Chapitre 2 

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La jeune femme était assise depuis un moment déjà dans une toute autre pièce envahit par la lumière du jour provenant d'une immense fenêtre encastrée dans le mur qui donnait vue sur les jardins de son enfance. Parsemé de fleurs d'or, les fleurs d'Aurum, accaparaient a elles seules l'immensité de cet espace. Enfermée la plupart du temps dans l'enceinte de la citadelle qui l'avait accueillit une décennie plus tôt, elle ne disposait que de ce jardin remplit de fleurs d'une couleur or étincelante dont la seule particularité était de rejeter toute la lumière du soleil qu'elles avaient emprisonné dans leurs pétales dorées une fois la nuit tombée de sorte que ces fleurs éclairaient le jardin comme en plein jour, c'était un spectacle magnifique dont on se lasse jamais même après avoir passer près de dix ans à le contempler. Ses suivantes s'affairaient à leur tâche autour de leur protégée, s'employant à la rendre présentable, tendis qu'elle était assise sur un amas de coussin au milieu de la pièce toujours enveloppée dans ce grand drap de tissus absorbant les dernières gouttelettes d'eau fuyantes le long de ses membres. L'une d'entre elles positionnée à sa gauche les genoux à terre tenait dans ses mains un fil d'or d'une épaisseur inhabituelle, elle l'étira difficilement avant d'entourer le poignet de la princesse de cette curieuse matière. Elle continua de croiser le fil d'or le long de son avant bras, de sorte que chaque parcelle de sa peau en soit ainsi recouverte faisant jouer habilement ses doigts, puis lorsqu'elle parvient au coude, lâcha le fil. Annaëlle remarqua avec stupeur que la nature n'était pas la seule à être imprégnée d'une essence, la matière se mouvait lentement, resserrant son emprise et croisant le fil d'une toute autre manière, comme animé par sa vie passée à l'état de végétal. Chaque morceau de ce fil s'associait afin de confectionner ce qui commençait à ressembler à une manche et se terminant en pointe sur le dessus de sa main, elle fixa sa suivante en quête d'explication mais cette dernière lui donna pour seule réponse un sourire plein de malice. Son regard se porta bientôt sur le tissus et elle y découvrit de nombreux motifs anciens lui rappelant ceux tracés sur les arbres de la forêt d'Evira un peu plus au sud de leur cité, presque aux portes de l'immense bras de terre reliant les deux grands royaumes et menant bien plus loin à celui de Séan.

