L'Art de la Guerre

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Sun Tzu l'a dit : " Savoir faire sortir le courage et l'intrépidité de la poltronnerie et de la pusillanimité, c'est être héros soi-même, c'est être plus qu'un héros, c'est être au-dessus des intrépides. "

Le courage n'est que la manière de faire face à sa poltronnerie.

Le courage n'existe pas, si la peur n'existe pas.

Alors soyons courageux et vainquons la peur.

L'inspecteur contemplait le corps en silence.

Il n'avait jamais vu cela en deux cents ans d'existence.

Là, il était dérouté.

" Un nouveau loup, Ghost ?

- Plutôt un démon."

Les deux policiers se regardèrent fixement, mais ils n'avaient nulle envie de rire.

Un démon ?

Sun Tzu l'a dit : " Tout le succès d'une opération réside dans sa préparation. Celui qui n'a pas d'objectifs ne risque pas de les atteindre."

C'est juste ! Il faut se préparer pour être vainqueur !

Se préparer minutieusement et avoir un plan avec des objectifs clairs.

Alors préparons et soyons vainqueurs.

" Le cheval a été blessé aussi. Des griffures sur le corps mais il va bien," fit l'inspecteur en tirant sur ses favoris, si noirs et si touffus.

Cela montrait son désarroi.

Lyster savait maintenant.

Lui tirait sur ses favoris et elle jouait avec ses cheveux lorsqu'ils étaient concentrés.

Pour faire bonne mesure, la policière secoua ses cheveux devenus aussi sombres que la châtaigne.

" Le type a eu la tête carrément explosée ! Merde Ghost ! Je ne vois pas comment on peut faire exploser la tête d'un type !?

- Une bombe dans la bouche ?"

C'était rare que l'inspecteur sorte une bourde, mais cela arrivait.

Le lieutenant regarda son collègue fantôme avec un petit sourire désolé.

Le fantôme se rembrunit et se reprit :

" Oui, bon. Je cherche.

- C'est bien, Ghost ! C'est bien."

Et s'il n'était pas physiquement douloureux de toucher Ghost, Lyster aurait posé sa main sur son épaule pour le réconforter...et le moquer...

Sun Tzu l'a dit : " Connais l’adversaire et surtout connais-toi toi-même et tu seras invincible.”

Je connais si bien l'adversaire !

Trop bien.

Je n'ai aucune empathie pour lui.

" Si l'on est compréhensif, on sera tourmenté", selon Sun Tzu.

Pas de risque que je le sois.

" La victime est un Directeur des Ressources Humaines. Monsieur Jérôme Gembrel, annonça Lyster en consultant le rapport tout frais, posé sur son bureau.

- Un DRH ? Monsieur Gembrel aimait les pataches ?

- Les pataches ?"

Le fantôme leva les yeux au ciel, oubliant parfois que son langage avait vieilli.

" Les chevaux !

- J'adore ce mot ! Un patache ! Oui, vieux cogne, le cave aimait les pataches !"

L'inspecteur contempla sa collègue avec des yeux ronds pour finalement sourire largement.

" Mais c'est qu'on en viendrait presque à jaspiner l'argomuche ? Pour un peu, j'en viendrais à te baiser au derrière, le quart-d'oeil. [te remercier, le commissaire] "

Là, Sylvie Lyster ne comprit rien de ce que l'inspecteur venait de dire.

Et il se mit à rire furieusement.

Sun Tzu l'a dit : " Tout l'art de la guerre réside dans la duperie."

Parfait ! Cela tombait bien.

Sun Tzu l'a dit : "Quand vous êtes capable, feignez l’incapacité. Quand vous agissez, feignez l’inactivité. Quand vous êtes proche, feignez l’éloignement. Quand vous êtes loin, feignez la proximité."

SUN TZU L'A DIT !

Alors, obéissons à Sun Tzu et abattons notre adversaire.

" Gembrel aimait faire du cheval dans ce parc mais jamais à ces heures-là.

- Il est venu à un rendez-vous ?," s'informa l'inspecteur en grimaçant de dégoût.

Même en photographies, les blessures de la victime étaient immondes.

Une tête écrasée était toujours horrible à voir.

" Je me demande toujours quelle arme a pu faire de telles blessures...

- Les mains d'un démon, souffla Lyster.

- Je ne connais aucun outil de jardin qui peut faire ça.

- Une arme exotique ?"

L'idée était lancée.

Une recherche fut menée.

Des griffures, une tête éclatée.

" Gembrel était féru de "l'Art de la Guerre" de Sun Tzu," ajouta Lyster en désignant les murs de la salle de réunion de la société.

Des affiches colorées portaient des citations extraites de l'Art de la Guerre, l'ouvrage de stratégie militaire de Sun Tzu, général chinois ayant vécu au VIème siècle avant Jésus-Christ.

" J'ai beaucoup aimé son " Une armée sans agents secrets est exactement comme un homme sans yeux ni oreilles. " Cette phrase a souvent été citée dans les années 80..., sourit amèrement l'inspecteur.

- De l'art de la guerre en économie et stratégie d'entreprise. Quelle horrible idée !

- " Ne répétez pas les mêmes tactiques victorieuses, mais adaptez-vous aux circonstances chaque fois particulières, " lut le lieutenant.

- Qui a été viré dernièrement pour ne pas avoir rempli ses objectifs et ne pas avoir réussi à s'adapter aux circonstances particulières actuelles ?

- Tu penses à un employé licencié ?"

L'inspecteur ne répondit pas. Il désignait une affiche qui montrait différentes armes asiatiques.

L'une d'elle était une main griffue géante plantée au bout d'un long bâton, un zhua.

" Des griffes de démon," souffla Lyster.

Un DRH d'une grande société assassiné.

Un employé licencié pour ne pas avoir tenu ses objectifs.

Des centaines de réunion pour apprendre ce que disait un stratège mort depuis quinze siècles.

Préparation au combat ?

Le renseignement ou l'intelligence économique au service des affaires

Préserver et sécuriser ?

Préparation et Protection ou la défense des entreprises

S'informer sur les cibles extérieurs ?

Diplomatie ou La communication d’influence

Et enfin, gestion des ressources humaines...

Se débarrasser des services déficients.

Alors, lorsqu'on est licencié pour avoir été considéré comme déficient...

Lorsqu'à chaque réunion, on avait sous les yeux des images d'armes qu'on regrettait de ne voir qu'en image.

Lorsqu'on se retrouvait à la rue, sans rien si ce n'est qu'une profonde colère.

On se dit qu'il suffit d'un ordinateur, d'une arme achetée sur le Net, d'un rendez-vous...et d'une bonne dose de courage et de haine pour mettre fin à la situation.

" Adrien ne vient pas ce soir, Ghost. Tu peux rester si tu le souhaites !"

Car le vieil inspecteur ne venait plus que rarement chez le lieutenant. Il ne voulait pas ennuyer les deux fiancés et il se sentait de trop.

Ce qui n'était pas nouveau pour lui.

Deux cents ans qu'il se sentait de trop dans ce monde.

" Que fait donc ce godelureau ?

- Il boude.

- Boude ?"

L'inspecteur était surpris, il regarda attentivement sa collègue et comprit :

" Tu ne te maries plus ?

- Je ne sais pas, Ghost. Honnêtement, je ne sais pas. Adrien est gentil, mais je veux garder ma liberté."

Le vieux policier ne comprenait pas cela.

Mais il n'avait jamais vécu de telles histoires.

" Bon, que regarde-t-on ?, demanda abruptement l'inspecteur.

- Swimming With Sharks. J'ai souvent eu envie de faire subir ça au boss."

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