chapitre 3

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Troisième sous sol. Après plusieurs heures restées à déprimer et à se regarder, les jeunes femmes décident de se parler. Elles ont envie de savoir si les autres prisonnières en savent plus sur la raison de leur présence dans un tel lieu. Elles se regardent toutes avec un air suspicieux, elles ne se font pas confiance, ignorant tout de la vie des autres.

La seule chose qu’elles ont en commun, c’est leurs grossesses. Et si elles croient ce que leur a dit le directeur, elles ont partagé le même géniteur. Nathalie a du mal à croire que le jeune Loki qu’elle a rencontré, ait pu coucher avec toutes ses femmes et être l’antéchrist. Elle s’assoit sur un canapé entre la jeune rebelle brune et la femme aux cheveux châtains à qui elle a parlé pendant la réunion.

Les trois autres femmes s’assoient en face d’elles. Elle ne sait pas pourquoi, sans doute une intuition, mais Nathalie a l’impression que deux clans viennent de se créer. Elle oublie ses pensées pour se concentrer sur l’instant présent.

Elles commencent par se présenter l’une après l’autre et parlent de leur rencontre avec leur géniteur.

Nathalie apprend que sa voisine de droite est une jeune femme du nom de Catherine Dale, âgée de 25 ans. Elle est enseignante et travaille dans une école primaire. Les enfants ont toujours été sa passion. Elle est mariée mais n’a jamais pu avoir d’enfants avec son mari. Elle a fini par l’accepter et se consacre pleinement à son travail. Un de ses collègues a trouvé la mort dans des circonstances étranges et un remplaçant est arrivé. Il s’agissait d’un jeune homme du nom de Seth Williams.

La plupart des enseignants de son école ont plus de la quarantaine et Catherine a vite sympathisé avec Seth, ayant à peu prés le même âge, ce qui les a rapproché. C’est une femme fidèle, qui a des principes et qui croit en l’amour. Mais pourtant une idylle a fini par voir le jour entre eux. Catherine se sent terriblement coupable. Elle souhaitait rester fidèle envers son mari et ne pas écouter ses pulsions… mais elle n’a pas pu résister.

C’est comme si Seth franchissait chacune de ses barrières. Ils ont passé une nuit très intense après deux semaines de fréquentation. Il a disparu de sa vie le lendemain et un mois après, elle a appris qu’elle était enceinte. Catherine n’a jamais révélé la vérité à son mari, prétextant qu’il s’agissait d’un miracle. Son époux n’a jamais demandé de test ADN, trop heureux à l’idée de découvrir les joies de la paternité. Elle était tranquillement en train de faire les courses lorsqu’elle a été enlevée.

Nathalie se sent un élan maternel. Elle aurait envie de prendre Catherine dans ses bras et de la réconforter. La jeune femme raconte son histoire d’une voix tremblante. On sent beaucoup de peine en elle et on comprend que certaines cicatrices ne sont pas encore refermées.

C’est au tour de son autre voisine, la jeune brune de se présenter. Elle s’appelle Janice Miller, c’est une jeune fugueuse de 19 ans. Elle a quitté sa famille très à cheval sur la religion, après avoir été surprise dans le lit de ses parents avec un garçon. Elle a toujours été en conflit avec sa famille. La jeune femme a décidé de disparaitre avant d’être reniée et de découvrir par elle-même, le but de sa vie.

Mais la chance ne lui a pas toujours sourit. Elle a fini par se retrouver sans le sous et à devoir se livrer à la mendicité. Pour ne plus se sentir seule et ayant besoin de sortir son agressivité, elle a fini par rejoindre un gang de rue. C’est une tête brulée qui n’a pas peur de prendre des risques. Elle accorde peu d’importance à sa vie. Elle voit tout en noir. Pour elle, le monde est pourri et il n’y a rien à y sauver. Janice est trop têtue pour demander de l’aide à sa famille.

Un soir, alors qu’un groupe de garçons a tenté de la violer, un jeune homme blond du nom de Samael est arrivé à sa rescousse et l’a défendu. Il l’a emmené chez lui pour la soigner et Janice était aux anges. C’était la première fois qu’un homme la protégeait et la prenait sous son aile. Elle est restée quelques semaines chez lui et très rapidement, ils ont eu des rapports sexuels. Elle revendique que c’est la première fois qu’elle prenait autant son pied en faisant l’amour.

