Jour 16

Voilà que j’ai attrapé un rhume. C’est la chose la plus considérable qui soit arrivée aujourd’hui. Nous sommes comme paralysés, partout, tout le temps. Impossible de mettre le nez dehors, et ce n’est pas faute d’avoir tenté. Le blizzard ne fait que s’épaissir, il est plus dense, plus violent, plus terrible. Le fort est recouvert de neige. Heureusement que nous sommes relativement bien chauffés, mais je ne suis pas sereine. Le fort est presque entièrement aveugle dans cette situation, et les troupes d’Osowiets pourraient très bien profiter de la situation. J’ai mis en place un nouveau système de patrouilles pour le cas où des saboteurs s’introduitaient dans le fort, et j’ai ordonné que soient tirées chaque jour à des heures différentes des fusées éclairantes. Nous en avons peu qui soient adaptées à un tel brouillard, et aucune qui tienne réellement le coup contre un tel vent, mais c’est pour dissuader. Je serais presque tentée de faire tirer les mitrailleuses au hasard pour dissuader tout ennemi d’approcher, mais ce serait prendre le risque de toucher des civils, et ça je ne peux pas me le permettre. Des tirs à blanc, bien sûr, ne pourraient pas berner l’ennemi longtemps.

Il ne me reste qu’un seul espoir, et c’est Irene Vedma. La sorcière s’est enfermée dans ses appartements, et n’en est pas sortie. Je ne l’ai pas revue depuis le début du blizzard. Renate m’a expliqué que ça arrivait très souvent à la magicienne de s’isoler pour des rituels lui prenant plusieurs jours. Je ne sais pas pourquoi, mais je ressens une répulsion particulièrement violente pour les appartements d’Irene à cet instant, et en dépit de toute ma curiosité, je sens que je ne voudrais surtout pas savoir ce qui s’y trâme. J’ose simplement espérer qu’elle réussira.