4.3 Trouver du courage

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Dix mois depuis la nuit de trêve. Une semaine que je dors dans le lit à côté de Solène. Trois jours depuis le gala. Le temps défile et les choses changent puis reviennent. Sophie vient déjeuner. Sans prévenir et sans raisons, elle me frappe au visage en entrant. Elle est d'une humeur exécrable. Un de ses reproducteurs s'est enfui. Il a été kidnappé comme une de ses Zêtas il y un mois.

Sophie se promenait tranquillement dans son jardin avec lui quand une troupe armée est arrivée, a embarqué le jeune homme et a disparu. L'intervention n'a duré que deux minutes. Sophie a eu beau crier, ses soldats pourtant proches n'ont pas pu arriver avant la fuite. Le collier de contrôle n'a pas fonctionné. Elle a perdu la trace de son reproducteur. Je comprends d'après les paroles de la Vice- Suprême qu'il s'agit probablement de Romuald.

Sophie ignore qui est derrière ces deux kidnappings. Les rares soldats arrivées sur place à temps pour intervenir se sont faites laminées au combat au corps à corps. Elles ont volées dans les airs, impuissantes face à des personnes tout de noir habillées et incroyablement rapides et douées en combat. Sophie suspecte les rebelles tout en s'interrogeant sur l'incroyable efficacité quasi militaire du commando. Les dissidents ne sont pas formés au combat de cette façon et les troupes militaires sont dévouées aux Alphas et ne commettraient pas de tels actes. Cette technique de combat est inconnue des forces de police.

Une unique soldate a tenu le choc face aux agresseurs mais seule contre cinq, elle n'a pu faire grand chose. C'est la seule qui possédait la vitesse et la souplesse des kidnappeurs. Cette technique ancienne n'a été enseignée que durant une vingtaine d'années dans l'Etat 12, très loin d'ici. Son apprentissage a été interdit dans la jeunesse de Sophie, car jugée trop violent. Les disciples étant capables de tuer sans autres armes que leurs mains et leurs pieds. Sa soldate est née et a été formée là bas, à contrer cette technique.

Je réalise qu'Alpha Inès a surement encore frappé et utilise ses troupes contre Sophie. Aucune Alpha n'a jamais osé attaquer une autre à ma connaissance. C'est osé et très dangereux. Je me demande pourquoi et surtout comment elle peut prendre ce risque. Toutes les autres Alphas désapprouveraient et s'allièraient contre elle si elles savaient. Je garde l'information pour moi. Après tout, Inès, si c'est bien elle, a sauvé une femme, son bébé à naître et un reproducteur de la tyrannie de Sophie. Je ne suis pas sur de moi et puis de toute façon, tout ce qui contrarie Sophie est bon à prendre.

Sophie crie sur Solène, lui ordonne de prouver qu'elle est bien enceinte. Sinon elle me récupère. Je ne comprends pas d'où peut venir cette idée. Solène est vierge. Sophie m'arrache ma chemise et veut me dénuder. Elle veut obliger sa fille à coucher avec moi devant elle. La vice suprême attrape le fouet, me frappe et me tape avec ses pieds. Elle se tourne vers Solène et lève le bras armé du fouet. Sophie va frapper Solène. Je m'interpose sans réfléchir.

Je bouscule la Vice Suprême en lui donnant un coup-de-poing dans le ventre. Sophie essaye de m'éviter pour cogner sa fille. Malgré le fait qu'elle m'envoie des décharges, je protège Solène. Elle détourne sa colère et s'acharne sur moi, jusqu'à ce qu'elle fatigue. Elle s'épuise et reprend son souffle. Elle s'en va, furieuse.

— Je ne te fais pas tuer de suite parce que tu as protégé Solène et qu'elle est peut-être enceinte si j'en crois ses propos au soir de gala. Et puis j'ai beaucoup de choses à faire dans les prochains mois. Mais rendez-vous dans deux mois petit con. Tu payeras pour ton comportement.

Solène est prostrée par terre. Je veux l'aider à se relever. Elle me repousse. Nous nous disputons. Elle aurait voulu que je laisse sa mère la cogner. Solène la connaît depuis presque vingt ans. Sa mère ne lui aurait donné qu'un coup. Maintenant, elle est furieuse et me le fera payer dans deux mois.

Je me mets à crier sur Solène et lui reproche d'admirer Alpha Inès et de rester inactive contre sa mère. Je l'insulte de laisser ce monstre maltraiter les gens sans s'y opposer. Solène me gifle. Je continue de lui hurler dessus. Je lui dis qu'elle ne sait pas ce que c'est que d'être esclave. Je lui dis qu'elle me dégoûte et la repousse violemment.

