— Voilà ce que tu m’as demandé ! lança Mariana.

Elle avait déposé un lourd dossier sur la petite table basse. Vilem était en train de prendre sa collation du matin. Il était plus de dix heures.

— Déjà ? demanda-t-il, surpris, les yeux encore collés par le sommeil.

— Oui, monsieur, je me lève un peu plus tôt que toi, lança-t-elle en riant.

— C’est facile.

— Non sérieusement, tu m’as demandé des profils, les voilà.

— Je t’écoute.

— Vlad, ton collaborateur a fait partie du FSB pendant vingt ans, il a participé à l’opération Vlaksta en tant qu’agent infiltré. Il recueillait des informations sur les membres du parti kazakh et a assuré la protection d’un parti d’opposition pendant cette période. Il a ensuite travaillé avec des agents asiatiques sur des missions obscures qui ont permis la destitution des gouvernements en Thaïlande et au Vietnam. Après ça, plus de nouvelles pendant trois ans, impossible de retracer son parcours. Il est réapparu en 2027 comme étant l’informateur du renseignement tchèque.

— Je ne comprends pas trop le lien de cet homme-là avec les pays asiatiques.

— Effectivement, il y a d’énormes trous dans son parcours qui rendent ses intentions opaques. Méfie-toi de lui Vilem.

— Je te remercie du conseil. Et pour Lubor ?

— Je n’ai pas beaucoup plus d’informations que tu m’en as données. Ses parents avaient bien une lutherie qui a fait faillite, il y a des traces de la reprise de l’entreprise familiale et de son ascension en politique. Il a également fait partie de la loge maçonnique de Prague mais l’a quitté il y a trois ans. Pas de casier judiciaire. Sa fille s’est suicidée il y a six mois après avoir fait plusieurs tentatives dans son centre de désintoxication. Il a arrêté ses dons à l’église catholique à la même époque. Rien de plus.

Vilem ne savait comment prendre ces informations. La perte d’un enfant devait être la peine la plus terrible sur Terre.

— Merci Marianna pour ces recherches.

Le portable de Vilem émit une courte mélodie. Un message PGP venait d’arriver. Son cœur bondit dans sa poitrine, il s’y reprit à deux fois avant de cliquer sur sa souris.

Vous feriez bien d’acheter les journaux demain. Nous nous tenons au courant de la suite. Cordialement. Karol.