Chapitre 1

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Pelvina nous avait toutes fait appelées. Je suppose qu'elle avait quelque chose à nous dire. Je me lève de mon matelas crasseux et enfile un pagne. Du bout des doigts, j'ouvre celui qui me sert de porte de chambre. J'arrive au salon et m'assois par terre entre les jambes de Divina. Lova est restée debout les bras croisés et les sourcils froncés. Pelvina semblait très heureuse, je me demande bien ce qu'elle a à nous annoncer.

- Qu'est-ce qu'il se passe Pelvina? Cracha Lova.

- J'ai une très bonne nouvelle à vous annoncer. C'est fini la pauvreté mes sœurs ! Dit-elle en joignant ses mains et en souriant.

On se regarde toutes. Ça veux dire quoi ça?

- Je comprends pas... Dis-je

- Ah, ma petite Fifi! J'ai réussi à nous avoir des passeports et des billets... Pour l'Europe !

À peine sa phrase fini Divina et Lova se sont mises à sauter partout. Je suis restée assise à les regarder parce que... je ne comprend rien.

- T'es pas contente Metiola?

- Je sais pas. Je comprend pas. Parce que... Faire des passeports et acheter des billets... je pense que c'est beaucoup d'argent. Comment tu as cet argent?

Sa mine se décompose un peu.

- Arrête de poser des questions Meti et soit contente ! On quitte ce trou ! Quoi, tu vas me dire que tu veux pas partir avec nous?

- Si... Si,si bien-sûr j'irais partout avec vous... vous êtes mes sœurs, ma seule famille.

Divina me serre dans ses bras.

- Tout va bien se passer Fifi, je te le jure.

Elle me fait un bisou sur la joue. Sa simple phrase à réussi à me convaincre. Divina a toujours su me consoler, me convaincre, me calmer et me conseiller. C'est presque comme une mère pour moi.

Ces trois filles là, Divina, Pelvina et Lova sont mes sœurs de cœur. Quand j'avais 16 ans et que ma mère venait de m'abandonner elle m'ont recueilli et bien traité, je me suis vite senti à l'aise. Même si elle vivent pas dans le luxe, j'aime être avec elle, même si des fois sont bizarres. Oui, ma mère, ma génitrice, la femme qui m'a porté neuf mois en elle et qui m'a donné la vie m'a abandonnée. Elle n'est pas morte,non elle m'a abandonnée. Tout se passait bien pourtant, j'allais à l'école, elle travaillait, on avait une vie paisible et j'étais une enfant calme. Je sais pas pourquoi elle a fait ça mais je la déteste.

- Metiola !

Ah, ce surnom. C'est elles-même qui me l'ont donné. Je ne sais pas si je suis métisse ou juste très claire de peau. Des rumeurs disent que je suis née d'un amour interdit entre ma mère et un homme blanc, d'autres disent d'un viol, d'autres disent que ma mère pratiquait de la sorcellerie pour que je sois claire, d'autres disaient que je mettait du tchoko depuis le berceau et d'autres disaient que quand j'étais petite je ne sortais jamais prendre le soleil. Il y en a encore pleins encore plus stupides. Ma mère me disait simplement de ne pas croire en ça mais ne me disait jamais comment ça se fait que je sois aussi claire.

Pelvina disait que nous partirons dans deux jours, ce qui nous affola, ce qui m'affola plus particulièrement. Les autres filles semblaient vraiment heureuses. Oui, je suis contente de quitter cet endroit mais... Je ne sais pas comment ça va se passer une fois arrivées là-bas. Allons-nous être toujours soudées comme nous l'avons été ces deux dernières années?

Pelvina.

Je dis aux filles de venir avec moi dehors. Il faut pas que Fiona nous entende.

- Y'a quoi? Dit Lova.

- Vous avez pas intérêt à gaffer. Tout est parfait, Metiola ne pose plus de questions.

- Oui mais... Elle est bizarre, j'aime pas quand elle est comme ça. Dit Divina

- Quoi? Tu veux aller lui dire que nous sommes trois petites prostituées?

Elle baisse le regard.

- Elle n'a que nous, si on lui dit la vérité elle peux mal le prendre et faire n'importe quoi. Elle fait absolument tout comme nous et elle est tellement innocente et naïve... Je veux pas qu'il lui arrive quelque chose de mal.

- Personne ne lui veut de mal, Pelvina. Fiona est notre petite sœur on se doit de la protéger, je suis d'accord avec toi mais elle est pas bête. Tu vois dans quoi on vit? Et toi du jour au lendemain tu te ramène avec ton sourire long comme banane plantain pour nous dire que t'as des passeports et tout là? Même nous tu nous a prise par surprise ! Tu crois pas que c'est normal qu'elle se pose des questions?