Dans l'année de ses huit ans et sur les ordres du Roi d'Uropi, son peuple avait du investir les murs d'une nouvelle cité fraichement bâti dans le but de se rapprocher d'un court d'eau pure traversant une vaste plaine, et ainsi économiser les plantes permettant de rendre l'eau de la plupart des fleuves, potable. Ces plantes présentent en quantité négligeable servaient également à toute autre chose, le Roi Auguste voulait les préserver afin de pouvoir en disposer en grande quantité le moment venu, pour la confection d'arme, mélanger à l'acier à chaud ils formaient alors des lames étincelantes en fer-diamant dont la robustesse était impressionnante, des armes privant les hommes de toute capacité de coagulation. Annaëlle ne comprenait pas ce choix. Pourquoi s'employer a créer des armes de destruction s'ils pouvaient rendre une eau pure qui ne l'était pas avant? De nombreux cours d'eau pourraient ainsi devenir potable cela serait bénéfique pour les nombreux habitants de leur royaume, elle s'en était indigné auprès de ses suivantes mais Méanne lui avait répondu que les grands hommes tel que le Roi Auguste ayant connu le prestige de la guerre restent animé par un désir de conquête souvent inassouvi, pour le restant de leur vie. Durant leur voyage ils avaient traversée la forêt d'Evira, ses souvenirs étaient à présent bien vagues et difficiles à rassembler en une image cohérente mais elle se souvenait de quelques détails méritant son attention dont ces motifs sur le tronc de certains arbres. A cette époque elle pensait qu'ils avaient été tracé par les hommes à l'aide d'une lame mais peut être s'était-elle fourvoyée, peut être ces arbres étaient ils imprégnés eux aussi et qu'ils se différenciaient des autres par ces écritures arcanniques gravées en leur tronc. A peine avait-elle rassemblé ces quelques souvenirs qu'elle remarqua la même opération s'achever sur son bras droit, comme pour la première manche celle ci se terminait en une pointe sur le dessus de sa main, les motifs quant à eux différaient. Ils étaient similaires mais bien différents, sur cette deuxième manche de fines lignes s'entrelaçaient comme des feuillages pour former quelque chose d'uni. A chaque croisement elle pouvait discerner une forme proche du croissant de lune les deux pointes dirigées vers le haut de sa main tendis que l'autre arborait des motifs s'entrelaçant individuellement, sans jamais se rejoindre, des dizaines de cristaux dorés remplissaient les écarts laissés par des lignes plus épaisses sur un fond de dentelle blanche. Relevant la tête vers Sinia en charge de ses manches elle remarqua son regard presque fuyant et n'insista pas davantage, elle détourna les yeux et contempla le résultat avec émerveillement tel une enfant voyant pour la première fois des Crysalys. Cette journée s'avérait bien plus intéressante qu'elle ne se l'était imaginé, elle bouillonnait à présent d'impatience attendant de découvrir la suite de ces étranges préparatifs. Méanne apporta à ses pieds une cuve remplit d'un liquide blanchâtre, un mélange de plantes médicinales et de lait chaud très utilisé pour leur propriétés rendant la peau douce et lisse, elle lui fit signe d'y plonger les pieds, c'était une sensation agréable le mélange était à parfaite température contrairement au bain. Elle voulu énoncer cette remarque mais se ravisa aussitôt ne voulant entacher ce silence apaisant. « J'aurais bientôt la plante des pieds aussi douce que celle d'un nourrisson », se disait elle. Vasari la plus jeune de ses suivantes s'approcha d'elle, tenant dans ses mains deux petits récipients en céramique contenant chacun un liquide épais d'une teinte indescriptible proche de celle d'un ciel étoilée que l'on peu contempler en plein été. Des milliers d'éclats de lumières émanaient de ce liquide étrange comme si une étoiles avait été décrochée du ciel et brisée en mille morceaux avant d'être mélangés à la substance principale lui donnant son aspect scintillant. A quoi pourrait il bien servir ? Ses pensées s'égarait vers l'absurde. « Allait elle me teindre les cheveux