Chapitre 3

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Elle laissa retomber lâchement sa robe vaporeuse au sol découvrant un corps nu exempte d'imperfections et éloigna de la pointe de son pied le tissus à présent plissé. Elle brossa ses longs cheveux noirs pourtant épargnés par les noeuds, humidifia un bout de tissus épais et le plongea dans la grande cuve en bronze qui lui permettait des toilettes de chat sans gaspiller son temps plongée dans l'eau fumante et apaisante des bains. Relevant ses cheveux lisses elle pressa le tissus contre sa nuque puis sur le devant de son cou faisant ruisseler abondamment des gouttelettes d'eau le long de son dos et de son buste, effleurant ses seins. Gabriel la regardait du coin de l'œil amusée de la voir inonder le sol de la pièce et détaillait ses courbes qu'il ne se lassait jamais de contempler d'un regard perverti effleurant les lignes de sa taille marquée et de ses larges hanches symbole de fertilité.

- Que pensez vous d'elle ? Demanda-t-elle a son mari d'une faible voix.

- La même chose que j'ai pensé de vous en vous voyant, une charmante petite créature que je prendrais plaisir à torturer.

- Voyons Gabriel ! Ce n'est pas drôle, j'attendais une réponse sérieuse. La princesse en paru presque déçue.

- Je sais bien mais c'est votre question qui pose problème, voyez vous, ce n'est pas ce que je pense de cette princesse étrangère qui est important mais plutôt ce que je pense de l'attitude de mon frère vis à vis d'elle. Une lueur sombre habita bientôt son regard.

- Nous ne voyons jamais les choses sous le même angle. Je vous en prie, répondez à votre propre question. Séléné lui répondit d'une intonation sarcastique tout en venant se blottir dans les bras de son mari qui referma ses doigts sur son bras droit l'empoignant bien trop fort comme il en avait l'habitude réprimandant ses sarcasmes. Elle n'émit aucun son de protestation et se recroquevilla contre lui, leurs deux corps s'entremêlèrent d'avantage.

- Elle exerce une emprise inquiétante, je ne l'ai jamais vu ainsi, à supposer qu'à chaque fois qu'il se retrouve auprès d'elle une pomme lui tombe sur la tête, assommant son bon sens. Une certaine forme d'hostilité à l'égard de la princesse étrangère montait en lui lorsque Séléné releva le buste légèrement plongeant dans son regard oscillant entre le vert émeraude et le marron glacé.

- Vous exagérez, il redécouvre le mariage tout simplement. Tempéra-t-elle.

- Il m'a plutôt l'air assujetti et je me trompe rarement. Dès les premiers jours de notre union j'ai su que je serais comblé et encore aujourd'hui mon point de vue reste inchangé. Il caressa les cheveux encore humides de sa femme avant de les empoigner et de les enrouler autour de son poignet, il tira en arrière et lui vola un baiser avant de relâcher ses cheveux parfaitement lisses qui vinrent border les côtés de son visage.

- Et quelle à été ma surprise lorsque j'ai su de quoi il retournait. Elle rétorqua faiblement, se blottissant un peu plus dans ses bras elle esquissa un sourire éloigné de l'innocence que Gabriel ne pu percevoir, l'iris de ses grands yeux gris se laissa bientôt avaler par une pupille dilatée dans la faible clarté du soir.

- Osez me dire que cela vous déplait. Il enserra délicatement sa gorge d'une main tout en attendant sa réponse, peut lui importait qu'elle soit positive ou négative, il ne l'épargnerait guère comme à chaque fois.

- Jamais. Rétorqua-t-elle. Il resserra son emprise coupant sa respiration pour un court instant cependant avant de la relâcher brusquement.

- Bien. Il clôtura la discussion puis déposa un baiser sur son front avec une pression étouffante puis se jeta sur elle comme un loup affamé, prêt à dépecer sa proie, il mordit une à une les perles de ses seins appréciant ses gémissements de plaisir. Elle lui appartenait toute entière et il ne se lasserait jamais de la posséder de la faible clarté du soir jusqu'au petit matin.