- Lova... Elle nous voit comme des anges ! Je veux pas briser ses illusions, si je fais ça c'est beaucoup plus pour elle.

- T'aurais du nous en parler avant, Pelvina c'est pas sérieux tout ça.

- Oh lalala, si c'est comme ça je pars que avec Metiola alors!

- Non, mais on te dit juste que... On aurais dû le savoir quand même.

- Ok... Anita charge toi qu'elle ne pose pas trop de questions.

- Oui,oui. De toute façon tu sais comment elle est, elle parle pas beaucoup.

- Lova t'a bien économisé comme je te l'ai dit de faire?

- Oui.

- Et bah c'est bon.

Fiona.

Le soir.

Agenouillée, les mains jointes et le menton levé vers le ciel. Je priais pour que notre voyage se passe bien ainsi que notre nouvelle vie. J'espère que rien ne nous séparera et qu'on restera les mêmes personnes. Je ne sais rien de l'Europe, je ne sais pas si c'est bien là-bas. Si les gens sont gentils ou pas. Après avoir prié, je m'allonge sur mon matelas et me couvre avec mon pagne.

Quand nous arriverons en Europe, je vais chercher une école et essayer de reprendre mes études si c'est possible. Je veux avoir une travail et une vie digne.

Quelques jours plus tard...

Les filles se sont vêtues bizarrement. Lova portait une robe verte caca là, qui moulait ses fesses et ses seins avec des chausses avec de hauts talons avec quelques bijoux. Avait fait un chignon, enfin une queue de cheval. Pelvina portait un pantalon blanc, un haut qui dévoilait son ventre et son piercing au nombril et des talons blancs. Elle étais coiffée comme Lova. Et Divina, elle portait une longue robe beige avec deux fentes et un long décolleté avec des sandales et s'était coiffés comme ses sœurs. Je ne les reconnaissais même pas. On aurait dit qu'elles partaient à une fête...

Personnellement j'avais mis un simple jean et un débardeur noir avec des sandales et je me suis faite deux tresses. Je voyais clairement quelle vision de l'Europe elles avaient et je me demandait surtout comment elles ont eu l'argent pour s'acheter toutes ses jolies choses. Divina m'avait dit de ne pas poser de questions et de ne surtout pas m'inquiéter, comme d'habitude. Et vu que je n'aime pas trop parler... Bah, j'ai rien dit je les regardait juste.

Le bruit pénible d'un Klaxon se fait entendre. Le taxi est là. Je prend mon sac et me contente de suivre les filles. Je sais qu'elle savent ce qu'elles font mais j'ai quand même très peur.

Elles mettent leur valise dans le coffre pendant que je me mettais derrière, mon sac sur mes genoux. Le chauffeur ne faisait que de me regarder, il semblait jeune mais trop vieux pour moi. Je fuyais son regard et priais dans ma tête que Divina arrive.

- C'est bon, Metiola on est là! Toi là tu regarde quoi? Faut tourner ta tête, cette gamine là pourrait être la tienne.

Dit Lova en tchipant. Je souris légèrement parce que ce qu'elle venait de dire me donnait envie de rire. Les deux autres arrivent et le chauffeur démarre.

Une fois arrivée à l'aéroport, Pelvina donne son argent à ce chauffeur et je me contente de les suivre. Il y avait une longue file et beaucoup de bruit. Moi qui suis habituée au calme, ça me donne presque la nausée.

- Ça va Fifi? Me demanda Divina

- Y'a beaucoup de bruit...

- Oui, je sais mais tu vas t'y habituer.

Elle frotte sa main à mon épaule et je souris.

Après elles ont fait leur truc, je sais pas du tout ce qu'elle faisait je me contentais toujours de les suivre. Nous avons un peu attendus ensuite nous sommes montées dans l'avion. Nous avons pris place, Lova et Pelvina était devant Divina et moi. Je priais dans ma tête pour que l'avion ne crash pas et que nous arrivons bien.

[...]

- Fifi...Fifi... réveille toi ma chérie, nous sommes arrivées.

J'ouvre doucement les yeux et m'étire. Je reprend mon sac et le met sur mon dos. Par la grâce de Dieu nous sommes bien arrivées. J'étais très fatiguée même si j'ai dormi pendant tout le voyage. Comme à mon habitude, je suivais mes amies. Cet aéroport me donnait encore plus le tournis. À Kinshasa, il y avait beaucoup de monde et de bruits mais tout le monde avec la même couleur de peau. Hors que ici... Y'a des blancs, des arabes, des chinois, des noirs, des indiens... Il y a de tout ! C'est sérieusement perturbant.

Les filles récupèrent leurs bagages et nous attendons pour prendre. Comment va se passer notre vie ici, à Paris? Bien ou mal?

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