Le Capitaine Crochet

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Il était seul, sur sa planète, à contempler le ciel qui étincelle de mille paillettes. Bleues, rouges, jaunes, et toutes ces merveilleuses couleurs à la fois ! Le Petit Prince décala sa chaise de quelques mètres. Il faut dire que son astéroïde était si petit, que le coucher de soleil semblait pouvoir se répéter à l'infini.

Il était envahi d'un sentiment de quiétude. Ses muscles étaient endoloris, mais cela ne faisait rien : il y était habitué. Rien qu'aujourd'hui, il avait arraché deux baobabs et tenté de ramoner le volcan -le plus grand des deux- avant qu'il n'explose de nouveau. Oui, il se sentait bien ce soir, et rien ne semblait pouvoir troubler ce moment.

Mais soudain, il aperçut quelque chose d'étrange au loin : un point. Qu'est-ce qu'un point fabriquait ici ? Le Petit Prince plissa les yeux. Ce point avait un mat ! Et des voiles ! Un bateau ? Oui, c'était ça, un bateau. Qui se rapprochait, petit à petit, porté par un vent imaginaire. Il ne lui fallut pas longtemps pour pratiquement s'écraser sur la planète du Petit Prince, encore bouche bée de cette visite inattendue.

  • Hola, moussaillon ! Hurla un homme.

Il avait le teint mat et les joues rosées, dignes d'un navigateur. Sa silhouette était habillée d'un long manteau pourpre, s'harmonisant à merveille avec ses yeux myosotis.

  • Comment t'appelles-tu et quelle est donc cette terre sur laquelle je me suis échoué ?

—Je suis le Petit Prince, et vous êtes ici chez moi.

—Un royaume ? s’étonna le Capitaine. Si petit ?

—La taille importe peu, répondit le Prince, seul importe ce qu’on fait avec.

—Des richesses ? s’enquit l’homme, les yeux brillants de convoitise.

Il imaginait déjà des montagnes de diamants et d’or s’entassant à ses pieds. Finalement, il n’avait peut-être pas fait fausse route en arrivant ici. Il observait le petit garçon, ses cheveux blonds en bataille, son drôle d’habit vert. Quel manque de bon ton. Il pourrait le faire marcher sur la planche pour cela.

—Si ce sont des richesses physiques que vous cherchez, vous perdez votre temps. Mon astéroïde n’a pas grand-chose de concret à offrir, mais il pourrait vous surprendre. Je peux vous faire visiter, si vous voulez.

—Il n’y a rien à visiter, ici ! s’esclaffa le capitaine.

—C’est ce qui rend la visite intéressante, non ? La beauté se cache dans les petites choses, des choses qu’on ne voit pas toujours au premier abord. Ce qui est considéré comme beau n’est richesse que parce que quelqu’un en a décidé ainsi, affirma le Petit Prince. Mais vous ne m’avez pas dit votre nom ?

—James Crochet, se présenta le capitaine en soulevant un immense chapeau orné d’une plume démesurément grande. Je reviens du Pays Imaginaire, et je cherche à gagner la Terre.

—Le Pays imaginaire ? répéta le Petit Prince. Je n’en ai jamais entendu parler.

—Ce n’est pas très loin. Il suffit de se mettre dans l’alignement, la troisième étoile à gauche, puis tout droit jusqu’au matin. Mais il faut avoir un moyen de transport. Un bateau, comme le mien par exemple, ou un peu de poussière de fée, si vous en trouvez avant que je les aie toutes exterminées.

Le Petit Prince était horrifié. Il n’arrivait pas à déterminer si le Capitaine plaisantait ou non, mais il espérait que ce soit le cas, bien qu’il ne sache pas à quoi ressemble une fée. Pour la première fois, l’enfant remarqua que son visiteur portait un crochet en guise de main.

—Vous êtes un adulte ? demanda le Prince.

—Bien entendu. Ça ne se voit donc pas ?

—Si. Vous êtes déjà dévoré par le temps. Mais ne vous en faites pas, tout n’est peut-être pas perdu pour vous. Le temps court, mais l’esprit lui reste intact à condition d’en prendre soin.

—Personne ne peut rien contre le temps, petit, cracha le capitaine. Pas même ce Peter Pan.

—Qui est Peter Pan ?

—Un être odieux, qui semble ne pas vieillir. Quelqu’un comme toi. Il est sur terre actuellement.

Le Petit Prince fut outré d’être traité de la sorte, lui qui avait accueilli son visiteur avec toute la gentillesse dont il était capable. Cependant, sa curiosité était piquée au vif : qui pouvait donc être ce garçon ? Finalement, il décida simplement de demander :

—Capitaine, je peux me joindre à vous ? J’aimerais bien aller sur Terre, moi-aussi.

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