*

Le soleil déclinant dans le ciel, Mébael avait invité Annaëlle à le rejoindre dans ses appartements. Ce qu'elle avait fait sans plus de méfiance supposant qu'il lui offrirait enfin le bijoux qu'elle ne méritait pas. Mais il avait d'autres projets en tête. Elle n'eut pas le temps de s'avancer vers lui qu'il s'approcha d'elle d'un pas décidé, empoignant délicatement ses épaules la guidant vers le lit qu'ils avaient partagés la nuit passée et la petite princesse se contenta de reculer de l'autre côté jusqu'à heurter un petit guéridon en bois. Elle ne pouvait faire un pas de plus en arrière et s'assit redoutant de devoir le contenter. Il se remémorait la nuit qu'ils avaient passés ensemble, ou plutôt celle qu'elle avait conçue de toute pièce, lui implantant ce souvenir comme l'on plante une graine dans l'espoir de la voir germer et s'épanouir. Il paru contrarié par son manque d'initiative et Annaëlle ne pouvait l'en blâmer. Il état inutile de se débattre, aucune protection à l'allure scintillante ne se cachait au creux de son poing ou même dissimulée au creux de sa gorge généreuse. « Il a le droit de me prendre et de m'utiliser à son bon plaisir » Elle réalisa sans peine cette évidence. Rien ne pouvait lui venir en aide, mais rien non plus ne l'autorisait à lui refuser la possession de son être quand bien même cette idée la révulsait. Elle aurait voulu implorer l'étoile d'Himéros de tempérer le désir que son mari ressentait pour elle. Mais il soutenait son regard dans lequel il décela bientôt un brin de tristesse, ses sourcils s'arquèrent et prenant sa nuque dans ses mains il lui releva la tête, la rapprochant de son menton puis de ses lèves qui réclamaient les siennes. Annaëlle aurait voulue les couvrir de ses mains l'éloignant d'un baiser désiré à sens unique mais sa volonté se terra laissant place à un état second, ses membres tétanisés par sa prestance, tétanisés à l'idée de trahir William. Il lui donna au premier abord un baiser timide mais elle en fut si peu réceptive qu'il redoubla d'ardeur pour susciter en elle une quelconque réaction, inspirant et expirant de façon saccadée comme s'il ne pouvait contenir ses pulsions plus longtemps. Il plaquait ses lèvres pleines contre celles de sa femme avec une force non maîtrisée la suppliant par cet acte de répondre à ses avances, mais elle resta de marbre, du moins en apparence. Les mains de Mébael descendant le long de son dos attrapèrent ses hanches et il les attira à lui sans brusquerie.

- Je vous en prie.. Elle ne pu en supporter d'avantage et ses mains plaquées contre son torse le força à reculer. L'amour qu'elle portait à William lui interdisait de le désirer. Elle ne pouvait satisfaire l'homme auquel elle avait été unie jusqu'à la mort de leurs étoiles si aucun événement ne venait dévier le chemin qu'il lui avait été imposé.

- Quelle est cette expression d'effroi sur votre visage ma Dame ? J'espères ne pas être à l'origine d'un tel sentiment, parlez. Ses yeux plissés de contrariété renforcèrent sa culpabilité, il avait violé ses lèvres avec tant de passion que cela en était presque douloureux. Elle ressentait encore quelques picotement au bords de ses lèvres et le sang alimentant son corps ne cessait de cogner vigoureusement contre ses tempes. Après un court instant de réflexion Annaëlle vit dans cette situation une forme d'opportunité.

- Pourrais-je vous soumettre une requête déraisonnable ? Elle réalisait l'absurdité de ce détournement d'attention mais c'était la seule idée qu'il lui était venue pour se défaire de son emprise.

- Parlez donc ma Dame, j'aspire à votre bonheur même si je constate mon incapacité à vous l'apporter par ma simple personne. Il la pressait de mettre enfin des mots sur ses ressentis pour mieux la comprendre et pour mieux la séduire animé d'une volonté noble, celle du cœur.

