Séraphine

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Jolien avait éloigné une mèche échappée de ses tresses. Il était tout près maintenant, ses grands yeux verts à peine troublés. Sa respiration humide contre sa joue.

- Madame ?

C’était plus un susurre, destiné uniquement à son oreille gauche. Elle eut un frisson.

La grande tapisserie sur le mur à côté vacilla, celui-ci était là et il n’était pas encore là. Séraphine sourit amèrement à la superposition de ce passé inconnu sur son présent. Le château bougeait légèrement avec elle, présent, passé, Jolien.

Le double vertige, celui du temps qui s’emmêlait dans sa vie, et celui de sa présence à quelques centimètres de sa peau. Il lui suffisait de pencher légèrement la tête pour sombrer. Croire encore qu’elle pourrait réparer ce que le mage avait profondément changé. Tarir cette soif de pouvoir cachée au fond de ses pupilles…

Jolien lui déposa un baiser symbolique sur le velours de son gant blanc.

- Je suis obligé de me retirer, dit-il plus fort cette fois et s’inclina.

Berthe était entrée avec un cliquetis d’argent à ses chevilles. Il sortit sans un bruit, penché dans une fausse révérence jusqu’à la porte.

Derrière lui, il avait laissé un parfum de santal et bois de pin qui l’enivrait. Séraphine ferma les yeux, le vertige était toujours là, imprimé à quelques centimètres de sa joue gauche.

Il jouait un double jeu. Elle le laissait faire.

Il était le chasseur et elle, la proie tant convoitée, mais quel sens pouvait avoir ce jeu maintenant que le mal était fait ? Maintenant que le temps avait tourné tant de fois dans son lit ? Que personne n’était plus celui qui devait être ?

Que derrière lui, comme des ombres attendant la tombée de la nuit, des chasseurs s’étaient mis à traquer le pouvoir de D’Arboras ?

Était-il là pour tuer Séraphine ?

Eveline ouvra les yeux la respiration lourde. Le pouls s’était accéléré d’un coup pendant son sommeil la réveillant avec cette dernière phrase. Alicia était-elle ici pour essayer de la tuer elle ?

Elle se retourna sans trop comprendre où elle était. Elle s’était endormie habillée, se leva maladroitement et heurta la chaise.

La rue dehors était à peine illuminée, fantomatique sous les arbres. Il lui fallut un moment pour la reconnaître. Elle appuya la tête sur la vitre froide et tout lui revint.

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