Trop violemment. Solène percute le mur derrière et s'écroule comme une poupée de chiffon. Elle reste inerte au sol. Je me précipite. Je ne voulais pas ça. Je ne voulais pas faire de mal à Solène. Je lui parle et n'obtient aucune réponse. L'arrière de sa tête saigne légérement. Je contrôle sa respiration et son cœur. Elle est vivante, juste KO. Inquiet mais soulagé, je la porte au lit.

J'ai envie de m'enfuir devant les menaces de Sophie. Si je sors la sécurité va se mettre en route. Je ne sais pas où aller. Je n'ai rien préparé. Je n'ai aucune chance si je pars maintenant. J'enlève le bracelet de gestion du bras de Solène. Je pourrais sortir toutefois, je serais localisable. Si je me libère des entraves, je serai vite repéré. Si j'en garde une, je serais répérable facilement. Je cogite.

Solène se réveille. J'ai peu de temps. Elle est en robe courte, si jolie. Je panique. Je prends une décision folle. Elle ne sait pas ce que c'est que d'être esclave. Elle va l'apprendre. J'ai deux mois pour lui apprendre avant de fuir. À l'aide de son bracelet, je déverrouille mon premier bracelet. J'ai trente secondes avant de devoir le poser et le refermer. Je l'enlève et le pose sur Solène. Un bracelet à la fois, je fais de même. Je lui remonte doucement la robe sur les cuisses pour transférer les deux entraves hautes des jambes. Bon sang ! Qu'elle est belle.

Je n'ai plus que le collier. Je dois faire vite pour celui-là. Je n'ai que quinze secondes avant que ça sonne. Je reprends ma respiration. Je suis fou. C'est du suicide ce que je fais là. Je soulève la tête de Solène. J'enlève ses cheveux de son cou et les étale au-dessus de son crâne. Une drôle de version de la belle au bois dormant. J'effleure ses lèvres tandis qu'elle est inconsciente, comme pour lui demander pardon de mon geste.

J'appuie pour le déverrouillage et compte pour le collier. Quinze. Je le détache de mon cou. Dix, je le pose sur le cou de Solène. Cinq. Je le glisse autour et le mets en position de verrouillage : quatre, trois, deux, un. C'est bon ! Juste à temps, mais j'y suis arrivé.

Je vais chercher de la glace dans la cuisine. Je lui masse doucement le crâne à l'endroit où elle s'est cognée. Je suis assis à côté d'elle. Solène se réveille, groggy. Elle voit son bracelet à mon poignet, mes entraves sur elle. Elle commence à paniquer et part en courant. La première décharge la choque dans le jardin. Ça lui coupe la voix quelques secondes. Avant que quelqu'un nous aperçoive, je la soulève et la ramène à l'intérieur.

— J'ai deux mois pour t'apprendre ce que c'est que d'être esclave. Deux mois avant de fuir ta monstrueuse mère. Deux mois pour reprendre des forces et me soigner. Maintenant et pendant deux mois, c'est toi qui vas obéir ou être punie.

Solène est terrifiée. Je verrouille la porte et change le code d'accès. J'éteins son ordinateur et modifie également ses codes d'accès. Fermant les volets, je l'enferme dans la maison sans pouvoir prévenir qui que ce soit. Par sécurité, j'enlève les couteaux et objets contondants, les enfermant dans un placard à clé.

Je vais prendre une douche et soigne mes lacérations. Je sors me mettre en pyjama. Solène est toujours dans le couloir, prostrée contre le mur. Elle ne pleure pas. Elle semble réfléchir, dans un état second. Je me fais à manger et pose une assiette par terre pour elle, sans un regard.

J'ai honte. Je suis en colère en même temps. Mon cerveau n'arrive pas à se décider. C'est sa semaine de fécondité. Cette fois, je ne subirais pas de décharges. Je détache le calendrier du mur du salon et le range dans un tiroir. Je mange tranquillement devant la télévision. Je vais dormir dans la chambre et fais une merveilleuse grasse mat.

Le lendemain, je réfléchis. Hier soir, j'ai gagné du temps. Je ne peux pas fuir pour l'instant. Je n'ai pas de ressources. Pas de lieu où aller. Pas de plan. Je n'irais pas loin avec mes blessures. Je me ferais très vite repérer. Si on me retrouve, je ne donne pas cher de ma peau. J'ai deux mois pour me préparer. Je fais la liste des ressources de première nécessité. Vêtements, nourriture, médicaments. Comment me les procurer sans attirer l'attention. Je recherche des informations sur où aller par Internet.

Solène a mangé et dormi sur le canapé. Elle est furieuse contre moi. Elle me balance des objets au visage de colère. J'ai envie de me venger. Je saisis le fouet. Je lui ordonne de venir. Je fais claquer le fouet dans les airs et brise un vase d'un coup sec. Je lui ai fait peur. J'oblige Solène à ramasser. Je lui fais retirer sa jupe. Je voulais la fouetter de rage.