ou peut être était ce encore une pommade miraculeuse ou peut être devrais je le boire » Annaëlle déglutit presque à la formulation de ces quelques hypothèses. Vasari à ses côtés, elle pu distinguer un pinceau plongé dans l'un des récipients. Arrivée a quelques centimètres de la bassine où ses pieds étaient baigné, la suivante s'agenouilla , la regarda brièvement avant de soulever légèrement le draps de bain qui recouvrait ses jambes. Ses intentions demeurant indéchiffrables elle déposa le tissus sur le haut de ses cuisses, Annaëlle la regarda faire sans dire un mot et fut surprise lorsqu'elle lui releva légèrement la jambe droite la déposant sur son épaule. Elle avait posé les pots en céramiques dans les mains de Sinia, sa suivante au regard malicieux sans qui elle n'aurait pas de manche aussi joliment confectionné. Vasari plongea la main dans le liquide tiède et douceâtre de son bain de pied et humidifia son mollet, elle y replongea la main pour répéter la même opération sur le haut de sa cuisse, quand elle eut terminé elle prit le pinceau imbibée de cette teinte scintillante entre son pouce et son indexe. Elle esquissa un sourire avant de déposé le bout du pinceau à la base de sa cheville, remontant le long de son mollet, esquissant des dessins semblables aux écritures cousues sur ses manches mais ces dessins là elle les reconnaissait. Méanne lui avait conté une histoire une nuit où il lui était impossible de dormir et elle les lui avait décrit, ces motifs venait d'une tradition ancestrale et qui était jadis, uniquement présente dans l'ancienne cité de Vandras. Appartenant au royaume de Séan, cette cité avait des croyances bien particulière et vouait un culte au ciel, ce ciel qui les avait vu naître devait selon eux être honoré, ils voyaient dans les étoiles des signes, semblable à des dessins esquisser dans le ciel passant par les point lumineux et scintillant des étoiles. Il avaient donc voulu reproduire ces dessins sur papier et s'étaient aperçu bien vite qu'il s'agissait de fleurs, de plantes de toutes sortes et de créatures étranges, ces dessins étaient présents en grande quantité si bien qu'il se demandèrent si chaque être vivant n'avait pas son propres signe dans le ciel, il entreprirent de rechercher chaque créatures parmi les étoiles, c'est ainsi qu'on découvrit l'existence de créature légendaires traversé par l'essence de la nature. Mais un jour il n'y parvinrent plus, il leur était devenu impossible de discerner les dessins qui les avaient tant fascinés, ce ciel qu'ils honoraient les avait punis pour leur pernicieuse curiosité. Les dessins qu'ils avaient reproduits, esquissés sur papier disparurent des feuilles de roseau qu'ils avaient noircies de leur plume, aucune trace ne leur resta. Méanne avait supposée que le ciel redoutait qu'ils percent à jour les secrets de l'univers. Depuis ce châtiment lorsqu'une femme se mariait les seuls signes qui restèrent intact dans la mémoire de ces hommes étaient dessinés sur leur jambes. Cette pratique destiné à embellir la mariée et a perpétrer le souvenir de ces signes qu'ils avaient eu la chance de découvrir eut un effet bien plus important que celui de simple ornement. Les habitants de cette cité remarquèrent une certaine prospérité dans les mariages où cette pratique avait été employée ainsi qu'une nombreuse descendance pour les jeunes femmes qui s'étaient vu orner des signes du ciel. Cette pratique n'a cessée d'exister si bien que la nouvelle cité de Vandras possède la population la plus nombreuse et dû repousser ses remparts par deux fois déjà. Vasari s'employait donc à dessiner sur ses jambes les signes du ciel, tel que Méanne les avaient nommées en lui comptant cette histoire, l'histoire de la cité à l'origine de la croyance des étoiles. Ses souvenirs vagabondaient librement, toute sorte de réflexion l'obligeaient à froncer les sourcils sous des regards inquiets. Tout ceci entremêlé sinueusement lui donnait la migraine, rajoutant de surcroît à une réticence particulière, celle que la première partie de cette journée soit achevée.

