Épopée: Chapitre II

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II. On commence les présentations :

Quatre aventuriers étaient assis autour d'une table de l'auberge La bonne bidoche. Personne n'avait rien dit pour l'instant et tous se jaugeaient du regard.

Il y avait l'homme au visage masqué, calme, les coudes posés sur la table mais toujours aussi mystérieux. Un jeune chevalier au visage fin était assis à sa droite. Sa peau bronzée aux reflets dorés indiquait ses origines estiennes. Ses cheveux noirs de jais relevés en queue de cheval, sa splendide armure de plaque parfaitement lustrée et son regard débordant de fierté trahissait quelques ascendances nobles. En face du chevalier, était assis un ouestar à en juger par sa forte stature ainsi qu'à son teint hâlé et buriné. Des cheveux en brosse surmontaient son visage large et anguleux. Il affichait un léger sourire narquois barré d'une cicatrice au coin gauche de ses lèvres. Équipé d'une armure complète en cuir et de bottes en peau, une hache à double tranchant était posée à côté de lui sur le bord de la table. Venait ensuite un mercenaire. Un homme dans la fleur de l'âge, l'air détaché. Un ancien membre de la Garde Pourpre d'après l'insigne sur son épaule droite. Il portait une armure de cuir écarlate doublée de maille, un pantalon souple et des bottes de combat cloutées.

L'homme à l'écharpe prit alors la parole :

— Voici donc notre petite assemblée au complet ! Permettez-moi de faire les présentations...

Les autres hochèrent la tête sauf le grand à la hache qui poussa un grognement d'approbation.

— Je vais donc commencer par sire Elio Kalos, il montra le cavalier qui se redressa encore plus sur sa chaise. Chevalier du Royaume de l'Est au service de son Roi, Achab le Juste. »

La mine du jeune homme s'assombrit soudain, il dit :

— Était au service du Roi Achab. Il est mort voilà cinq jours et j'ai souhaité m'éloigner du Royaume le temps que l'élection du nouveau souverain se fasse.

— Des élections ? Questionna le barbare.

— Oui, c'est une pratique de mon Royaume, le roi est élu par l'Assemblée du Consulat composé de tous les représentants de toutes les classes du royaume. Mais cela prend du temps comme vous pouvez vous en douter et j'ai donc préféré partir...

— Bon, continuons, coupa l'encapuchonné. Voici Orm dit le Massacreur, l'Impitoyable, l'Indomptable, le Fléau des plaines, le Vent d'Ouest ou encore le Laboureur.

— Le Laboureur? Drôle de surnom... releva Elio.

— Quand tu me verras utiliser ma hache, tu comprendras, fit le barbare d'une voix à faire trembler les murs. Quant à toi, je te connais, il pointa Anton du menton.

— Possible. Anton Sang-d'Acier, mercenaire.

— Anton à la Faucheuse ? Le dernier représentant de la Garde Pourpre ?

— Exact maître Kalos, dit l'inconnu à l'écharpe. Nous en venons à moi. Je me nomme Jambar, baroudeur aux multiples talents.

— Maintenant que les présentations sont faites, enchaîna Elio, peut-on savoir pourquoi nous sommes là ?

— Très juste chevalier. Si j'ai convoqué d'aussi illustres personnes, c'est pour une quête de première importance.

Jambar marqua une pause et fit le tour de la table du regard pour souligner l'effet dramatique avant de lâcher d'un ton théâtral :

— Nous allons tuer le Seigneur Noir ! »

Il y eu un grand silence où tous fixaient Jambar, interdits, même le brouhaha de l'auberge sembla s'estomper devant l'énormité de cette déclaration. Puis les autres éclatèrent de rire devant un foulard à la mine déconfite.

— C'est tout ? s'esclaffa Orm la larme à l'œil. Juste en tuer encore un ?

— Si ce n'est que ça, autant m'en charger tout seul, renchérit Elio. C'est lequel cette fois ? Celui de la Tour de Ténèbres, du Donjon de la Mort ?

Anton se tourna vers le chevalier :

— Attends, ils ne sont pas déjà morts ceux-là ? Je crois que Dreymoris de la Tour des Ténèbres a été vaincu il y a deux mois...

Elio réfléchit un instant en se grattant le menton puis s'exclama :

— Oui ! Tu as raison ! Occis par Goderyc le Haut. Sale affaire, la Tour s'est effondrée sur eux...Dégât des eaux il paraît.

Jambar croisa les bras et s'appuya sur sa chaise

— Des Terres Bannies, dit-il simplement l'air grave.

Personne ne rit cette fois. Finalement, ce fut Anton qui rompit le mutisme ambiant.

— Ahem...Jambar, vous...

— Voyons, nous pouvons nous tutoyer maintenant.

— ...Tu as conscience de ce que cette quête représente ?

— Oui, répondit aussitôt Jambar. Détruire la pire calamité qui ce soit abattue sur les Quatre Royaumes.

— Certes, mais au-delà du côté héroïque...

Orm prit alors la parole en posant un coude sur la table :

— Ouais parce que c'est très beau de tuer le méchant et de rentrer en héros mais là ce n'est pas le même niveau qu'un sorcier lambda avec dix goules dans une tour en ruine. On est sur du vilain cossu, du type que personne n'a encore osé affronter. On parle du tout premier des Seigneurs du Mal !

— Tu oublies le désert de plusieurs centaines de kilomètres qui entoure sa forteresse, rajouta Elio. Il paraît qu'il a rasé des villes entières en réduisant la population à l'état de monstres sans cervelle. Mais bon moi personnellement le ''côté héroïque'' me suffit donc...

— Le Royaume du Nord a eu beaucoup de mal à limiter sa progression par la construction de la Muraille il y a trois-cent ans, continua Anton. Les mages nordiens ont même tellement forcé sur les enchantements qu'on peut la voir briller la nuit ! Et malgré le temps et la puissance de la magie employée, son influence est loin d'avoir diminuée.

— Je sais tout ça mieux que quiconque, fit calmement la voix de Jambar sous l'écharpe. J'ai également de nombreux contacts, tous prêts à nous aider dans notre entreprise.

Orm se racla la gorge :

— Bon, tout a l'air parfaitement préparé. Cependant j'ai une dernière question qui est de toute première importance...Combien ?

Jambar sembla ne pas comprendre. Orm reprit, un sourire immense sur le visage :

— Combien d'or ? Parce que c'est beau de débarrasser le Monde d'une calamité mais je ne le fais pas gratuitement. Tu nous as promis une coquette somme à l'arrivée mais en bon professionnel je demande combien précisément.

— Trois mille centrians d'or chacun.

Une lueur scintilla dans les yeux du colosse. Anton émit un sifflement d'admiration. Elio haussa les épaules en hochant la tête.

L'homme de l'Ouest frappa de son poing sur la table avec un rire gras.

— Admirable ! Et bien nous voilà prêts à entreprendre la plus grande quête que les bardes n'aient jamais contés ! Je vois déjà la publicité que ça va me faire. Peut-être même un nouveau surnom...

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