Cinquante-sept ans,...Duchêne, Pierre de son prénom avait envisagé une pré-retraite, il y a deux ans.

Je vais me faire chier ! ... avait-il conclut brutalement, en se donnant trois ans de plus pour réfléchir.

Il ne voyait plus ses enfants depuis longtemps et avait renoncé à une nouvelle, et improbable histoire, considérant avec gravité, les échecs récurrents dans ce registre là.

Il avait fini par s'y faire.

Plus besoin de simagrés et autres grimaces pour faire bonne figure, avoir l'air jeune, ou même, sûr de lui.

Il ne ferait plus le moindre effort pour ça. Trop fatiguant.

Il y avait pourtant eu cette anglaise, pendant son séjour,...Bon,...une histoire sans conséquences...

Depuis son arrivée discrète, un soir de week-end, il s'était baladé dans le quartier et alentour, reniflant l'ambiance, les oreilles grandes ouvertes,.... On devinait une tension palpable dans l'air, depuis les évènements qui avaient démarrés au début du printemps.

Les autorités tentaient de couvrir la psychose galopante, par des communiqués laconiques et rassurants, et en dépêchant toutes sortes d'experts, auprès des familles. Elles seraient reçues prochainement à l'Elysée par le Président lui-même.

Duchêne restait dans l'ombre, juste ce qu'il fallait, laissant les autres sous les projecteurs. Lui se fondait dans la masse, et récoltait tout ce qui pourrait servir à son enquête.

Il commença par faire ses courses dans le quartier, notamment à la supérette près de son nouvel appart.

St Pierre était un village dans la ville, avec sa mairie et son quotidien de petit bourg.

Moins réjouissant : il avait rendez-vous avec le légiste cet après-midi.

Même en trente ans de carrière, il ne s'y faisait toujours pas.

Il ne s'y ferait jamais.