- Ne pensez pas cela. Simplement je... En quittant ma cité j'y ai laissé une partie de moi, une femme qui m'a accompagné tout au long de mes jeunes années et sans qui je peine à apprécier cette nouvelle vie. Elle le lui confessa d'une voix pleine de supplications.

- J'enverrais donc un corbeau blanc à la citadelle de votre père dès l'aurore pour réclamer sa présence à vos côtés. Il ne s'attendait pas à une requête aussi simple et lui répondit sans réel besoin de réfléchir.

- Vous feriez cela ? Elle n'avait même pas eu la nécessité de formuler sa demande qu'il accepta cette capricieuse requête sans plus d'argumentation.

- Si vous me promettez que cela vous rendra la capacité ou plutôt la volonté de sourire sincèrement, alors soit.

- Je ne saurais comment remercier le ciel de m'avoir accordée un mari si bienveillant. Cette réplique sonna comme un crissement sarcastique mais au fond d'elle même c'était ni plus ni moins ce qu'elle pensait sur le moment.

- Accordez donc un sourire sincère à ce mari envoyé des étoiles. Elle brûlait d'envie de le remercier sincèrement mais le mur de pierre qu'elle s'employait à dresser entre eux pour William la heurta de plein fouet et son cœur renferma sa gratitude.

- L'humilité vous habite mon prince. Répondit-elle mais il finit par lui sourire sous le coup de ses incessants persiflages et elle ne pu réprimer le sien.

- Il faut bien relever l'estime que l'on se porte à soi-même lorsque les charmes d'une femme la mette en péril. Elle détourna le regard de son visage illuminé de satisfaction. Son charme était aussi ensorcelant qu'oppressant, son visage observé dans le détails n'avait rien de parfait mais l'ensemble se mariait à merveille, sa mâchoire était carré, ses lèvres étaient charnues, ses paupières retombaient quelque peu sur ses yeux verts d'eau qui encadraient un nez assez large mais dont l'arrête était impeccablement lisse, ses cheveux châtains à demi long effleuraient la hauteur de ses épaules, le plus souvent il les nouait d'un cordon de cuir noir tressé. Sa musculature imposante laissait deviner des heures d'entraînement au combat et ses larges cuisses des heures de chevauché. Et Annaëlle n'avait d'autre désir que de s'en échapper dans la seconde, elle y parvint en fermant les yeux, le visage de William se dessinait et son calme revenait.

- Etes vous satisfaite de vos domestiques ? Daphné ne semble pas quittée votre suite. Lorsqu'elle rouvrit les yeux pour lui répondre la distance les séparant était des moindres. Il ne voulait pas reculer et elle ne pouvait le pousser davantage, regrettant d'avoir employée une force si modérée lorsqu'elle avait appuyée de refus ses mains contre son torse cuirassé.

- J'apprécie sa discrétion et son efficacité mais le besoin d'un visage familier ne peut être compensé par ces jeunes filles que je viens à peine de rencontrer. Elle inclut également Lithanie dont elle appréciait la compagnie.

- Nommez cette femme que vous réclamez que je puisse rédiger cette missive.

- Méanne ma Cybèle. Elle lui répondit en prononçant le prénom de sa Dame de compagnie la plus chère d'une voix pleine de tendresse.

- Une Cybèle ? Il s'interrogea avec intérêt. Il avait déjà étendue cette dénomination à plusieurs reprises au cours des bals donnés à Uropi sans jamais en connaître la signification.

- C'est une fonction très respectée dans le royaume de Léandre, elles sont nos mères, nos soeurs, nos confiantes rien de moins et chaque enfant au sang d'or les chérissent comme une partie d'eux même. Méanne est ce que j'ai de plus cher en ce monde. Elles ont également la particularité d'être de grandes guérisseuses. Après un silence oppressant qui lui paru durer de longues minutes Mébael daigna s'exprimer, Annaëlle avait su l'attendrir et il ne voulu l'importuner plus longtemps avec ses ardeurs incontrôlées.

