Partie I - Cinquième chapitre

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Ils avaient un exposé à faire ensemble. 

C'était simple. On leur demandait de réaliser une analyse à propos de l'entretien des mémoires de la seconde guerre mondiale. Typique du programme de dernière année. 

C'était une démonstration qui allait leur valoir la moitié de leur note de trimestre en Histoire. Elle était certaine qu'Harry ne voulait pas se louper et elle n'en avait pas envie non plus, parce qu'elle était dans le collimateur du bureau des conseillers principaux d'éducation, qu'elle souhaitait réussir, et qu'elle l'avait promis à Harry. Sur tout ce que cela impliquait : Les promesses étaient ce qu'elles pouvaient tenir. Pour la simple et bonne raison qu'elle contrôlait ce qu'elle promettait, elle se connaissait assez pour savoir si elle en était capable ou non. En fait, c'était un peu le seul élément qu'elle arrivait à gérer. C'était ses promesses. Eglantine avait dit à Juliette qu'elle serait toujours là pour elle et elle agissait ainsi. Elle l'était contre vents et marrés. 

Evidemment, les binômes allait de paire avec leur projet d'hétérogénéité des niveau de la classe. Harry et Eglantine représentaient le duo parfait

Harry n'avait pas vraiment l'air satisfait de cet obligation mais elle s'en fichait. Elle lui démontrerait qu'elle convoitait la réussite, et qu'il avait tord. Elle n'était pas un préjugée. 

Il lui avait dit d'un ton sec avant de s'en aller.  

_ Rendez vous à la bibliothèque, demain à quinze heures pétante. 

Églantine espérait pouvoir se débarrasser du fardeau qu'était sa mère, elle souhaita de tout son coeur qu'elle ne lui mette pas des bâtons dans les roues. Le mieux pour ça était, qu'ils se voient avant dix-huit heures. 

Allongée dans son lit, elle respirait les draps qu'elle avait lavé la veille. Il sentait la lessive qu'elle se plaisait à acheter en douce. Elle sentait le lilas blanc et le jasmin. Celle de sa mère la lavande forte.  Elle détestait celle de sa mère. Elle lui trouvait une odeur particulière qui lui affligeait des souffrances et des souvenirs sordides. C'était déjà assez douloureux comme ça, et elle faisait tout pour apaiser son désespoir. Le soir ou c'était arrivé. Elle s'était souvenue du gout désagréable du Whisky dans sa bouche. Elle ne se rappelait plus vraiment en avoir consommé, puis l'air qui s'insinuait dans ses narines fut en plus de l'odeur d'homme de Rayan, le lilas des draps de sa mère. Le mélange en avait été déroutant, et elle avait ressentit ses entrailles remontés dans sa gorge. C'est pour ça qu'elle avait dégobillé. Elle avait du mal à penser à cette scène et il fallait qu'elle l'oublie. Pour son bien, pour sa réussite.

Le soir sa mère l'obligea à dormir seule chez elle pendant qu'elle travaillait de nuit à l'hôtel et que son frère dormait chez sa grand mère. Elle lui avait demander de rester parce que le lycée était plus prêt soit disant. Cette nuit là, elle ne dormit pas.  

Le matin, Églantine se dirigea d'une manière instinctive dans la salle de bain. Tout le long de la nuit, elle avait cru dépérir, ses démons lui susurraient des atrocités, ils faisaient écho au fond de ses entrailles et les broyaient. Elle surveillait automatiquement la porte de sa chambre à chaque bruit, chaque fois que le bois, le plancher craquait.
Ses draps sentaient de nouveau le whisky et la lavande forte, et elle avait de nouveau envie de rendre le maigre repas qu'elle s'était accordée. Elle était cernée, les poches qu'elles découvraient sous ses yeux se révélaient atrocement gonflées et imposantes. Elle se regarda dans le miroir et la rage s'empara d'elle. Elle balança soudainement son poing dans le verre et il se brisa en mille morceaux. Ses doigts étaient en sang, ainsi que son âme. A cet instant là, elle était envahie par ses plus sombres idées, et elle ne savait plus comment s'en défaire. Elle soupira dans ses larmes. Comment allait - elle faire pour ramasser tout ça ? Elle glissa le long du mur et éclata cette fois-ci en sanglots. Tout était bien trop pour Églantine. Vivre à deux mètres de son beau frère n'était pas supportable pour elle. Ses fonctions cognitives étaient en alerte rouge à chaque moment, en permanence et elle était crevée.

