Chapitre 1: Je m'appelle...

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Mon histoire... Par où commencer ? J'aurais bien voulu vous raconter tout directement mais cela vous laissera dans l'ignorance totale avec un bon nombre de question, et vous allez vite vous en lasser.

Je vous raconterai tout dans les moindres détails sur mon vécu. Je me sentais obligée de l'écrire. J'aurais aimée vous parler directement de mon enfance, de mes parents, de mes frères et sœurs ou même d'où je viens. Mais je préfère commencer par cette nuit-là, où je me suis réveillée sur une barque de pêcheur en bois, vraiment mal en point. Des blessures me recouvraient de la tête au pied, un mal de crâne qui me clouait les mains sur ma tête et un vieux sac de pomme de terre qui me servait de vêtements. Et vu le temps qu'il faisait, j'ai encore du mal à croire comment j'ai pu survivre à cette tempête ce soir-là, en pleine mer.

Bref, comme vous, je ne connaissais pas mon histoire. Juste mon prénom, rien de plus. Le comble pour une personne qui possède une mémoire à eidétique. Je souffrais d'une sorte d'amnésie sur une grande partie de ma vie.

J'avais juste une envie, c'était qu'une de ces puissantes vagues détruise cette fichue barque et que la mort vienne me chercher. Je n'en pouvais plus de ce mal de tête. Et les retentissements de cette cloche accrochée à l'avant n'arrangeaient pas les choses. Cette traversée était interminable, je priais dieu pour qu'il arrête ce bateau. Mais rien à faire, cela continuait pendant des heures jusqu'au moment où j'eus la bonne idée de me lever. Là, j'eus la chance de voir une île à l'horizon, plutôt proche même. Mais l'agitation des vagues était tellement intense, qu'elle me fit perdre l'équilibre et m'assomma à l'arrière de la barque. "Une bonne idée ?" me diriez-vous. Car cela écourta ma traversée. À ce moment-là, juste avant de perdre connaissance, j'ai pu entendre un son qui ressemblait à une alerte. Ma vision s'effaçait petit à petit mais j'étais sûre et certaine qu'une ombre est apparue à ma droite. Après cela, le noir total.

Je pensais être morte. Mais peu à peu, des images sont apparues , dans lesquelles je m'amusais avec deux garçons dans un grand jardin. Nous courions sans nous arrêter. Cette joie, mon sourire, cette chaleur... c'était une sensation très agréable, le paradis quoi. Mais impossible de me rappeler qui étaient ces deux garçons. Cela ne m'empêchait guère de continuer à m'amuser jusqu'à ce que cette voix surgisse de nulle part.

 - Jeune fille, jeune fille...

Je m'arrêtai et vis les deux garçons se retourner vivement vers moi. Ces images changèrent rapidement et prirent une autre tournure. Je me retrouvai dans un cauchemar, enchaînée dans une sorte de cave sombre et lugubre. Les deux garçons avec qui je m'amusais se tenaient toujours devant moi mais munis cette fois de bâtons. Pourquoi cette joie que je ressentais s'est transformée en peur ? Une autre voix surgit de nouveau, et je sentis au fond de mon cœur qu'elle voulait me faire passer un message.

 -Ferme les yeux, et ne pense rien d'autre...

J'ignore pourquoi, mais j'exécutai ce qu'elle me dit de faire et me suis retrouvée dans le noir complet, comme le néant. Que m'arrivait-il exactement ? Tout cela s'expliqua par la lumière éblouissante apparue juste devant moi. Mes jambes avancèrent seules vers celle ci, me faisant atterrir dans une maison, logée dans un lit.

À ce moment-là, je compris que je venais de rêver .

 - Tu es enfin réveillée.

Je me tournai vers cette personne qui était assise sur une chaise à bascule. C'était un vieux, rien de plus normal qui se balançait d'avant en arrière. Mais qu'est-ce que sa chaise grinçait ! Aucun mot ne sortit de ma bouche. Je n'arrivai pas à comprendre comment j'avais pu atterrir sur ce lit assez confortable alors qu'une quinzaine de minutes auparavant, je me trouvais sur cette maudite barque...

Mes blessures fûrent recouvertes de bandage et ce mal de tête fit complètement disparu.

 -Je me suis inquiété de ton état quand on t'a ramené chez moi. Tu es restée inconsciente six jours, m'annonça-t-il.

Six jours me suis-je dis dans ma tête... je n'arrivai pas à y croire. L'angoisse, la peur, la sensation d'être différente des autres me faisaient trembler de partout.

