IV

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Jour 2, Prendre mes aises

Cette journée a été beaucoup plus tranquille que celle de mon arrivée. La température s’est stabilisée à un seuil acceptable, et le personnel du fort ne pose aucun problème. L’ambiance est plutôt bonne, même si le deuil du général von Heißenstern se ressent. Les choses risquent de ne pas rester aussi calmes cependant. J’ai profité de la journée pour me préparer au combat. J’ai mémorisé les cartes tactiques de la région, et j’emporte avec moi pour lire à mon chevet des dizaines de registres sur les batailles menées contre Osowiets par le passé. Mon instruction est supposée m’avoir préparé à tout, mais on a jamais assez de connaissances sur son ennemi.

Je suis désormais sous bonne garde, puisque dans la salle qui mène à mes appartements dort mon garde du corps. On me l’a présenté ce matin, un solide gaillard du nom de Reiner Pappenheim. C’est un homme d’une stature impressionnante, peu bavard mais solidement dévoué à sa tâche. On me l’a décrit comme l’homme le plus fort de la division, ce que je veux bien croire. Désormais il me suivra partout dans mes déplacements et a sa chambre juste devant la seule porte de la mienne. La fourberie des agents d’Osowiets étant légendaire, ce n’est pas une précaution superflue, il n’est pas impossible que ces sorciers déploient quelque stratagème pour faire s’introduire un assassin ici.

En parlant de sorciers, j’ai pu éclaircir le mystère autour d’Irene Vedma. J’en ai parlé ce matin à Renate. La sergent major était venue me trouver au réveil pour me présenter mon garde du corps, et elle m’a même offert des biscuits, un geste qui m’a, je le reconnais, fortement surprise. Quand je lui ai demandé si elle les avait fait pendant le service, elle a ri et m’a expliqué que c’étaient les soldats et les membres du personnel punis pour des fautes mineures qui devaient faire la cuisine pendant leur temps libre. N’ayant pas besoin de tant de monde pour cuisiner les rations du fort, on emploie le surplus de main d’œuvre à faire des pâtisseries, une pratique saluée par le général von Heißenstern parait-il, puisqu’il était persuadé que ça adoucissait les mœurs. Je n’ai pas trouvé à répliquer à cela. Après tout, dans les camps fortifiés du sud les sergents mettent les soldats qui arrivent en retard aux rassemblement à l’épluchage de patates, mais ça n’est ni aussi pratique ni aussi bon que les pâtisseries, il faut reconnaître.

Quoi qu’il en soit, j’ai pu questionner la sergent major Renate Funkeln sur le rôle d’Irene Vedma, et j’ai appris que cette dernière était la sorcière du fort. En effet, quand on y pense, il est tout à fait logique que pour combattre les sorciers d’Osowiets, le fort de Nachtwall ait besoin des conseils et du savoir faire d’une personne qui connaît ces enchantements aussi bien que nos ennemis. Vedma est depuis longtemps au service de Brandwerk, et est une sinon la seule véritable magicienne que nous ayons. On m’a signifié qu’en cas de doute sur un problème d’apparence surnaturel, c’était toujours à elle qu’il fallait s’adresser.

Je m’en veux presque de ne pas y avoir pensé, mais ce fort ne pourrait pas se passer d’un expert en magie, et avoir une véritable sorcière native d’Osowiets à mes côtés est une chance inespérée. Seulement, quand plus tard dans la journée j’ai tenté d’adresser la parole à Irene Vedma, elle a soigneusement évité mes questions. C’est à peine si j’ai pu entendre le son de sa voix, mais elle m’a semblé lasse et méfiante. Je ne sais pas si elle estime que je dois mériter sa confiance, auquel cas je la trouve bien présomptueuse. Dans tous les cas, j’ai d’innombrables questions à lui poser, et je compte bien insister jusqu’à avoir des réponses.

Aujourd’hui, j’ai passé une bonne partie de ma journée à mes exercices d’escrimes, mais demain je devrais régler plusieurs autres questions, outre celle d’Irene. On m’a décrit les chaufferies comme un complexe de tuyauterie assez capricieux, et j’aimerais m’assurer qu’il ne soit pas possible de faire remplacer les machines pour un système plus récent et performant qui ne nécessite pas un entretien de tout instant. D’après les rapports, il y a presque quotidiennement des blessures dans le corps des techniciens de maintenance. Je dois voir si je peux arranger ça.

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