Nous sommes dans un champ au repos. Le temps est hivernal. Des touffes de neige recouvrent ci et là une herbe fondue. Devant nous avance péniblement un homme armé d’une canne. Il porte une immense un énorme pull qui nous évoque les tricots de nos grands-mères qui n’ont jamais été égalés pour ce qui est de combattre le froid.

Nous devinons ses pas difficiles en voyant sa canne s’enfoncer dans la boue en phase de dégel, et en imaginant la blessure en phase de guérison mais encore douloureuse se cachant derrière son bandage.

Le ciel porte une couleur monochrome, grisâtre, laissant présager une nouvelle neige dans les heures à venir.

La ligne de ses pas le mène vers une créature en phase de liquéfaction. Nous devinons une boule dans son abdomen dont la lumière est ternie, blessée.

Les deux se regardent comme si un jour ils étaient quelque chose l’un pour l’autre. Nous ne pouvons pas savoir ce qui a pu les lier par le passé, mais fatalement un sentiment puissant, peut-être plus fort que de la famille.

Nous pouvons aussi nous imaginer que l’homme à la canne rejette dans sa posture cette impression de tristesse car il fait face aux fruits de ses pêchers. Peut-être pense-t-il au temps de la rédemption qui un jour devra sonner, juste avant le glas.

La créature va mourir, le froid lui redonnera un peu de sa solidité avant de disparaître complètement.

Perdre un être cher est douloureux, mais vivre une deuxième fois cette même perte est incommensurable.