Échelle céleste

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La vieille maison de mamie Jeannette et papi Jean-Luc apparaît au bout du chemin. Je ne l'aime pas, comme je n'apprécie pas mes grands-parents paternels. La bâtisse est comme eux : d'un autre temps. La toiture doit être refaite, la façade et les volets ont besoin d’un bon coup de peinture.

Le jardin a aussi mauvaise mine que le reste. Les mauvaises herbes poussent comme du chiendent ici. Papa a beau tondre le jardin, tailler la haie et les arbres, rien n’y fait : tout redevient comme avant en l’espace de deux semaines. Pourtant, il s’échine le bougre ! Et à chaque fois, je l’aide.

Ça m’épuise. Je préfère jouer sur mon téléphone ou aller voir des amis. Au lieu de m’amuser, je suis coincé avec mon paternel. Il me rabâche sans cesse qu’un homme doit savoir tout ça. Franchement, au 21ème siècle, il suffit de payer quelqu’un et fin de la passe ! Une sensation spongieuse remonte de mon pied.

Fais chier !

J’ai marché là où il ne fallait pas… Derrière moi, Annie, ma petite sœur rit et pointe du doigt ma mésaventure. Je me retiens de la rembarrer. Sinon, elle va pleurer auprès de maman. Franchement, j’ai pas la force d’écouter le sermon de ma mère ou les pleurnicheries de la gamine.

On arrive enfin à la porte d’entrée. Mamie Jeannette ouvre. Son gros nez se retrousse à ma vue. Elle ne me dit pas bonjour, préférant offrir un sourire poilu à Annie. Elle lui pince les joues, lui demande si elle mange bien à l’école. Je ne reste pas planté à les regarder, je rentre sans y être invité et me déchausse.

J’enlève aussi mes chaussettes, l’une d’elle trempée. J’avise les pantoufles que papa utilise d’habitude et lui pique. Il dira rien. Il dit jamais rien de toute façon… Je file dans la chambre que je partagerai pour une semaine avec Annie. Elle pue le vieux, mais au moins je serai un peu tranquille jusqu'à ce soir.

Je m’allonge sur l’un des lits simples, les yeux fixés sur le plafond. Je compte les veines du bois quand un bruit me dérange. On dirait un raclement. Je me concentre : en bas, les grands-parents discutent avec maman et ma sœur, papa doit dormir avec la route. Je me réinstalle, attrape mon casque.

Le grattement recommence avant que je mette ma musique. Je grogne. Encore un rat ? Si c’est le cas, Annie ne dormira pas de la nuit et me cassera les pieds à chouiner. Je me lève et me dirige dans le couloir. J’avise le fil pour tirer l’échelle menant au grenier. Je l’enclenche et commence à monter.

J’aime bien l’utiliser. Avec, on dirait que je me dirige hors de cette bigote puante. Annie la surnomme « l’échelle céleste ». J’atteins mon objectif, pousse un carton qui me gêne. La lucarne est entrouverte. Je la ferme, tout en rallant. Peut-être qu’un oiseau est coincé ? Je regarde de partout, un mouvement attire mon œil.

« Pa- ! »

Mon crâne pulse. Je ne vois plus rien. Je faisais quoi ? J’ai froid… Papa, maman, vous êtes où ? Annie…

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