Lorsque Vasari eût fini son oeuvre Annaëlle balaya du regard le résultat sans s'y attarder pour autant. Elle sembla déçue, ayant passer tant de temps à s'appliquer elle aurait aimée provoquer un émerveillement comparable à celui démontré devant ses manches confectionnées au fil d'or. Mais son passé l'attendait dans les profondeur de son esprit et elle avait hâte de s'y replonger une dernière fois avant d'être projetée dans un avenir sans William. Elle avait la curieuse impression de devoir faire son deuil, un frisson la parcourut de la plante des pieds jusqu'à sa nuque provoquant les dernières larmes qu'elle se sentait capable de verser aujourd'hui. Elle avait trop pleurée, il était temps de se comporter comme une jeune femme et de faire taire la part d'enfant qui ne cessait de remonter à la surface, agonisante. Vasari se releva, tenant dans une main le pinceau encore imbibé de ce liquide d'un indigo scintillant, approchant l'autre main à la hauteur de son visage elle balaya les larmes de sa cousine d'un revers rapide mais délicat.

Aucune de ses suivantes ne semblaient indifférente à sa détresse apparente. Elle les avait toujours considéré avec beaucoup d'égard, ayant grandit en s'habituant a leur présence, elle portait chacune d'entre elles dans son coeur comme une amie. Tendis qu'elle partageait un étroit lien de sang avec deux soeurs bien trop avares d'explications à son goût.

- Il nous reste encore un peu plus d'une heure mais ce ne sera jamais suffisant, allons il faut se dépêcher jeunes filles! » Méanne s'inquiétait et son attitude la trahit, elle d'habitude si calme, contrôlant la situation à chaque instant, semblait perdue et continua son monologue sans que personne ne pu l'arrêter.

- Il reste encore tant à faire, si peu de temps, si peu de temps que nous avons.. » murmura t'elle a présent. Le peu de temps dont elle faisait allusion lui paru comme celui qu'il leur restait en compagnie l'une de l'autre et non pas comme celui qu'il manquait aux préparatifs, ce n'était que son interprétation mais le coeur d'Annaëlle lui donnait raison. Méanne envoya Sinia, qui avait abandonné son sourire malicieux chercher la robe. Annaëlle tentait de l'imaginer. « Serait elle encombrante? quelle couleur porterai-je ? Et mon voile aurais-je un voile ? La seule chose que je demande, une robe complètement transparente laissant entrevoir l'intégralité de mon corps dénudé ne m'aurait pas dérangé pourvu que je porte un voile.. » songea-t-elle. Sinia rapporta la robe enveloppée dans un tissus blanc, elle semblait attendre quelque chose. La Cybèle s'approcha de la princesse et lui demanda de se lever, ce qu'elle fit laissant retomber à ses pieds le tissus qui l'enveloppait.

- Avance de quelques pas puis ferme les yeux Annaëlle et surtout ne triche pas. Lui dit-elle d'un ton enjoué tel un parent fier ne voulant rien gâcher d'une surprise à son enfant. Elle s'avança donc, entendit des pas approcher à sa droite, puis le bruit d'un tissus que l'on attrape du bout des doigts, un jupon fluide fut ajusté à sa taille arrivant jusqu'à ses pieds, il touchait le sol. Lui écartant les bras de chaque coté un autre morceau de tissus fut déposé sur sa peau tout autour de son buste et noué dans son dos, Annaëlle entendit un fil que l'on croisait resserrant de plus en plus le tissus contre sa poitrine, elle devina qu'il s'agissait d'un bustier, il rendrait sa gorge déjà bien généreuse peut être un peu trop aguicheuse mais ce n'était pas grossier. Les invités apprécieront sans doute le spectacle se laissant distraire, son visage serait ainsi libre d'exprimer un malaise horrifiant sans être démasqué. C'était agréable à porter, le tissus n'était pas rigide ses mouvements seraient libres, elle n'aurait pas à retenir son souffle, ni à se tenir aussi droite qu'une colonne de marbre, l'élasticité du bustier le permettait. Un autre bout de tissus fut noué autour de sa taille, elle pensa à une ceinture ou une autre épaisseur recouvrant le premier jupon qui rendrait sa robe plus imposante. On remis bien en place ses manches, puis un énième morceau de tissus cette fois ci léger comme du voile fut attaché de chaque côté de son bustier sous ses aisselles puis rattaché par l'autre extrémité à ses manches commençants à la base du coude. La chaleur du soleil pénétrant par l'immense fenêtre lui réchauffait les épaules lorsque Méanne lui murmura d'ouvrir les yeux. Annaëlle entendit presque son sourire se dessiner dans les coins de ses commissures à l'intonation de sa voix. Elle rouvrit les yeux pour découvrit ses lèvres arquées puis abaissa son regard pour contempler sa robe, elle était brodée d'une étoffe couleur d'or, le jupon qu'elle avait sentie glisser sur ses jambes apparaissait satiné, son bustier de la même étoffe était sertie de pierres rouges et oranges traçant une ligne de chaque côté de sa poitrine de haut en bas et se terminant en pointe déposé sur le haut du jupon rappelant les finitions de ses manches. Elle ne trouva aucune ceinture comme elle se l'était suggérée mais un deuxième jupon d'un voile d'or transparent déposé sur la première épaisseur, le tissus qu'elle avait sentie s'accrocher sur les cotés de son bustier puis rattaché à la base de ses manches retombait lâchement formant un arc de cercle d'un tissu transparent similaire au voile d'or de sa robe. Méanne l'interrompit dans sa contemplation.