- Je comprends mieux votre lien si étroit. Vous avez l'esprit ailleurs et je peux le concevoir, je ne vous importunerait plus, retourner vous reposer dans vos appartements. « Vient il de me congédier ? » Il est évident qu'elle l'avait cherchée et même réclamée en pensées muettes mais elle ne s'attendait pas à en ressentir de l'embarras, ni même une once de contrariété. S'il l'avait répudiée elle en aurait été tout aussi affectée, comparable à une épouse rejetée mais qui pourtant avait agit dans le sens de cette humiliante conséquence. Il s'éloigna bientôt de sa femme le visage drainé de tout émotion. Elle avait su trouver un subterfuge pour l'éloigner au possible des secrets de son âme mais l'estime de son époux n'en était pas moins heurtée. Elle réfléchissait au moyen de réparer cette maladresse involontaire lorsqu'il lui tendit bien vite un bougeoir par la hanse qu'elle dû saisir. La flamme réchauffant son visage lui laissa l'opportunité d'en décrypter les traits dans leurs moindres détails mais il avait déjà fait volte face, soulevant bientôt le rideau de la salle d'eau et s'engouffrant dans le renfoncement de la pièce. Elle n'avait d'autre choix que de quitter ses appartements n'étant plus la bienvenue mais sa fierté rejetait cette idée. Se dirigeant vers la porte elle l'ouvrit puis la referma aussitôt sans pour autant avoir regagné le couloir. Elle voulu ce geste bien audible pour lui intimer l'idée de son absence, tout en étouffant la flamme, requérant l'obscurité. Annaëlle reposa le bougeoir sans un bruit sur le guéridon qu'elle avait heurtée quelques minutes plus tôt et attendit qu'il s'introduise dans l'eau refroidit de la cuve en marbre pour se glisser sous les draps, masquant impunément le bruit de son effronterie. Lorsqu'il eut terminé, le sommeil menaçait d'engloutit la princesse, ses paupières étaient closes et ses membres se détendaient appréciant le confort de ce lit, dans lequel Mébael l'avait rejointe. La nécessité de contrôler la force de sa respiration lui effleura l'esprit masquant encore un peu plus sa présence mais il était évident que cette idée serait vite confrontée à la désillusion.

- Il n'y a pas plus reconnaissable odeur que celle d'une flamme que l'on souffle. Bonne nuit ma Dame. Il acceptait de la garder auprès de lui, elle n'aurait donc pas à rejoindre honteusement sa chambre pour y dormir seule. Elle en éprouva de la fierté mais il y avait autre chose, oserait-elle penser qu'elle en était presque soulagée ? L'épuisement l'obligea à reporter ses questionnements à demain et elle lui répondit de longues seconde plus tard.

- Bonne nuit mon prince. Elle articula faiblement, une pointe de gratitude lui écorchant les lèvres perça dans son intonation. Le lit était d'une largeur bienvenue, même en se mouvant inconsciemment durant la nuit il serait peut probable que les deux époux se réveillent parfaitement côtes à côtes, leurs épidermes au contact l'une de l'autre, l'étoile d'Hémiros semblait bien plus conciliante que celle d'Alcé, et elle avait eut raison d'espérer cette faveur accordée, du moins pour le moment.

