L'investigation slovaque

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Marianna servit un thé chaud à Vilem. Ce dernier venait de poser ses bagages improvisés dans le hall de son petit appartement.

— Alors, raconte-moi ce qui s’est passé ? demanda Marianna, l’œil plein de curiosité.

— Tout d’abord, je te remercie de m’héberger. Dans la précipitation, je n’avais pas d’autre choix que de t’appeler. Je n’avais pas d’autres contacts ici.

— Je croyais que tu en avais justement, sourit Marianna.

— Je ne t’ai pas tout dit, admit Vilem, honteux.

— Je sais Vilem, je ne te connais pas bien mais j’ai déjà vu que tu ne savais pas mentir.

— C’était mieux pour toi comme pour moi.

— Je le sais, je comprends. J’avoue que je ne m’attendais pas à cela.

— A vrai dire, moi non plus, enfin, je crois m’être habitué à vivre des retournements de situation ces temps-ci. Je crois ne pas me souvenir d’avoir déjà suivi mon plan.

— Ah parce que tu avais un plan ? demanda-t-elle en riant.

Vilem rit de bon cœur. Il aimait la compagnie de Marianna, elle alliait à la fois la légèreté de l’humour et la distance du raisonnement. Vilem lui raconta sa descente aux enfers, la vie dans la rue, sa rencontre avec Lubor, son kidnapping puis son exil vers Bratislava et enfin sa rencontre avec les deux journalistes d’investigation sans toutefois s’attarder sur l’objet de la discussion.

Marianna était abasourdie par son récit et son visage s’était tendu. Au bout d’un moment de silence, elle s’exprima.

— Je suis vraiment désolé de toutes les mésaventures que tu as vécues. C’est terrible et irréel à la fois. Et je me sens idiote de t’avoir interviewé avec des questions aussi éloignées de ta réalité.

Marianna semblait être à la fois confuse et compatissante.

— Non, ne dis pas ça, tu ne pouvais pas savoir. Et il faut dire que j’étais assez froid lors de notre interview.

— Oui, c’est vrai, sourit-elle. Mais il y avait de quoi.

— Bref, il y a des choses plus importantes que mon existence, il faut que je te mette au courant de ce qui m’a poussé à m’exiler.

— Tu peux aussi me le raconter plus tard, tu as sans doute besoin de te reposer.

Malgré sa compassion, Vilem savait Marianna fébrile sur l’objet de la discussion avec les journalistes.

— Non Marianna, je me reposerai lorsque tout cela sera terminé, des événements graves vont arriver.

— Ok, je t’écoute, fit-elle, en s’asseyant en face de lui, le regard admiratif.

Vilem lui expliqua le complot, les documents fournis par Lubor et la discussion avec les journalistes. Il savait qu’il pouvait lui faire confiance. Qui plus est, il n’avait plus les documents en main et se sentait protégé d’une quelconque trahison désormais. Vilem s’attendait à une réaction de surprise mais Marianna resta calme. Etrangement.

— Je peux comprendre leur scepticisme, que connais-tu de ceux avec qui tu travailles ?

— Lubor est un député de la majorité, dissident, dirons-nous. Il enquête depuis plusieurs mois sur ce complot. Vlad est son assistant, un ancien du KGB. Je n’ai pas beaucoup d’informations sur l’historique de leurs relations.

— Et ces documents ? Qui peut attester qu’ils soient vrais ?

— Si ce n’était pas le cas, je n’aurais pas eu le luxe d’avoir essuyé deux tentatives d’assassinat, objecta Vilem.

—Je suis désolé pour cela.

— C’est aussi pourquoi j’ai fait appel à ces journalistes. Ce sera leur travail de prouver la véracité de ces infos et d’exposer la vérité au grand jour. Personnellement, je n’ai ni les moyens physiques ni le réseau pour exécuter ce genre de tâches ni même la légitimité pour le faire.

— Je comprends. En tout cas, je peux faire des recherches sur Lubor et Vlad si tu le souhaites.

— Bien sûr mais comment ? As-tu des contacts dont je n’aurais pas la connaissance ?

— Moi aussi, j’ai mes secrets, fit-elle, l’air malin.

Elle s’arrêta et réfléchit un instant.

— Je dois partir, fais comme chez toi aussi, je serai de retour dans peu de temps.

Elle prit ses clés et agrippa son sac à main. Vilem se leva et la saisit par le bras.

— Marianna, que me caches-tu ?

— Ce que tu me dis ne m’étonne que très peu. Il y avait des rumeurs ici sur le même complot. Je ne l’ai jamais pris au sérieux. Je dois aller vérifier des choses.

Vilem n’insista pas. Après tout, il lui avait dissimulé les raisons de sa vraie venue, la balle était dans son camp désormais.

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