 - Comment t'appelles-tu ? Me posa-t-il.

Même une question aussi simple, je n'arrivai pas à y répondre. Je ne me sentai pas à l'aise face à cette nouvelle situation.

 - Si tu n'en as pas la force, tu n'es pas obligée de répondre.

Me dit-il avec un grand sourire.

 - Je t'ai apporté de quoi te restaurer sur ta gauche. Repose-toi et rejoins-moi dehors quand tu te sentiras mieux. Prend ton temps. Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te manger.

Me proposa-t-il avant de sortir de la pièce.

Me retrouvant seule, je regardai tout autour de moi. On aurait dit que toute la maison était réunie dans une seule pièce. Cuisine, salle à manger, chambre... tout y était. Mise à part la salle de bain.
Il y avait trop de questions dans ma tête. Qui était cette personne ? Où étais-je ? Et à qui appartenait cette voix qui m'a aidée dans ce rêve ? Je devais découvrir cela. Mais l'odeur du repas arrivait à déstabiliser mes pensées. Une fois mes forces revenues, je pris la décision sortir. Mais je ne vous cache pas que cette nervosité était tellement intense, que j'étais prête à prendre la fuite. Je franchis lentement la porte de sortie et me fis bloquer sur cette magnifique image que je n'oublierai jamais. Une immense cascade s'étendit juste devant moi et une sorte de village installé tout autour d'un grand étang d'eau. Je n'arrivais pas à y croire tellement c'était beau ! Dès lors qu'un villageois m'ait aperçu, il ne s'attarda pas à hurler :

 - Elle est réveillée !

Les uns après les autres, les villageois se regroupèrent juste au pied des escaliers.

Je n'arrivai plus à bouger, je fus crisper devant eux sans savoir quoi dire. Bizarrement, ils fûrent tous heureux de me voir. Le vieux de tout à l'heure s'approcha à ma droite.

 - Tu t'es enfin décidée ?

Toujours avec le même sourire. Qu'avaient-ils à tous sourire comme ça d'ailleurs ?

 - En réalité, je n'étais pas le seul inquiet sur ta santé. Tout le village s'inquiètait. Une fois ta remise sur pied, on s'était dit qu'on allait fêter ça !

Les uns après l'autres, les villageois se rapprochèrent vers moi et m'enlaçèrent. Par la suite, ils m'offrirent toutes sortes de cadeaux. Des colliers de fleurs, de la nourriture, des vêtements, etc... Il y avait tellement de gentillesse en eux que ma nervosité et ma peur s'éteignirent. Je ne pus contrôler mes émotions et des larmes prirent forme.

Le soir même, une fête s'organisa comme prévu sur la place du village en mon honneur. On m'habilla d'une jolie robe bleue qu'une des villageoises m'a offerte. Assise en regardant les gens, chacun prenaient plaisir à cette soirée. D'un côté, certains dansaient, d'autres buvaient sans fin et d'autres qui profitaient de la nourriture à volonté. Tout ça organisé juste pour une inconnue à leurs yeux, ce fut incroyable. Et moi, comme une conne, je restai sur ce banc, sans prononcer encore de mots devant eux. Des enfants s'approchèrent et me posèrent toutes sortes de questions , "Comment t'appelles-tu ? ", "D'où viens-tu ? ", "Quel âge as-tu ? ". Trop de questions furent posées. Ils réussirent à me remettre mal à l'aise. Heureusement que le vieux s'interposa pour les faire partir. Il se posa à mes côtés et se présenta.

 - Excuse moi, j'ai oublié de me présenter ce matin. Je m'appelle Rufus, juste Rufus. Mais ici, tout le monde m'appelle "Grand-père ", et je suis le chef de ce village.

Il s'exprima avec une gentillesse incroyable.

 - Je suis désolé si les enfants t'ont mis mal à l'aise. Ils n'ont pas l'habitude de voir une inconnue sur notre île. Enfin, cela fait longtemps que nous n'avons pas rencontré de visiteur sur notre île. Tu comprends maintenant pourquoi tout le monde est heureux de ta rencontre et que tu ailles bien. Quand mon fils t'a ramené à la maison, je t'ai vu couverte de blessures et t'ai soigné moi-même. Je pensais que tu ne te réveillerai jamais après quatre jours au lit. Heureusement deux jours après, tu t'es réveillée, me rajouta-t-il.

Une jeune fille arriva avec un plat dans les mains en ajoutant :

 - Elle est plutôt mignonne grand-père.