Les jours suivants se succédèrent sans encombre, Annaëlle s'éveillait dans sa chambre sans avoir à se soucier des ardeurs de son mari qui n'avait plus demandé sa présence depuis le soir où elle lui avait confessé son besoin vital d'avoir Méanne à ses côtés. Ils petit-déjeunaient ensemble puis Mébael partait à la chasse le plus souvent accompagné de ses frères pour ne revenir qu'à midi, tendis qu'elle vaquait à ses nouvelles occupations, en compagnie de Cassandre suivit de Daphné et de Lithanie, cette dernière attendait avec une impatience non contenu les deux heures passées chaque matin dans les jardins à contempler la créature d'Azur lorsqu'Annaëlle n'allait pas à sa rencontre. Sept jours solaires s'étaient écoulés depuis qu'elle était parvenu à se soustraire des baisers passionnés de son mari et elle n'avait eu aucun écho concernant sa promesse en échange de la sienne. Il voulait contempler son visage décoré d'un sourire sincère si elle voulait un jour revoir Méanne. Il n'y avait pas besoin de réfléchir bien longtemps à ce compromis pour constater qu'il était tout sauf équitable mais si cela pouvait le combler alors elle attendrait impatiemment qu'il lui inspire ce sourire honnête. Elle se remémora le jour de son union, un souvenir qui s'amusait à l'attirer vers une certaine ambivalence. C'était la dernière fois qu'elle profitait de la compagnie de William, la dernière fois qu'elle avait sentit ses bras se refermer autour d'elle dans une étreinte protectrice, le souvenir kinesthésique de ses lèvres parcourant son corps s'estompait de jour en jour. Cela ne pouvait donc être un souvenir malheureux mais son union forcé ne pouvait être synonyme de bonheur pour autant. Rien n'est manichéen tout est éclaboussé de sentiments nuancés.

Elle avait reçue de nombreux présents dont une dague en fer-diament pour laquelle son père avait sacrifié quelques malheureuses fleurs nécessaires à la confection du métal le plus robuste des deux continents. Elle avait été contrainte de l'accepter, on ne peut refuser un présent en particulier de la part de son Roi, de son père. Ce souvenir la guida vers une petite fille, de longs cheveux blonds ébouriffés, un visage étonnamment sérieux, lui donnant des indications qu'elle n'avait guère appliquées « Il y a l'intérieur une petite graine aussi translucide que le verre que tu devra ensevelir sous la terre, trouve un petit coin d'ombre, caché de l'astre solaire et surtout des hommes, le huitième jour tu comprendras pourquoi ». Selon ses dires huits jours dans l'obscurité la plus totale suffirait à ce mystérieux végétal pour révéler sa nature. Observant l'Anaximandre, suspendu sur la façade des remparts les plus intérieurs, elle repéra l'ombre de l'obélisque soudé à la surface plane, celle ci indiquant midi passé et constatant que Mébael n'était toujours pas rentré de la chasse elle décida de récupérer dans ses appartements la petite graine translucide, de demander des conseils supplémentaires à sa compteuse favorite puis d'ensevelir sous la terre l'objet de sa curiosité qui au huitième crépuscule serait révélé. Elle prit congé auprès de Cassandre et de ses deux domestiques feignant le besoin de se reposer en attendant le repas de midi. Elle avait définitivement choisit Daphné et Lithanie pour lui tenir compagnie au quotidien, et l'aider à s'apprêter, comme elle l'avait fait à Uropi en choisissant l'agréable compagnie de Sinia et de Vasari, se joignant à Méanne qui avaient si bien prit soin d'elle jusqu'à son exile forcé. Elle dépassa les gardiens d'obsidienne, lorsque son regard s'attarda sur un des deux jeunes frères de son mari qui vint croiser sa route à contresens. Elle supposa qu'il se dirigeait vers les cuisines, dans une mains il tenait par les pâtes trois lapins dont un qui, encore conscient, tentait de se débattre. Gabriel attrapa ce dernier de son autre main et tout en lui tenant la tête à l'envers le projeta contre le mur, dans le but de l'assommer ou plutôt de l'achever. Annaëlle détourna le regard avec écoeurement réprimant un haut le coeur. Elle accéléra le pas réduisant la distance qui la séparait de ce jeune homme qui avait collectionné autant de lunes rouges que William.

- N'avez vous donc aucune compassion ? Elle ne saurait dire ce qui était le plus effrayant, Gabriel achevant cet animal ou bien le sourire malveillant de ce dernier appréciant sa révulsion. Il s'arrêta net lui faisant face avec un certain amusement et toisa le lapin convulsant.