- Je voulais que tu évoque les fleurs d'Aurum et je crois bien que c'est réussi! Qu'en pense tu? Mes pouvoirs de persuasion aux côtés des conseillers du Roi ont portés leurs fruits! Ne t'avais-je pas promis de faire de toi la plus belle des étoiles? » lui dit elle satisfaite du résultat.

- La robe est magnifique mais crois tu qu'elle est appropriée? je veux dire tout le monde aura les yeux rivés sur moi, et je.. enfin j'aurais voulu être disons, plus discrète... c'est une pensée bien ridicule, j'en suis désolé » balbutia-t-elle.

- Ne t'excuse pas je comprends ta pensée mais jamais tu ne pourra être invisible bien au contraire, tu seras le centre de l'attention. Alors en sachant cela je voulais que l'on ne t'oublie pas. Les fleurs qui ont égaillées les journées de ton enfance t'accompagneront jusqu'à l'union de ton étoile ma petite princesse » Annaëlle soupira et la remercia de se donner tant de mal.

Vasari lui fit signe de la suivre en direction d'un miroir dans l'angle de la pièce de deux mètres de chaque côtés et installa quelques coussins sur le sol. Elle s'assit et sa cousine entreprit de la maquiller, de toute évidence elle aimait manier le pinceau, c'était en tout cas son attribution de la journée. Elle lui peigna les lèves d'un rouge vif presque agressif, déposa sur ses tempes des éclats de perles broyées par ses soins et mélangés avec de la sève pour obtenir une substance collante, décorative qui restera un moment sur sa peau. Pour finir elle appliqua la coutume d'Uropi et esquissa les signes anciens destiné aux futurs mariée celui de la fertilité, de la prospérité, de la fortune et enfin de la paix. Les deux premiers au creux des mains puis les deux suivants sur le dessus des pieds dans une teinte transparente se fondant avec la couleur naturelle de sa peau. « Qui à bien pu avoir l'idée de me recouvrir le corps d'écriture pour m'apporter bonheur et prospérité ? » Pensa-t-elle. Elle doutait fort du résultat. Le silence régnait dans la pièce, mais un dont on ne se lasse pas, que l'on apprécie pour mieux réfléchir, peut être trop réfléchir. Les suivantes distrayaient leur Dame du mieux qu'elles pouvaient avec tout ce cérémonial protocolaire mais rien ne suffirait à l'égarer, le visage de William lui revenait plus présent que la fois précédente comme une torture incessante que seul la libération de son âme pourrait apaiser, mais elle ne voulait pas d'une fin tragique, elle voulait sa fin heureuse. Elle était pleinement consciente d'être rendue aveugle par l'amour mais c'était sa façon d'être, cet amour qu'elle ressentait lui permettait de vivre dans une réalité alternative dont la sortie serait des plus brutale. Elle réalisa au fil de ces interminables préparatifs qu'elle était pour le moment totalement incapable de mettre un pied hors de l'illusion qu'elle avait construit avec tant de soin. Une porte grinça, elle se retourna vers l'origine de ce bruit, Méanne entra dans la pièce, les mains derrière le dos, dissimulant quelque chose et ses yeux cherchèrent machinalement à briser la matière obstruant sa vision pour lui permettre d'entrevoir ce qu'elle cachait mais sans succès.

- Tu es vraiment belle Annaëlle, le sais tu? » elle ramena ses mains devant et déposa un écrin sur une petite table en pierre, un sourire espiègle se dessina sur son visage et la jeune femme lui rendit un sourire intrigué.

