Chapitre 4 : L'éveil de la Belle au Bois Dormant

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Fairy Haven, ancien palais royal, chambre de Dawn Thornton :

"Tout a bien changé ici en cent ans, constata Amaryllis en contemplant ce qui devait être la chambre de sa filleule. Enfin maintenant, c'était surtout une pièce délabrée envahie par une végétation aussi luxuriante qu'étouffante, telle une serre abritant la seule fleur à ne pas avoir été fanée par le temps. La fée avança tant bien que mal au milleu des buissons et ronces, usant de sa magie pour couper quelques lianes encombrantes menaçant de la faire tomber et retirant quelques feuilles de ses longues boucles diaphanes jusqu'à parvenir à sa destination : le lit de la princesse endormie.

Pour les fées, un siècle n'était presque rien dans la valse du temps mais pour les humains dont elles avaient la charge, cela représentait toute une vie. Les yeux rosés d'Amaryllis se posèrent ensuite sur le cocon de ronces qui s'ouvrit immédiatement au contact de sa main. Celui-ci révéla alors nimbée dans une lumière d'un vert iridescent, une toute jeune fille assoupie à la longue chevelure d'un blond vénitien totalement hirsute et simplement vêtue d'une robe de nuit froissée d'un vert clair.

Son regard s'attarda ensuite sur les zébrures roses visibles ça et là sur les jambes et les bras de la princesse contrastant avec sa peau de porcelaine. Une profonde culpabilité envahit alors le coeur d'Amaryllis lorsqu'elle se remémora de la raison pourquoi celle sur laquelle elle n'avait jamais cessé de veiller s'était retrouvée dans un sommeil forcé. Une lueur dorée apparut sur sa paume, résonnant alors avec l'emblème en forme de couronne apparaissant sur le dos de la main de la princesse Dawn.

Amaryllis avait reçu le rapport de la conteuse la première à son grand soulagement. Elle savait que celle-ci avait fait exprès de bifurquer ses supérieures de l'Ordre des marraines afin qu'il n'y eu aucun problème. De plus, la fée ne souhaitait en aucun cas que la Cour d'été ne fut au courant de l'éveil de Dawn pour le moment. Autant que cette nouvelle fut annoncée tardivement. Des fois, je regrette de ne pas être native de la Cour d'hiver.

Ils étaient plus à cheval sur les règles là-bas selon le qu'en dira-t-on. La fée poussa un léger soupir et usa de sa magie en effleurant le front de la princesse, dissipant ainsi la lueur verte et tous les végétaux autour d'elles.

La première chose que Dawn vit en ouvrant les yeux fut les fins rayons de soleil au travers d'un trou béant présent dans le plafond de sa chambre. Oh, cela commence bien, se dit-elle avec ironie en s'asseyant lentement sur son lit, le corps lourd et engourdi d'avoir trop dormi. Ses rêves n'avaient été qu'une succession de cauchemars aussi horribles les uns que les autres, amers vestiges d'un passé qu'elle souhaiterait clore une bonne fois pour toutes, maintenant.

Elle admira un moment les cicatrices présentes le long de ses jambes d'un oeil mi-ensommeillé, mi-blasé avant de saluer sa marraine avec un sourire épuisé. Au moins, ça lui faisait du bien de voir un visage amical bien qu'elle eut l'impression de sentir une lame transpercer son coeur à la vue de la tristesse qui s'y peignait dessus. "Je suis désolée Tante Amy, s'excusa-t-elle avant de sentir des bras l'enlacer doucement.

- Vous n'êtes en rien fautive, Princesse Dawn, la rassura la fée en lui tapotant affectueusement la tête. C'est surtout ma passivité que je maudis. "Je sais que je devrais vous dire que ressasser les regrets ne changera rien, ajouta-t-elle en desserrant son étreinte, mais ce serait faire preuve de présomption, se confia-t-elle franchement en fuyant brièvement les yeux verts mordorés de sa filleule, concentrons-nous plutôt sur la raison de votre éveil.

- Je suis tout à fait d'accord à condition que tu ne me nommes plus princesse, accepta Dawn en baillant un peu, Fairy Haven n'existe plus maintenant, murmura-t-elle amèrement avant de se reprendre avec un peu plus d'entrain, ainsi donc, si je suis réveillée, cela veut certainement dire que les réceptions ont commencé, n'est-ce pas?, s'enquit-elle en s'étirant doucement pour réveiller ses muscles avant de s'apercevoir de quelque chose, attends une minute... Pourquoi est-ce que ma voix fait-elle plus jeune?, se demanda-t-elle avec étonnement.

La princesse sortit brusquement de sa couche pour faire face au miroir brisé accroché au-dessus de ce qui fut jadis sa coiffeuse. Elle avait eu un doute en regardant ses jambes tout à l'heure mais son reflet, bien qu'éparpillé par les éclats de miroir, attestait bien de la réalité que Tante Amy lui avait dite avant qu'elle ne dorme pour de bon. "La magie m'a rajeunie, n'est-ce pas?" Beaucoup de femmes de son age auraient applaudi ce miracle mais retrouver le corps de ses quatorze ans lui évoquait de très mauvais souvenirs.

Amaryllis s'était approchée d'elle en lui adressant un regard désolé. "C'est un effet secondaire afin que vous puissez canaliser vos pouvoirs comme il faut.

- Je vois, dit simplement Dawn en se retournant pour faire face à sa marraine, j'espère simplement que cette apparence ne répugnera pas mon futur prince." Ce n'était pas tant qu'elle voulut en avoir un à tout prix. Rien que l'idée de participer aux bals la rebutait mais c'était pour cette raison qu'elle avait sombré dans un sommeil de cent ans, n'est-ce pas? De toute manière, sa vie avait été décidée pour ce but et au fond, elle aurait très bien pu nommer Fairy Haven, ce royaume sur qu'elle aurait voulu veiller, protéger et faire prospérer d'un autre nom moins lyrique si elle cédait à l'aigreur présente dans son coeur.

Heureusement que son père, et surtout Tante Amy, avaient été là pour la soutenir et lui offrir du réconfort et puis, si les circonstances avaient été différentes, il aurait été certain qu'elle n'aurait été sur le trone que très tard dans sa vie.

De toute façon, je ne suis peut-être pas la seule princesse à avoir eu une vie compliquée, se dit-elle en dédramatisant, ses poings se serrant avec amertume. Toutes celles suspectibles à participer à ces bals devaient certainement en avoir une.

Sa marraine la serra de nouveau dans ses bras pour la rassurer face à sa détresse. Ce contact lui apporta la chaleur dont elle avait besoin. "Dawn, répliqua doucement Amaryllis, même si vous devez participer à des réceptions, c'est à vous de choisir dans quel but maintenant."

Dawn se dégagea de l'étreinte en comprenant ce que la fée sous-entendit par là. Mais bien sûr, Fairy Haven n'est plus alors... La voix de tante Amy la tira de ses réflexions :"De toute façon, je doute que les traditions, aussi ridicules soient-elles, se respectent encore, ajouta Amaryllis d'une voix froide trahissant son amertume.

- Que veux-tu dire par là?, lui demanda Dawn avec inquiétude. Il était rare que tante Amy fut aussi courroucée. La fée prit une courte inspiration pour lui raconter la situation dans le monde rationnel et presque dénué de magie qu'était la Terre.

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