Comme pour Catherine, l’homme a finalement disparu de la circulation. Lorsqu’elle a appris qu’elle était enceinte, elle a voulu se faire avorter mais n’a jamais réussi à aller jusqu’au bout de sa démarche. Janice ne saurait expliquer pourquoi. En quittant l’appartement de Samael, elle a trouvé une grosse somme d’argent. Grâce à ce pécule, elle a pu prendre une chambre d’hôtel. Elle commençait à peine à prendre ses aises lorsqu’elle a été kidnappée.

A l’inverse de Catherine, Nathalie sent beaucoup de dureté dans sa façon de parler et sur le visage de Janice. Mais elle n’a pas besoin d’être psychologue pour comprendre que ce n’est qu’une façade. Mise en place pour cacher une sensibilité et une grande peur. Elle le sait car elle fonctionne de la même manière. Elle n’a pas envie de se montrer dans un état de faiblesse.

Nathalie sent tous les regards tournés vers elle. La jeune femme comprend le message, c’est à son tour de prendre la parole. Elle sourit d’un air crispé, ne sachant pas par où commencer. Elle se présente comme une étudiante française de 25 ans, qui est venue faire des études d’art aux états unis. Elle a toujours été fascinée par ce pays. Elle avait envie de voir autre chose et de tenter une aventure à l’étranger. Elle a eu un peu de mal à s’intégrer au départ. La jeune femme ne maîtrisait pas très bien la langue de Shakespeare, mais elle a fini par s’y faire.

Nathalie a fait la connaissance d’un jeune homme noir qui a intégré son cursus. Il était très doué en peinture et avait une culture très riche sur les grands artistes des dernières décennies. Ils ont été voir des expositions ensemble et avaient toujours des conversations très intéressantes. Nathalie se sentait comme sur un petit nuage en sa présence. Elle qui n’a jamais eu confiance en elle et qui a toujours été très méfiante envers les garçons, suite à des déceptions très douloureuses. Pourtant cette fois, elle y croyait. Ils ont fini par sortir ensemble et par passer une nuit endiablée.

Comme pour les autres filles, le mystérieux jeune homme du nom de Loki Weaver a disparu de sa vie le lendemain et elle n’a plus jamais eu de ces nouvelles. Lorsqu’elle a appris pour sa grossesse, Nathalie n’a jamais eu la force de se faire avorter. Elle comptait retourner en France pour l’élever mais l’étudiante a été enlevée deux jours avant son vol retour.

La française relève la tête et regarde les autres femmes qui se contentent d’hocher la tête en silence. Si la situation n’était pas aussi dramatique, elle aurait éclaté de rire. Nathalie a l’impression d’être dans une réunion pour les alcooliques anonymes. Elle préfère garder cette pensée pour elle mais au moins elle constate qu’elle a conservé son sens de l’humour.

C’est au tour de l’autre groupe de prendre la parole. La première à raconter son histoire est la jeune bourgeoise. Elle s’appelle Sandra Martins. Sa famille détient 5 grosses sociétés d’assurances et leur fortune est une des plus grandes du pays. Sandra n’a jamais manqué de rien et a toujours obtenu ce qu’elle désirait.

Sans surprise, elle été acceptée à l’université d’Harvard et a intégré une des confréries les plus populaires. Tout le monde était à ses pieds. Les garçons pour obtenir ses faveurs et les filles pour profiter de ses avantages dans la haute société. Sandra est une fille qu’on peut considérer comme très jolie. Elle s’est fait refaire le nez et les seins pour avoir un corps de mannequin. L’étudiante est blasée par tous ses individus qui gravitent autour d’elle. Sandra les appelle les vautours.

Au cours d’une soirée arrosée au sein de sa confrérie, un jeune homme très séduisant lui a apporté un verre de champagne. Sandra s’apprêtait à le repousser mais elle est restée captivé par son regard. Elle avait l’impression de se noyer dans ses yeux. Sandra a fait sa connaissance. Il s’agissait d’un jeune étudiant hongrois du nom de Baal, un aristocrate très séduisant. Sandra était totalement captivée. Il dégageait une aura emplie de mystère. Ils ont quitté la soirée pour passer la nuit chez la jeune bourgeoise.