- Il est bientôt l'heure n'est ce pas?

- Je le crains oui, l'autel est prêt, les invités répondent tous à l'appel à l'exception de quelques uns qui ne sauraient tarder et notre cher souverain trépigne d'impatience, ne le faisons pas attendre plus longtemps, je vais m'occuper de ta coiffure. Lui répondit-elle dans l'empressement.

Ses cheveux auburn naturellement ondulés retombaient le long de son dos, Méanne en remonta une partie sur le haut de sa tête, le reste pendait sur les côtés de son visage et dans son cou, elle déposa une fine chaîne en or sur son front et la refermant à l'arrière de sa tête, lui avoua qu'elle servirait à fixer un léger voile. Les traits de son visage se relâchèrent et elle pu enfin appréhender cette entrée royale tétanisante avec un rythme cardiaque sans fausse note. Elle vit le reflet de Sinia dans le miroir, celle-ci s'approcha d'elle, s'agenouilla à sa hauteur puis lui brossa les cheveux, la douceur de ses gestes l'apaisa. Contemplant son reflet de nouveau elle se demandait ce que Mébael penserait d'elle. « Me trouverait il à son goût? Était il heureux à l'idée d'unir nos étoiles ou tout simplement indifférent? » Elle se torturait l'esprit inutilement. Méanne apporta l'écrin déposé sur la table en pierre quelques instants plus tôt puis arrivé aux côtés d'Annaëlle s'agenouilla derrière elle, prenant la place de Sinia, ses mains se déposèrent sur ses épaules, elle commença à rabattre les longs cheveux auburn de l'étoile silencieuse d'un coté et les déposa sur le devant de sa poitrine. Elle congédia toutes les suivantes présente dans la pièce et ouvrit l'écrin déposé à ses pieds, elle en sorti un objet indéfini dans une agréable sonorité musicale. La Cybele entoura bientôt son cou d'un magnifique collier qu'elle avait confectionné munie de trois rangées de perle responsables de cette délicate mélodie, semblable à celle d'une faible pluie. Il ne lui fallût que quelques secondes pour les reconnaître, elles étaient nées de ses larmes quelque heures plus tôt, des larmes prouvant un amour sincère selon les dires de sa Cybèle. Annaëlle avait attendu plus d'explication de sa part mais en vain, milles questions se formulaient attendant d'être prononcées mais elle avait préféré ignorer ce manque de réaction déconcertant. Elle n'avait pas besoin de cela, d'essayer de lui soutirer des informations, se disant qu'elle l'aurait probablement agacée avec toutes ses questions et que Méanne lui parlera de tout plus tard se persuadant que ce n'était pas encore le bon moment tout simplement. Ses pensés revinrent à William, son éventuelle présence lui déchirait le coeur, il n'avait pas besoin d'assister à cette journée mais ne pas le faire pourrait être mal interprété ce qui en réalité reviendrait à les dévoiler au yeux des personnes remarquant ce genre de détails subtils. « Comment pourrais je le regarder en face accoutrée de cette robe dégageant toute la symbolique de notre amour » Déplora Annaëlle. Cette robe représentait l'amour qu'elle lui portait, elle représentait ce qu'elle devait se résoudre à quitter. Elle était la précieuse petite fleur de William que la politique s'apprêtait à déraciner. Elle voulait une dernière étreinte, sentir sa peau contre la sienne, se plonger dans le bleu profond de ses yeux dégageant de son visage d'un revers de la main les quelques mèches ondulés lui retombant parfois sur les yeux pour l'embrasser, juste un dernier baiser. Elle rouvrit les yeux le bout de ses doigts posés sur ses lèvres cherchant désespérément la sensation que procure un baiser de l'être aimé. Le collier pendait à son cou à présent, elle en souleva les deux rangées les plus basses pour mieux l'observer, il était magnifique. A chaque intervalle de trois perles Méanne y avait glissé des saphirs jaunes taillés en corolle de fleurs à quatre pétales, un pour la justice, un pour la force d'âme, un pour la prudence et le dernier pour la tempérance, les quatre vertus exigées d'une héritière. Annaëlle doutait fort d'en avoir rien qu'une seule mais cela ne la préoccupait pas, toute son attention se portait sur ce collier de perle. Elle releva la tête pour la remercier la rabaissant aussitôt, les yeux rivés sur sa parure. Méanne lui accorda ce moment de contemplation puis apporta une dernière chose, un récipient contenant une poussière aveuglante. « Chaque liquide que l'on m'a présenté jusqu'à présent scintille de toute part, si ce n'est pas le dernier je jure de l'envoyer valser ». Elle le constata avec une certaine irascibilité, son exaltation presque fanée.