- Lorsque les animaux auront leur propre étoiles dans le ciel et bien ce jour la je reconsidérerais ce passe temps avec plus de retenu, mais il n'en demeure pas moins qu'ils n'ont pas le privilège de l'âme alors comment pourraient ils rejoindre une quelconque étoile ? L'étroitesse de son esprit consolidait ses croyances.

- Je n'aurais jamais imaginé que de ce côté du monde des gens de si haute naissance tel que vous puissiez être aussi blasphémateur envers nos étoiles et aussi simple d'esprit. Elle attisa un feu d'Azur dans le regard de Gabriel.

- Modérez dont vos propos injurieux. Vous voudriez sans doute bannir le gibier de nos tables ? A votre mariage la viande faisandée ravissait pourtant vos papilles. Son intonation gorgée de défiance la fit reculer d'un pas mal assuré.

- Je déplore simplement les traitements infligées à ces bêtes avant de nous servir de repas. Gabriel la toisait toujours de son air amusé, un sourire de satisfaction courba la fine ligne de ses lèvres et se dissipa bien vite laissant place à un mépris certain lorsque Mébael les interrompit.

- Mes frères et moi même prenons plaisir à la chasse, non à la torture. Ayant deviné l'animosité qui régnait dans le grand hall des gardiens d'obsidienne, Mébael se risqua à s'immiscer dans la conversation dans le noble but d'apaiser cet échange.

- Parle en ton nom ! Bredouilla Gabriel contredisant son frère ainé. « Il mériterait d'être réprimandé pour sa cruauté » Annaëlle s'indignait intérieurement.

- C'est si simple, vous déléguez à vos chiens qui se chargent de lacérer la chair de vos proies. Ses propos accusateurs se dirigèrent à présent contre son mari, elle en oublia la présence de Gabriel, et chassa de son esprit la vision des lapins pendus par les pâtes arrières.

- Ils traquent la proie de leur maître mais ne l'abatte pas. L'intéressé s'employait à détourner l'attention de sa femme d'un jeune prince familier de la barbarie, d'un frère qui ne manquait aucune occasion pour faire forte impression.

- Avez vous réponse à tout ? Elle rétorqua avec un agacement certain.

- Simplement à vos accusations infondées. Et j'ai bien des questions sans réponses que vous seule pouvez m'apporter, mais vous ne semblez pas décidée à me les faire connaître. Gabriel leva les yeux au ciel en signe de lassitude puis s'éloigna d'une discussion qui ne le concernait guère à présent. Il partit en sifflotant contemplant son butin du coin de l'oeil. Un premier désaccord en avait amené un nouveau de tout autre nature et il n'en avait que faire, l'ennui l'avait piquée.

- Si vos questionnements me sont inconnus comment pourrais-je vous satisfaire d'une réponse adéquate ? Elle lui répondit tout en sachant pertinemment qu'il faisait référence à son indifférence en totale contradiction avec leur nuit de noces qui n'était qu'illusion.

- Vous ne mettez aucun effort à coordonner le sens de vos actes avec celui de vos paroles, ou à l'inverse peut-être investissez vous avec hargne ces efforts pour me perdre dans vos intentions.

- Vous êtes bien plus évasifs dans vos propos que je ne le suis dans les miens. Elle avait perdue le fil de cet échange imprévu, certes elle s'employait maladroitement à construire une argumentation solide pour accuser son mari de tous les prétextes qu'elle trouverait mais en quoi était-ce à l'opposer de ses actes ? Se trahissait-elle sans même s'en rendre compte ? Elle n'eut pas le temps de tergiverser plus en pensées furtives que Mébael laissa sa déception l'envahir.

- J'en doute fort, si c'était une compétence vous excelleriez dans sa pratique. Il comprit bien vite qu'il était aller trop loin, les yeux d'Annaëlle brillaient d'une intensité qui menaçait de déborder, un brouillard épais réduisit son champs de vison et ses traits se crispèrent. Elle s'efforça de ne pas cligner des yeux, ne laissant aucune larme s'échapper, levant les yeux à la hauteur impressionnante du plafond elle les ravala non sans effort avant de détourner son regard vers les gardiens d'obsidienne.