A son réveil, il avait disparu. Elle a cherché à le retrouver mais aucun étudiant inscrit à la faculté ne ressemblait à son profil. Après avoir appris qu’elle était enceinte, elle a voulu mourir car c’est un déshonneur pour sa famille. Elle a quitté ses études et a rejoint une de ses tantes, dont elle est très proche. Alors qu’elle dormait tranquillement dans son lit, on l’a enlevé et elle s’est réveillée dans ce lieu maudit.

La personne à sa droite est une jeune blonde aux cheveux courts du nom de Carla Torres. C’est une femme de 27 ans, qui habite à New York et qui travaille comme caissière dans un supermarché, en attendant de décrocher des rôles en temps qu’actrice. Elle ne désespère pas, mais n’a pas obtenu de résultats concluants pour l’instant. Elle vit en colocation avec une étudiante cambodgienne du nom de Jade. Un soir, elle a suivi son amie en boite de nuit. Carla adore la vie nocturne et se déhancher sur de la bonne musique. Elle a eu une relation de 5 ans avec un médecin et à la fin de leur relation, elle est tombée en dépression. Il lui a fallu beaucoup de temps pour qu’elle reprenne le dessus. Carla s’est promise de ne plus ressortir avec un garçon pour le moment. Et pourtant lors de la soirée, elle a fait une connaissance qui a tout changé.

Normalement, elle se serait détournée en se disant qu’elle a encore affaire à un pervers mais pas cette fois. Elle ne sait pas vraiment ce qui s’est passé mais l’instant d’après, elle avait traversé la piste de danse et l’avait rejoint. C’est comme si elle était hypnotisé. Il lui a sourit et lui a dis des mots gentils qui l’ont charmé. Elle a dansé avec lui, se trémoussant à ses cotés. Il lui caressait le corps avec ses mains douces. A chacun de ses contacts, la jeune femme ressentait une pointe de désir parcourir tout son corps. Elle frissonnait de plaisir. Carla a quitté la boite de nuit en sa compagnie et a passé la nuit dans un hôtel. Alors qu’elle s’était promise de ne jamais faire partie de ces filles qui couchent dés le premier soir. A son réveil, son mystérieux amant du nom de Zael avait disparu. Lorsqu’elle a appris qu’elle était enceinte, elle est retournée vivre chez sa famille. On l’a enlevé alors qu’elle rangeait sa chambre.

La dernière personne s’appelle Amy Wells. C’est une jeune femme de 18 ans qui parait renfermer sur elle-même. Elle jette des regards alarmés sur les autres femmes, comme si elle avait peur qu’on s’en prenne à elle. La jeune fille bredouille qu’elle a depuis toujours des problèmes d’ordre psychologique. Elle n’arrive pas toujours à faire la part des choses entre la réalité et l’imaginaire. Ce qui lui a causé de nombreux soucis par le passé. Ses parents n’en pouvant plus, ont décidé de la placer dans un institut de soin. Amy a fini par se renfermer totalement, ne faisant confiance à personne. Amy était persuadée que ses parents voulaient se débarrasser d’elle car elle était un poids pour eux.

Le jour où le personnel de l’institut devait venir l’emmener. Une personne est venue lui rendre visite alors qu’elle était assise dans la balançoire du jardin. Il s’est présenté comme étant un ami de Teddy (qui est l’ami imaginaire d’Amy depuis ses 5ans). La personne était un jeune homme d’une vingtaine d’année qui est venu pour la sauver. Il lui a dit qu’elle n’était pas folle et qu’elle ne devait pas obéir à ses parents. Au départ, Amy ne l’a pas cru mais il lui a prouvé qu’il pouvait faire des choses extraordinaires. L’homme du nom d’Az pouvait voler et créer du feu dans sa main. Amy était convaincue qu’il s’agissait d’une divinité venue la sauver. Ils ont fui pendant plusieurs jours et un soir, alors qu’ils dormaient dans une forêt, ils ont fait l’amour. A son réveil, le mystérieux Az avait disparu.

La police l’a retrouvé alors qu’elle errait seule dans la forêt. Elle a été placée de force dans l’institut par les autorités. La jeune malade avait fini par croire que tout ce qu’elle avait vécu n’avait été que le fruit de son imagination. Jusqu'à ce que son ventre grossisse et qu’elle soit prise de nausée. Quelques mois plus tard, on l’a enlevé au moment où elle était en train de faire une promenade dans la cour de l’établissement.

