Lundi 04 février 2019

2 minutes de lecture

Un jour, il va finir par me frapper.

Jamais je n'aurais cru écrire ces mots-là. Mais je commence à voir des choses que je ne voyais pas avant...

Alors oui, forcément après avoir osé mettre la question de l'argent de sa moto sur le tapis, je m'attendais bien à devoir le payer d'une manière ou d'une autre. Mais si hier, je n'étais pas prêtre pour sa réponse, aujourd'hui je n'étais pas prête pour sa réaction.

J'aurais dû pourtant. La violence du regard qu'il m'a lancé aurait dû m'alerter. Depuis qu'on a déménagé, depuis que je suis totalement à sa merci, ses crises de colères sont de plus en plus intenses.

Jusque-là je courbais l'échine, je fermais les yeux et j'attendais que ça passe. C'était la seule manière d'avoir la paix. Quand un homme de sa stature, taillé comme un tronc d'arbre d'un mètre quatre-vingt-dix te dit "Ferme ta gueule" ou "Je ne veux rien savoir" ou même "Un de ces jours tu vas finir par m'énerver bien correctement", tu apprends à te taire. Même si tu as raison ou même s'il est insultant, tu comprends vite qu'il vaut mieux baisser les yeux et ne pas trop la ramener.

Malgré tout à la question "Est-ce qu'il irait jusqu'à me frapper ?", la réponse était bien évidemment non.

C'était pour moi une évidence qu'il ne voudrait aller jusqu'à cette extrémité-là. Qu'il est ne fut-ce que trop conscient de l'image négative que renvoie un homme qui frappe sa compagne. Et puis ça laisse des preuves, des passages en hôpitaux, des rapports médicaux. Alors qu'actuellement je ne suis qu'une folle, une rageuse, une hystérique, une aigrie ou peu importe le terme qui lui convient. Il n'y a aucune justification, aucune trace. C'est sa parole contre la mienne.

Mais ça c'était avant,

Parce qu'aujourd'hui j'ai fait quelque chose que je n'avais jamais fait. Je n'ai courbé l'échine qu'en façade mais j'ai gardé les yeux grands ouverts et braqués sur lui. Et je l'ai vu, vraiment vu.
Son visage déformé par la colère, les yeux brillant de fièvre, les narines dilatées, les poings fermé sur ses cuisses, les jointures blanchies de les avoir trop serrés,

Il avait envie de me frapper… tellement envie qu'il était obligé de se forcer pour se retenir...

Comment j'ai fait pour ne pas voir ça avant ? Comment j'ai fait pour ne pas m'en rendre compte ?

Et j'ai une certitude maintenant... la question n'est plus s'il me frappera un jour mais QUAND il le fera....
Et cette constatation me brise encore un petit peu plus.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Adélaïde Vesler ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0