Dimanche 03 mars 2019

Une minute de lecture

Parfois Gaston semble se rendre compte que je suis en train de lui échapper. Il utilise alors ses petites méthodes de manipulation, éventées maintenant. Il affiche une sollicitude étudiée et une dose de chantage affectif.

Il commence avec "Non mais tu ne comprends pas, c'est que je m’inquiète pour toi, MOI". Parce que c'est bien connu que je suis une débile profonde et donc quelle que soit la situation je ne comprends jamais rien. Et puis il y a toujours ce "moi" bien appuyé qu'il affectionne particulièrement. Histoire de bien marquer la différence entre son bienveillante inquiétude et ma criminelle indifférence.

Il y a aussi le "On dirait que tu ne m'aimes plus comme avant" à traduire "Tu ne fais plus mes quatre volontés" parce que je suis moins disponible, je me laisse moins faire, je me défends, je ne mendie plus son attention. Car selon lui si je l'aime, je dois être en permanence à son écoute, le servir, faire tout ce qu'il veut, comme il le veut, quand il le veut et sans le contredire. Et en prime être contente de le faire.

Bref, il ne s'inquiète que quand son petit confort est mis en danger. Alors il essaye de m'endormir avec de belles paroles. Il s'imagine qu'il va pouvoir tout régler en quelques mots ou d'un coup de braguette magique. J'hésite entre en rire et le secouer un bon coup mais je sais que l'un comme l'autre ça se retournera contre moi alors je me tais.

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