Elle resta un moment dans cette mélancolie, dans son incroyable tristesse, puis elle jeta un coup d'oeil à l'horloge. Elle était déjà en retard. Elle se banda le poing rapidement. Elle n'avait même pas daigné enlevé tout les morceaux de verres incrustés dans sa peau avant d'enrouler le tissu négligemment autour d'elle. Evidemment, Églantine ne valait pas tout cet effort, c'est ce qu'elle pensait inconsciemment. Elle était faible et ne méritait pas de se faire soigner alors qu'elle venait d'exploser le miroir de la salle de bain. 

En arrivant en Classe, elle roula sur sa chaise. Le cours de Philosophie débuta et elle se recroquevilla. Elle n'était pas en capacité d'écouter aujourd'hui. Elle voulait juste tout oublier. 

_ Qu'est ce qu'il t'est arrivée à la main ? 

Elle se redressa et plongea dans les yeux chocolat de Liam. Elle sourit. Elle savait si bien caché la noirceur de ses émotions. 

_ Je suis tombé ce Week-end en rentrant. J'étais complètement bourrée. Je ne savais plus ou je marchais. Tu m'aurais vu, tu te serais sûrement fichu de moi ! Elle éclata d'un rire un peu trop écrasant, un peu trop surjoué.

Mais Liam sourit, charmeur. 

_ J'aurais aimé être là, pour t'empêcher de tomber, ma belle.

Il recommençait. Liam agissait de plus en plus souvent comme cela, ces derniers temps avec elle. Elle pensait qu'il était son ami et elle ne voulait rien d'autre. Elle priait pour qu'il reste ami et seulement ami. 

Harry, détourna son attention du cours de Philosophie et scruta Églantine d'un drôle d'air puis il fronça les sourcils quelques secondes, pas plus, et se concentra à nouveau sur Madame Fitzergle. Le cours sur le Dualisme. l'intéressa fortement.. Le corps était un pantin de l'esprit expliqua la professeur car l'esprit était une partie de l'essence de l'Homme, ce qu'il se pensait être, ce qu'il prônait, en ce qu'il croyait et quelque fois le corps ne réagissait pas à ce que disait l'esprit, à ce qu'on lui ordonnait. Cette chose pensante en demandait parfois trop. Harry irait à la bibliothèque chercher quelques bouquins sur Descartes. Il s'assurerait de puiser un peu plus loin dans cette théorie. 

Eglantine était toujours affalée après plusieurs heures de cours sur sa table. Elle n'avait écrit que quelque lignes en cinq heures de cours. Heureusement qu'en Economie, le professeur facilitait l'écrit avec des polycopiés. 

A quinze heures, elle se rendit au CDI comme Harry l'avait décrété. Il était déjà présent à la première table, un ordinateur et des livres entassées lui tenaient compagnie. Son nez froncé et recroquevillé montrait que seul ce devoir recevait toute son attention. 

Elle s'assit en face de l'ordinateur, tapa difficilement le mot « Youtube » sur la barre Google et bailla, comme pour récupérer un peu des forces. Églantine attira l'attention d'Harry à ce moment là, lorsqu'elle commença à taper les mots clés. 

_ Qu'est ce que tu fais ? Tu crois que tout les exposés se recopient bêtement sur Internet ? 

Elle souffla, elle était exténuée mais elle ne voulait pour rien au monde retourner chez elle. Elle avait pris sur elle pour pouvoir travailler ici et ne pas partir au parc pour sangloter à l'abris des regards. 

_ Je recherche sur Youtube des documentaires ou encore mieux des chansons ou poèmes des résistants de la secondes guerre mondiale. On pourrait expliquer dans quelles circonstances certains ont été écrits, nous auront de bonnes transitions et ça donnera du rythme à l'exposé, même peut être que ça empêchera nos camarades de s'endormir. ça fera peut être la différence à la place de quelque chose trop rébarbatif. Tu ne trouves pas ? Expliqua t-elle contente de son idée. 

Harry ne pipa mot. Il était plutôt impressionné. Il ne l'aurait jamais pensé aussi impliqué, et aussi vive d'esprit, créative. Il était un peu désarçonné pour lui répondre quelque chose à la hauteur de son idée. 

Il préféra ramener son nez dans ses bouquins. Ils ne parlèrent pas pendant une heure. 