A la fin de son histoire, les six femmes se regardent, dans l’espoir que l’une d’entre elles aient une explication rationnelle à tout ce micmac. Mais personne ne prend la parole, ni ne tente d’apporter une hypothèse. Le silence est pesant, Sandra finit par se lever et par pousser un juron sous le coup de la colère, avant de dire :

- C’est n’importe quoi ce délire, je vais devenir folle si je reste plus longtemps ici !

- Calmez-vous. Ce n’est pas bon de vous surmener dans cet état dit Catherine.

Sandra lui jette un regard noir et ne prend même pas la peine de lui répondre. Carla prend la parole à son tour :

- D’après ce qu’ils disent, nous aurions été séduites par la même personne. Alors que là, nous avons des profils d’homme totalement différents. Cela n’a aucun sens.

- On est tombé dans une secte de taré ! Faut qu’on se barre d’ici et en vitesse ! s’exclame Janice, levant les mains au ciel.

- Mais si on y réfléchit. Les prénoms de ces hommes sont tous liés dit Catherine, la bouche ouverte, réalisant quelque chose.

- Qu’est ce que tu racontes ? demande Sandra, n’y comprenant rien.

- Seth, Samael, Loki, Baal, Zael, Az. Cela ne vous dit rien ? demande Catherine, surprise d’être la seule à y voir un message.

Toutes les filles présentes dans la pièce secouent négativement la tête et attendent avec impatience son explication.

- Franchement non ! s’exclame Carla.

- Tu peux en venir en fait dit Sandra, sur un ton cassant.

- Ce sont des prénoms utilisés dans différentes religions pour désigner une seule et même personne.

- Satan s’exclame Nathalie, les yeux écarquillés, comprenant où veut en venir sa voisine.

Catherine se tourne vers elle et acquiesce gravement de la tête, sans rien ajouter.

- Vous pensez que Satan existe vraiment et qu’il aurait pu nous faire ça ? demande Carla, n’arrivant pas à croire qu’elle s’exprime à haute voix.

- Désolé, moi je suis athée dit Nathalie, qui sentait le regard de Catherine sur elle.

- Pourquoi Dieu aurait laissé faire ça ? Si Satan existe, Dieu doit l’être également, non ? demande Amy.

Un silence pesant s’installe à nouveau, personne n’a de réponse à apporter.

- Oh, ça me saoule !, Il me faut une clope s’exclame Janice, en se levant d’un coup.

- Je ne crois pas qu’ils t’en donneront une lui dit calmement Catherine

- Je m’en doute. Les fumiers ! Je suis sûr qu’ils sont en train de nous regarder et qu’ils prennent leurs pied gronde Janice.

- Oui, c’est sans aucun doute le cas dit Nathalie, jetant des coups d’œil furtifs autour d’elle.

La française lève la tête et regarde le plafond à la recherche d’une caméra. Elle n’en voit aucune mais se doute qu’ils ont dû les cacher. Ce sont des professionnels et ils semblent avoir des moyens financiers et matériels très importants. Il ne s’agit pas d’un enlèvement par des amateurs, mais bien d’hommes à la solde du gouvernement. Nathalie a l’impression que tous ses mouvements sont épiés et c’est une sensation très désagréable.

Plusieurs micro cameras ont été placé dans chaque recoin de la pièce. Chaque cm² de la pièce est sous surveillance. Au niveau du deuxième sous-sol du complexe, se trouve une salle où sont diffusées les images transmises par les caméras. Le docteur Diezel est assis devant les moniteurs et suit avec attention les conversations des jeunes femmes. Il touche à une molette qui permet de zoomer et fait un agrandissement sur le visage songeur de Nathalie.

Le docteur ne saurait dire pourquoi, mais parmi toutes ses femmes, c’est elle qui attire son attention. Il l’a trouve très séduisante, mais mis à part ce détail, il a le sentiment que c’est la personne qu’il lui faut pour mener à bien son opération. Nathalie semble être une meneuse née. Le docteur ne préfère pas s’emballer pour le moment, il verra bien avec le temps si son pressentiment était le bon.

Des coups sont frappés à la porte. Diezel s’empresse d’éteindre le moniteur avant de se tourner vers la porte. Un agent entre dans la pièce. Sur ordre du directeur, il vient récupérer les cassettes d’enregistrement. Il les lui remet les cassettes avant de lui dire :

- Dites lui que je commencerai les tests à partir de demain.

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