Elle fût dotée d'une beauté incroyable. De long cheveux écarlate tombèrent jusqu'en bas de son dos. Un sourire magnifique avec de beaux yeux noisette.

 - Tiens, mange un peu. Je l'ai préparé moi-même.

Ajouta t-elle, avec ce plat tendu devant mes yeux. Cela sentit tellement bon, que je le lui avais arrachée des mains comme une voleuse. Ils commencèrent tous à rigoler par la suite.

 - Je te présente ma petite fille Lucy. Elle a beau être très jeune mais elle est la meilleure cuisinière de ce village.

Rufus me présenta à sa petite fille jusqu'à ce que surgisse un cri.

 - Ils sont déjà revenus !

La joie de vivre de ses villageois se transforma rapidement en cauchemar comme dans mon rêve. Les parents prirent de force leurs enfants pour les cacher. Des fauches et des fourches se voyaient entre les mains des hommes du village. En observant ce déluge, je compris qu'un danger allait jaillir.

 - Vite, Lucy, prend la avec toi et allez-vous cacher !

Je ne comprenais pas ce qu'il allait se passer. Je me suis mise à courir aux côtés de Lucy vers des buissons.

Allongée aux côtés de Lucy, nous vîmes toute la scène. Après son ordre, le grand-père resta assis au même endroit et demanda aux villageois de baisser les armes. Essayant de le résonner, les villageois contestèrent l'ordre de Rufus mais , voulant les protéger à tout prix, il hurla.

 - Allez vous cacher, c'est un ordre !

La règle d'or de ce village est d'obéir à tout ordre du chef. Puis c'est à contrecœur, qu'ils commencèrent un par un à se cacher.
Rufus, prêt à faire n'importe quoi pour son village, s'appreta à faire face à ce danger. Même si un sacrifice devait être nécessaire . Les poings fermés, tremblant de partout, dents contre dents. Je voyais très bien qu'il avait aussi peur de quelque chose.

 - Bande d'enfoirés ! Comment avez-vous pu faire ça ?

Ce furent les paroles d'un homme muni d'une longue épée. À ses côtés, un autre homme ensanglanté et au visage déformé.

 - Que faites-vous ici ? Nous avons encore trois jours pour tout rassembler !

Voyant le grand-père intervenir sans arme et la rage que cette homme dégagea, j'ai cru à une fraction de seconde que la mort l'attendait.

 - Comment avez-vous osés attaquer un homme du capitaine Turcko ? Ajouta l'homme à l'épée.

D'après moi, ils venaient sûrement d'un équipage de pirates. Dans l'ignorance, les villageois se posèrent des questions sur l'homme ensanglanté.

 - Un bamin m'a fraplé à puseur repise au bisage ! (Un gamin m'a frappé à plusieurs reprises au visage)

Le pauvre, tellement défiguré qu'il n'arriva pas à placer un mot correctement.

 - Ce pourrait-il que...?

Après avoir entendu Lucy se poser cette question, je me tournai vers elle et s'est tue directement.

 - Mais impossible, tous les enfants étaient ici, à la fête.

Le grand-père, essaya par tous les moyens de les calmer en s'approchant. Mais le pire arriva, la victime poussa le chef du village et commença à le frapper à plusieurs reprises qui firent crier le chef de douleur. Les villageois voulûrent intervenir mais tout en se faisant piétiner, Rufus continua à crier "Non ! Ne venez pas". La victime s'arrêta et essaya de dire :

 - N'oubliez pas le rendez-vous. Et vous avez intérêt de nous donner la nourriture et votre or que le capitaine exige !

Après ce tragique moment, ces deux hommes repartirent vers la fôret et nous sortîmes tous de notre cachette pour secourir leur chef.

Ce malheureux grand père fut couvert de blessures et inconscient. A cause de quel enfant cela s'est produit? me suis-je dis. Il fut ramené à son domicile et soigné comme il faut. Nous étions tous inquiets. Même moi qui commençais à m'attacher à ce vieil homme, je ressentis de la tristesse. Cela s'est produit si vite en y repensant. Première journée ici, déjà une histoire qui se finit mal.

