conscient.

Un pragmatisme bien ordonné.

Enfin. Ca, c'est quand ça baigne.

Je descends l'escalier et je batifole dans mon jardin souterrain.

Jamais dans le cimetière.

Je ne m'en occupe pas.

Hortense le fait pour moi.

D'habitude, c'est comme ça que ça se passe.

Sauf que là, c'était pas comme d'habitude.

J'avais mis le pied dans un vortex de vide temporel.

Et pire que tout: imparfait!!

Ha le maudit! L'ignome! L'infâme félon!

N'ai je donc dormi que pour cette insomnie?

Et attends!

Voilà le plus beau!

Pensant naïvement que la défaillance venait du papier peint, par une nuit de bon sens, j'ai entrepris de l'éradiquer.

Sauvagement.

A l'arrache.

En commençant par là où ça déconne.

conjurer le mauvais sort. La croix et la bannière! On n'oublie pas les goupillons! La bête doit mourir! Hardis, camarades! ...

Et puis d'un coup... Je sais pas...Une intuition... Une putain d'intuition.

Et si c'était pas le motif, le fautif?

Inimaginable!

J'osais pas y croire.

pourtant.

J'ai trois fils à plomb, chez moi. Dont un pour tapissier.

Facile à vérifier.

La vérité finira par éclater! Que je me disais je.

Ho que oui, elle a éclaté, la vérité

Le mur.

C'était lui le traitre.

Ha j'étais beau, à arracher un pauvre papier peint innocent.

j'étais beau, à décimer des parallèles droites, pures comme la justice.

Alors que le responsable, ce làche, se planquait derrière.

Consterné j'étais, par cette insoutenable aberration.

Fallait réagir.

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