- Je vais te raconter une petite histoire Annaêlle soit attentive, et fait en bon usage. Sa Cybèle lui paru étrangement soucieuse et elle lui tendit donc une oreille attentive.

- Je t'écoute. La curiosité s'empara d'elle lui faisant prestement ravaler son agacement.

- Il existe une légende, oui encore une mais contrairement à la plupart des récits que j'ai pu te conter, ceci est vérifiable tu va le constater par toi même soit patiente. Je tiens dans mes mains une poussière de corps céleste, on raconte que lorsque personne ne lève les yeux vers le ciel pour contempler la beauté d'une étoile filante en formulant un voeux et bien cette étoile n'a plus lieu d'être et tombe du ciel, j'ai trouvé une de ces étoiles il y a bien longtemps dans la foret d'Evira, et elle s'est révélée très utile. Méanne sépara une des mèches de cheveux d'Annaëlle du reste de sa coiffure et la ramenant sur le devant de sa poitrine elle prit une pincée de cette poussière en y déposant quelques grains. Un ruban rouge apparu et vint s'entrelacer pour former une fine natte, ses yeux doutèrent de la réalité qu'ils avaient pu constater. Elle voulait des réponses sans pour autant les exiger mais Méanne prenait un malin plaisir à la confronter à de nouvelles questions toujours plus complexes.

- Cette fine poussière à le pouvoir de réaliser les voeux les plus simples, les plus faciles à formuler pour l'esprit, j'ai simplement imaginé un ruban ondulant dans tes cheveux et il est apparu, la magie est une chose qui doit être contrôlée et utilisée avec précaution, pour les choses les plus simples et non par intérêt tu dois bien le comprendre Annaëlle. Son regard lui paru étrangement menaçant, elle comprit que c'était une mise en garde mais elle ne savait pas encore ce dont elle était capable, ce dont l'essence de la nature rendait capable.

- Je te le promets seulement si tu m'en dis un peu plus. Son air espiègle la fit sourire.

- A ton tour à présent, fait de tes cheveux un champs de fleurs Annaëlle. Sa chevelure retombaient en cascade sur le devant de ses épaules, elle prit la fine mèche nattée par le ruban de Méanne et la défaisant, prit soin de la démêler en y passant ses doigts tout du long de la racine aux pointes, elle senti le ruban lui filer entre les doigts mais il se désagrégea et disparut avant même d'atteindre le sol. Elle plongeant sa main dans la poussière étincelante et déposa quelque grains sur la mèche isolée en prenant soin de n'en faire tomber aucun, c'était bien trop précieux et trop rare pour être gaspiller. Méanne lui fit un signe de tête l'incitant à formuler son voeux. Elle visualisa donc une jolie petite fleur, une tige minuscule vient s'entrelacer autour de sa mèche de cheveux se terminant par un bourgeon qui apparu lentement et bientôt elle pu observer une petite fleur blanche éclore sous ses yeux ronds d'émerveillement.

- Pourquoi maintenant? Ne pouvant retenir la première question qui s'échappa de ses lèvres elle doutait fort que le sens exact en soit comprit.