- Pardonnez mon incapacité à vous comprendre, je ne cherchait en aucun cas à vous blesser. Il allait attraper sa main mais se ravisa lorsqu'elle eut abandonner sa contemplation et maitrisée ses larmes pour plonger dans ses yeux et y déverser sa colère.

- Mais vous l'avez fait. Quoiqu'il en soit si vous dites vrai concernant ce que je vous reproche, il ne tient qu'à vous de me le prouvez. Prévoyez un cheval pour moi la prochaine fois que l'humeur de la chasse vous piquera. Vous avez raison, je tiens un discours hypocrite. Elle lui répondit s'une intonation de défi, il méritait bien une chance de la contredire.

- Votre empathie démesurée ne fait pas de vous une hypocrite mais une idéaliste. « Comme si je n'avait pas assez entendue Méanne me le répéter! Je me résumais donc à cela ? Une sotte idéaliste ? » Elle voulu renchérir mais aperçu Cassandre, sur les marches surplombant le grand hall, décontenancée par la dureté des propos qu'ils venaient d'échanger. Depuis combien de temps était elle la ? Son coeur s'accéléra et elle s'excusa intérieurement d'une telle attitude s'étonnant du respect que Mébael lui démontrait, gardant son sang froid, une patience à toute épreuve l'empêchant de lui retourner un soufflet sans doute bien mérité. Elle n'avait aucun droit de lui parler de cette façon, d'exprimer aussi librement ses positions, des prétextes pour le repousser, maquillés en accusations . Elle ne savait si dans son fort intérieur, il ne cessait de resserrer l'étaux de ses mains autour de sa gorge hurlant de couper court à ses propos, ou bien s'il songeait à la priver de l'organe lui permettant la parole, lui sectionnant la langue étant la méthode la plus efficace. Mais les yeux de son mari n'exprimait aucun agacement, aucune violence réprimée, seulement de l'incompréhension. Cassandre fit demi-tour avec promptitude lorsqu'elle rencontra le regard d'Annaëlle qui voulu la suivre abandonnant un prince à ses arguments défensifs. Elle se renfrogna bien vite, aucune excuse n'était valable pour palier à ses propos si amères. Jamais elle ne comprendrait ou peut-être lui pardonnerait elle, car elle aimait William bien avant de connaitre son frère aîné ou au contraire peut être s'empresserait elle de lui rendre justice, et Annaëlle subirait les conséquences d'un serment brisé bien avant d'avoir été exploité. Lorsque il se cala dans la direction du regard de sa femme Cassandre avait déjà disparu.

- Vous n'êtes pas la seule à avoir des tords, je ne vous en veux pas, je sais que je le devrais mais ce n'est pas le cas. Renchérit Mébael. « Elle me haïe maintenant » songea Annaëlle, le souvenir du visage attristée de Cassandre l'empêcha de prêter attention à son mari, une attention qu'il réclamait ardemment sans jamais la gagner dans sa totalité. Et elle répliqua sans avoir saisi le sens de ses propos dans leur intégrité.

- Vous avez sans doutes des affaires plus importante à régler, je suis désolé mais votre frère m'a mise hors de moi et vous êtes accouru pour le défendre. Vous n'étiez pas obligé d'intervenir. Elle rétorqua, sans vraiment répondre de façon adéquate à des propos pour lesquels elle n'avait démontré aucune écoute.

- C'est vous que je suis venu défendre, pas lui mais vous avez raison je n'aurais peut être pas du me donner cette peine. Elle tendit la main pour le rattraper mais il s'éloigna bien vite, ses doigts se refermèrent à l'intérieure de sa paume et elle n'y saisit que le vide, autant essayer d'emprisonner le vent. Elle doutait d'être à l'origine d'une telle irritabilité mais les coins extérieurs de ses yeux de jade comme affaissés par une douleur inconnue lui inspirèrent cette absurde pensée. Et elle reprit le chemin de son but premier.

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