Le lendemain, avant le réveil de tout le village, je partis voir ce vieil homme pour voir son état mais bizarrement sa porte était fermée de l'intérieur. Voulant repartir, je remarquai que sa fenêtre étaitouverte. Même si je n'ai pu rentrer, le faite de regarder les gonflements de son ventre ,dû à ses respirations ,pouvaient me redonner le sourire. Et là, par surprise, un jeune garçon aux cheveux argenté plutôt grand, se tenait devant le lit du grand-père. Il s'approcha de lui en le fixant attentivement. Je pensais qu'il allait lui faire du mal. Prise de panique, je ne pouvais que crier pour alerter. Au moment de me retourner, j'heurtai un pot de fleur qui prévint ma présence au garçon. Ne voulant pas se faire voir, ce garçon se précipita vers la porte d'entrée, s'arrêta et se tourna vers le chef.

 - Tout est de ma faute, grand-père. Je suis désolé.

Puis prit la fuite vers la forêt. Sur le coup, je compris que l'enfant qui avait défiguré l'homme d'hier soir, c'était lui.

Juste après sa disparition, Lucy arriva. Je voulus la prévenir de ce garçon mais au moment même, un homme courut vers le grand-père.

 - Papa !

Le fils de Rufus arriva . Un gars assez grand , plutôt musclé aux cheveux bruns. Déchaîné comme il était, il a dû être absent sur le moment du drame.

 - Que s'est-il passé ?

A-t-il ajouté en se tournant vers Lucy.

 - Je crois qu'il a recommencé, papa..

Lui répondit. Sous le coup de la colère, son père sortit sans dire un mot. Lucy essaya de l'en empêcher mais sans succès. Vu par où il etait parti, il devait connaître ce garçon aux cheveux argentés. Je m'était approchée de la porte d'entrée puis Lucy me demanda de rester avec son grand-père pendant son absence puis se précipita à son tour vers la fôret. Elle avait tellement peur, comme si son père allait commettre un meurtre.

Je suis rentrée de mon côté dans la même pièce que le grand-père. Je me suis assise sur sa chaise à bascule et le regarda inconscient. Les yeux fermés, écouter sa respiration, et même avec ce qu'il vient de vivre, il garda toujours le sourire. Cela me marqua. Je ne décrochai pas mon regard de ces paupières espérant qu'elles s'ouvrent de nouveau. Je le regardais, encore et encore jusqu'à ce que j'entende.

 - Nos places se sont échangées à ce que je vois.

Me dit-il en me regardant du coin de l'œil.

Dès que j'entendis sa voix, je me suis mise à lui montrer un grand sourire. Je ne savais pas comment l'expliquer mais, même avec si peu de connaissances que j'avais avec ce vieil homme, j'étais soulagée de son réveil.

 - Je vois, à ton tour de t'inquiéter pour moi maintenant. Je suis encore trop faible pour me lever.

Un silence s'installa jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.

 - Tu t'es sûrement demandé pourquoi des gens comme eux étaient présent hier soir n'est-ce pas ?

Me posa-t-il d'un air sérieux. Je lui hochai la tête.

 - Notre île est malheureusement coupée du monde entier. Une sorte d'apocalypse s'est abattue sur celle-ci il y a quelques années. Les nouvelles se répandirent très vite sur les 4 coins de la terre et un nom fût créer petit à petit. Tu te trouves exactement sur "Esolan" qui est plus connu sous son nouveau nom de "L'île oubliée". Pas fameux comme nom pour une île commerçante. Enfin bref, une rumeur s'est répandue il y a peu de temps, comme quoi un trésor s'y trouvait, ici même. Deux à trois mois après, le navire du capitaine Turcko s'installa sur notre île pour trouver ce fameux trésor, mais rien de tel ne se trouve ici.
Il nous força à lui dire où était le trésor et tant qu'il ne l'aura pas, nous devrons nourrir son équipage jusqu'à l'obtention de celui-ci. Tous les samedis matin, mon fils Jay doit leur amener la nourriture et dans 2 jours, il devra y retourner...

Il me raconta le passé de cette île, des villageois et j'étais absorbée par son histoire. Je n'arrivais pas à croire ce que cette île avait vécu.

 - Merci d'avoir été présente à mon réveil. Je suis heureux d'avoir fait ta connaissance...

Toujours en l'écoutant parler, je ne pus m'empêcher de repenser à l'image de la cascade, des villageois, des cadeaux, de la fête... Et même avec toute leur gentillesse, je n'ai pu réussir à leur dire un seul mot. Je devais le faire. Je ne pouvais pas rester là et continuer à faire la muette. Je lui coupai la parole et m'élançai d'une douce voix:

 - Je m'appelle... Ema.

Voilà les tout premiers mots que j'énnonçai depuis mon arrivée sur cette île.

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