- Et bien si tu me laisse lire en toi, tout cela en une journée peut être difficile à assimiler je le conçoit mais je n'ai pas trouver le bon moment pour t'en parler, je n'ai pas su le provoquer. Tu sais depuis ton enfance que l'essence de la nature est parmi nous, qu'elle nous accompagne tout au long de notre vie, qu'elle nous protège parfois ou nous prévient de certains dangers en se manifestant dans la nature, mais il arrive aussi que certains êtres humains tel que nous Annaëlle naissent avec certaines aptitudes ou plutôt certaines réceptivités, je ne saurais vraiment t'expliquer, ce qui est certain c'est que cette essence est en nous elle nous traverse et nous possède dans le bon sens comme dans le mauvais. Ne va pas non plus t'imaginer un genre de sorcellerie il n'en est rien, nous empruntons à la nature ce qu'elle a à offrir y compris l'essence qui l'anime. Comme je te l'ai dis plus tôt ces aptitudes peuvent nous aider, mais cette essence reste faible nous ne pouvons lancer des sorts ce serais ridicule simplement réveiller l'essence qui se trouve tout autour de nous par la force de notre esprit. Nous sommes un réceptacle valide à cette essence de la nature si tu préfères et les autres humains sont invalides en terme de réception de cette essence. Et je serais incapable de formuler plus simple explication. Méanne s'arrêta un cours instant s'assurant que ses propos avait été compréhensibles, la princesse acquiesça d'un signe de tête.

- J'espère que tu sauras faire preuve de bon sens, tout ceci peut te protéger, contre qui ou quoi je l'ignore mais je tenais à'ce que tu en apprenne un peu plus, je serais toujours près de toi je te suivrait tout au long de ta vie si tu me le permet. Je t'apprendrais tout ce que je sais, tes questions ne resterons pas sans réponse je te le promets ma petite princesse.

Annaëlle retenue de peu des larmes qui allaient surgir sans prévenir, s'approchant de Méanne elle la prit dans ses bras recherchant une chaleur réconfortante, elle l'enlaça en retour. Aussi profondément que les méandres de son esprit puisse l'amener, elle ne pouvait se souvenir du visage de sa mère, son père ne lésinait pourtant pas sur les éloges quant à sa beauté et sa gentillesse. On lui avait raconté qu'elle avait disparu l'année de ses quatre ans. Qu'un matin son père ne trouvant pas sa femme à ses cotés comme à son habitude alla dans les jardins espérant la trouver admirant le levé du soleil mais il n'y découvrit que les rayons aveuglant d'un astre d'été en début d'ascension vers le ciel. Il ne la retrouva jamais. Annaëlle le soupçonnait de lui avoir menti voulant cacher un drame, sans doute sa mort ce ne sont pas des choses que l'on raconte a une enfant mais tant de temps avait passé qu'elle réclamait à juste titre un droit sur la vérité qui selon elle lui avait été cachée. Sans qu'elle n'ose la demander pour autant. Elle n'avait jamais réellement compris pourquoi il ne lui restait aucun fragment de souvenir la concernant, son visage, sa voix, ses étreintes rien de tout cela ne lui revenait en mémoire, elle avait la curieuse impression de ne l'avoir jamais connue comme si elle n'était qu'un mirage. Elle s'était admirablement accommodée de cette absence qui ne l'avait jamais attristée depuis sa naissance, les nombreuses suivantes l'entourant remplaçaient amplement la présence d'une mère dont elle n'avait aucun souvenir. Mais aujourd'hui plus que n'importe quel autre jour, elle pensa à sa mère, regrettant presque la présence de ce mirage dont elle aurait aimé être l'unique témoin, elle se serait contenté de l'observer de loin sans s'approcher. Méanne tendit la main vers son visage et replaça quelque mèches de cheveux sur les cotés, les yeux plissés d'une appréhension partagée. Annaëlle ne voulait la voir pleurer, ni la voir souffrir et déposa un baisé sur sa joue avant de quitter la pièce, avant de faire face à cette foule d'invités qui l'attendait.

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