Chapitre 23

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Emilie était prostrée dans son lit depuis maintenant deux jours. La jeune danseuse refusait de parler à qui que ce soit de ce qui n’allait pas, s'étant contentée de dire à sa mère qu’elle ne se sentait pas bien, et qu’elle ne pouvait pas se rendre en cours. Et, lorsque ses amies étaient venues la voir, il leur avait été impossible de l’approcher. La jolie blonde s’était complètement renfermée sur elle-même, et cela commençait à sérieusement inquiéter ses parents.

« Ma chérie, je ne comprends pas ce qu’il se passe, souffla doucement son père. Il faut que tu nous parles, on veut vraiment t’aider tu sais ? »

Voyant qu’il n’obtenait aucune réponse, l'homme soupira, avant de reprendre.

« Ton ami Marc est là, et même si tu ne veux pas le voir, je le laisserai passer. Il a eu la gentillesse, depuis quelques jours, de te prendre les cours pour que tu n’aies pas de difficultés à rattraper ton retard. »

L'honorable Monsieur d’Abraracourt sortit rapidement, et laissa sa place au blondinet.

« Coucou beauté, comment vas-tu cet après-midi ? »

Emilie renvoya un regard torve à son ami. Elle ne voulait pas lui parler.

« Ouh, Mimi fait du boudin ! s'exclaffa Marc. Bon, reprit-il plus sérieusement, si je suis venu jusque là, c’est parce que j’organise une petite soirée, vu que c’est vendredi, et j’aimerais que tu viennes.

- Je ne peux pas, répondit son amie en lui tournant le dos. Je ne me sens pas bien. »

Marc la fixa intensément.

« Ecoute, ce n’est clairement pas physique, tes parents m’ont dit que tu n’étais pas malade. J’en déduis donc que c’est ton moral qui ne va pas. »

Le garçon s’assit sur le bord du lit dans lequel était allongée la jeune fille, et lui tapota le sommet du crâne.

« Ma choupette, je vais te dire quelque chose. Une soirée, c’est le meilleur moyen de te rendre le sourire et la forme. Je te jure que si après ça tu ne veux toujours pas revenir, je te laisserai rester chez toi comme une larve inutile. »

Emilie grommela un assentiment dans son oreiller, avant de lancer ce dernier dans la tête du garçon.

Ils éclatèrent de rire ensemble avant qu’il ne la quitte. Marc devait se rendre aux répétitions pour le spectacle. Y penser replongea la danseuse dans un profond mal-être.

Emi commençait à s’endormir lorsque la porte se rouvrit. Le jeune fille grogna. Pourquoi les gens refusaient-ils de comprendre qu’elle voulait être seule ?

La blonde se tourna vers l’intrus, et vit devant elle Dianna. Elle sursauta. Il était vrai que la jeune danseuse avait promis de donner des nouvelles à sa mentore, et qu’elle ne lui avait pas envoyé le moindre message depuis quelques mois… Emi grimaça, une pointe de culpabilité se frayant un chemin dans la masse d’auto-apitoiement.

Elle se redressa et fit face à la femme.

« Bien, jeune fille. J’espère que tu as de bonnes raisons de ne plus aller en cours alors que tu as réussi l’exploit d’être sélectionnée pour le spectacle de Noël. »

Emilie baissa les yeux. La jeune fille n’aimait pas cette sensation d’être prise entre deux feux. Elle aurait voulu que jamais Dianna ne vienne la voir, bien que sa visite lui fasse plaisir.

Après quelques secondes d’hésitation, elle se lança. La lycéenne raconta le mois passé, les remarques humiliantes, les piques blessantes et les regards noirs dont la chorégraphe l’avait abreuvée.

La femme fronça les sourcils et, dès que sa jeune élève eut fini de parler, empoigna ses épaules. Dianna fixa Emi dans les yeux pendant un instant, avant de commencer à parler.

« Ecoute ma puce, je sais que tu ne vas pas forcément me croire, mais je te jure que c’est vrai. Cette femme, Mlle Morvan, est réputée dans le monde de la danse pour être une connasse finie. C’est elle la méchante dans l'histoire, et elle prend un malin plaisir à rabaisser les danseurs qui sont plus doués qu’elle pour se sentir supérieure. Tu veux savoir pourquoi elle est devenue chorégraphe et pas danseuse pro ? continua-t-elle malgré l’air choqué d’Emilie. C’est parce qu’elle n’est pas excellente. Elle se débrouille très bien, mais elle n’a pas de don particulier. C’est pour ça qu’elle te rabaisse, elle a peur de ce que ton talent peut donner. Lise Morvan a peur que tu ne finisses par la surpasser. »

Inconsciemment, Emilie niait les paroles de sa professeure de la tête. La jeune danseuse ne voulait pas y croire ; Mlle Morvan était à ses yeux la représentation même de la réussite. Elle était parvenue à obtenir un poste et une réputation incroyables !

Voyant qu’elle n’arrivait à rien, Dianna poussa un soupir. Cette demoiselle était aussi têtue que sa mère.

« Bien. Tu ne me crois pas, ce n’est pas grave, mais permet-moi de t’aider. Je vais te donner des conseils concrets, tu veux bien ? »

La jeune fille céda et les deux danseuses se rendirent au studio de danse de la mère d’Emilie.

Les débuts furent compliqués pour la jeune danseuse, car elle avait cette désagréable boule dans le ventre à l’idée de décevoir celle qui lui avait tout appris.

Pourtant, Dianna ne lui fit aucune remarque assassine. Plus Emi dansait, plus elle sentait cette boule partir et la sensation de plénitude s’installer.

La jolie blonde acheva sa danse en même temps que la chanson se taisait. Osant un regard timide vers sa professeure, Emi vit son visage neutre. Elle baissa les yeux.

Soudain, Dianna s'approcha. Et, avant qu’Emi n’ait pu faire le moindre mouvement, elle se retrouva dans les bras chauds de cette dernière.

Son mentor la regarda avec fierté.

« Emilie, ma chérie, je suis tellement émue de voir les progrès que tu as fait en si peu de temps. Si tu étais au début un peu tendue, et donc moins gracieuse, tu as été formidable sur la fin. Je t’assure que tu n’as rien à envier à personne. Et retiens bien cette chose : même si on te fait des remarques assassines, ne les prends pas trop à coeur. Si tu es là où tu en es aujourd’hui, c’est parce que tu le mérites. Franz Silberdorn est un incroyable dénicheur de talent, ne doute pas une seconde que tu y arriveras. On croit tous en toi. »

La jeune fille sentit ses lèvres trembler, et elle fondit en larmes dans les bras de Dianna.

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