Ils s'accordèrent pour se voir à la fin de la semaine au même horaire, même endroit. 

Ils se laissèrent, Harry n'accompagna même pas Églantine jusqu'au portail. Il était juste parti et elle se sentie encore plus mal que ce matin. Elle était un déchet, on s'en servait à sa guise. Elle se sentait utilisée, bafouée déjà qu'elle était souillée, ça l'a rendait horriblement mal. 

Sur le chemin du retour qu'elle parcouru seule, il était à peine Dix-sept heure trente lorsqu'elle arriva devant son immeuble délabré. 

Elle observa les arbres et leur nuances à côté de son bâtiment. A ce moment précis, elle aurait préféré habité dans ces arbres qui paraissaient bien plus accueillant que son immeuble pitoyable. Il respirait la pauvreté, la saleté, l'injustice, le mauvais côté de la société. Elle n'avait rien sur la fait d'assumer qu'elle appartenait à une basse classe de la société. C'était ses origines et elle n'avait pas en avoir honte, ce qu'elle haïssait au plus au point c'est les souvenirs que ces murs renfermaient. Elle pensait que son appartement était l'enfer. 

Les fines gouttes de pluie commencèrent à tomber et Eglantine insista pour rester dehors, elle se couvrit à l'aide de sa capuche en coton, qui ne l'abriterait pas pour longtemps avant qu'elle soit trempée, puis s'engagea sous le premier chêne de la longue série qui parcourait le quartier, puis elle alluma le cinquième pétard de la journée. Elle ferma les yeux et se délecta de ce merveilleux poison qui endormirait ses sens et lorsqu'elle les ouvrit, elle tomba sur ses yeux émeraudes qu'elle ne voyait pas assez même si elle pouvait y avoir accès toute la journée puis elle s'agaça. Que fichait-il ici ?

Harry l'observa de loin, au coin du mur qui appartenait au bâtiment d'Eglantine à dix mètres d'elle, puis il se retourna pour s'enfuir. 

Réaction lâche mais seul réaction qu'il trouva approprié. Il ne savait pas pourquoi il l'avait suivi. Son esprit était un peu perturbé par tout ça, mais c'est comme si son corps lui l'avait dicté au dépourvu de son esprit. Cette fille renfermait des secrets, il en était maintenant persuadé. Il s'en fichait mais il voulait quand même savoir. Il perdait tout simplement les pédales. Il appela un taxi au bout de la rue pour pouvoir rentrer chez lui. Il tomba de nouveau sur sa mère qui interrogea guillerette comme à son habitude. 

_ Alors, Harry, comment s'est passé ta journée au lycée ? 

_ Bien répondit-il un peu trop sèchement.

_ Qu'est ce qu'il t'arrive mon chéri ? Tu veux en parler ? 

_ Tout va bien. j'ai eu une longue journée. Je vais monter faire mes devoirs. Dit-il pendant qu'elle s'approchait pour lui claquer un baiser contre son front. 

Six heures trois. Lorsqu'Eglantine rentra chez elle. Sa mère lui tomba directement dessus. 

_ Eglantine, je peux savoir ce qu'il est arrivé dans la salle de bain ? explosa t-elle.

Elle observa furtivement sa main et en déduis rapidement ce qu'il s'était passé. Elle ajouta. 

_ Je ne sais pas ce qui cloche chez toi, mais tu vas payer pour ce que tu as fait.

Elle l'enferma dans la salle de bain en la poussant par les cheveux. la mère d'Eglantine aimait s'en prendre aux cheveux. Elle trouvait peut être ça plus humiliant. Elle ne savait pas trop pourquoi sa mère se comportait comme ça, elle avait cassé le miroir, elle le méritait surement. 

_ Je veux que tu restes dans cette salle de bain jusqu'à ce que chaque bout de verre soit ramassé par tes propres mains. C'est compris.

Elle lui jeta un sac plastique à la figure et enferma Elgantine dans la salle de bain et Eglantine s'exécuta. Au moins avec les bout de verre, elle pouvait se faire du bien sur le haut de ses bras. Elle se rassura. C'était mieux que ce qu'elle avait osé espérer. Eglantine se rassurait désormais en se faisant du mal. 

Peut être que ça marquait la fin de quelque chose et le début d'une autre. ou ça marquait dramatiquement le début de la fin d'Eglantine.  

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