Je ne peux pas. Ses fesses sont si belles. Je ne peux pas lui faire de mal. C'est au-dessus de mes forces malgré ma colère. Je la saisis violemment par les hanches et m'assois sur le canapé. Mon poids l'entraîne. Je la fais basculer sur moi. Elle est allongée sur le ventre, sa tête et ses pieds dans le vide, ses fesses sur mes genoux. Je suis toujours en colère contre elle.

Je menace de lui faire goûter du fouet. Elle est terrifiée. Je lui donne des petites claques sur les fesses, pas fortes. Je ne veux pas lui faire mal, juste la punir. Solène sursaute et pousse des petits cris, pas de douleur, de peur. Mon envie de coup s'estompe vite. Je ne prends pas de plaisir à lui faire mal.

Mes claques deviennent des caresses. Je me recule pour qu'elle puisse prendre appui et s'allonger sur le canapé. Je l'oblige à rester sur moi. Immobile tandis que je lui caresse les fesses, les cuisses et le dos. Elle se calme peu à peu. Moi aussi. Elle est si belle. Mon entrejambe se réveille. Il ne faut pas.

J'allume la télévision. Il y a un reportage sur Inès. Une sorte de résumé des derniers événements. Une femme s'est suicidée devant elle lors d'une réception. Il y a une enquête. Il y a un mois, un homme agonisant a été trouvé au domicile de la suicidée. La femme qui s'est suicidée et l'ex Alpha Cassandra aurait torturé des hommes, dont le compagnon d'Inès.

Les journalistes filment la maison d'Inès. Elle est en train de fouiller les documents et DVD trouvés. Elle sort en larmes. Elle se dispute avec son compagnon. Ce qu'elle a dû découvrir doit être horrible. Il est tendre avec elle. Il finit par la calmer et la ramener à l'intérieur en la portant dans ses bras. Trois semaines se sont écoulées depuis ces images.

Alpha Inès était si calme au gala et si vindicative en même temps. Comme si elle soupçonnait Sophie d'avoir participé aux tortures évoquées. L'étreinte entre Inès et son reproducteur me rappelle les premiers jours avec Solène. L'effet qu'elle me faisait. Me souvenir de cette période et de tous les bons moments me rend triste. Je m'aperçois que malgré tout ce qui s'est passé, je tiens à Solène tout en la détestant.

Sans un mot, je continue de flatter le dos et les fesses de Solène. Je suis délicat. Je visualise de nouveau toutes les choses que j'avais envie de lui faire au tout début. Le plaisir que j'ai eu en lui faisant des cunnilingus. Mon désir qui venait tout seul sans besoin de stimulation. Ma jalousie quand je voyais d'autres hommes reluquer Solène. Ce temps où j'étais heureux et voulais faire l'amour à ma jolie blonde. Les larmes me viennent aux yeux.

Je glisse mes bras sous Solène et la soulève. Je me lève et la bascule sur mon épaule pour la porter dans la chambre en lui tapotant les fesses. Je la jette sur le lit. Solène veut fuir. Je la plaque sur le ventre d'une main et l'immobilise. Je m'assis près d'elle, lui caresse les fesses. Elle se calme et reste immobile.

En pleurant, je remémore à Solène nos deux premiers mois. Les moments de tendresse, de complicité. L'effet qu'elle me faisait. Nos baisers. La fois où on a failli le faire sous la douche. Je lui dis combien j'avais envie d'elle à ce moment-là. Combien j'avais envie de la rendre heureuse, de lui donner du plaisir. Je voulais être un bon reproducteur docile et aimant. Je ne voulais pas voir sa mère la frapper.

Avouant à Solène combien les coups de sa mère m'ont fait mal et à quel point sa colère juste après m'a dévasté. Les décharges pas si douloureuses, mais qui m'ont brisé le cœur. Mon désir qui a disparu. Notre rapprochement lors du discours d'intronisation d'Inès. Ses petites joies à chaque diminution du nombre d'entraves. L'existence du bracelet de gestion masculin. Je lui rappelle tous les moments heureux. Je la caresse doucement. Elle pleure également.

Mon pantalon ne réagit pas. Je n'ai plus envie. J'enlève le débardeur de Solène et me mets en sous-vêtements. Je m'allonge sur elle. Elle croit que je vais la violer comme sa mère a fait violer la Zêta. Je la rassure. Je lui dis que je n'ai plus de désir. Je veux juste sentir sa peau contre la mienne, une dernière fois, comme au début, avant de préparer ma fuite. On finit par s'endormir en pleurant tous les deux. J'ai l'impression désagréable d'avoir commis la plus grande erreur de ma vie en lui posant mes entraves.

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