Face à face

2 minutes de lecture

— Soit tu dis rien, soit je te troue l'estomac, c’est un silencieux. Mes potes s’occuperont de tes collègues dehors. C'est toi qui vois, moi, je n’ai plus rien à perdre, improvisa Vilem, face à cette visite inattendue.

Le contrôleur parut hésiter, la main prête à appuyer sur le bouton de son talkie-walkie. Vilem regardait le jeune douanier avec une telle véhémence que, ce dernier, constatant la détermination de son braqueur, se ravisa.

— Ok, calmez-vous, j’ai une famille et je suis engagé par le gouvernement, tenta-t-il.

— Vous avez donc plus à perdre que moi. Dégagez du passage et tout se passera bien. Vous ne souhaitez pas non plus que je fasse exploser le petit sac que je tiens dans mes mains.

Le contrôleur jeta un œil d’effroi sur le sac noir que Vilem tenait fermement sous son bras.

— Ok, partez, vous ne serez pas poursuivi, je vous le promets, bredouilla le fonctionnaire.

— Pour en être sûr, vous allez me donner votre talkie-walkie et votre pièce d’identité, je pourrai comme ça être au courant de vos conversations et même discuter avec eux si cela me prend. Si vous changez de fréquence, alors il sera facile pour nous de faire sauter notre camion au prochain post-frontière. Quelle culpabilité vous aurez alors de faire mourir vos collègues juste parce que vous avez manqué à votre parole.

Le contrôleur s’exécuta, les mains tremblantes.

— Je vous en prie, je ne ferai rien de tout ça. Partez, vous n’aurez aucun problème, je vous le jure, supplia l’homme.

— Très bien, maintenant, vous allez sortir d’ici tranquillement, indiquer à votre collègue la conformité du convoi. Si nous n’arrivons pas à Bratislava, vous aurez des nouvelles de moi.

Vilem pointait du doigt l’adresse du douanier sur son passeport. Celui-ci déglutit avec difficulté et sortit du camion. Il referma la porte L’attente fut longue avant que le camion ne redémarre et Vilem put enfin souffler. Il s’était lui-même surpris à menacer cet homme de manière si détachée. La situation révèle les hommes, pensa-t-il. Ses scrupules firent bientôt place à une sorte de fierté. Il ouvrit son sac et sourit, la seule cargaison qu’il transportait était une bouteille de schnaps, difficile de faire exploser un poste-frontière avec ça mais elle était une alliée formidable pour le voyage qu’il avait à faire. Après le soulagement d’avoir échappé à ce contrôle inopiné, Vilem fustigea une nouvelle fois les méthodes de Lubor et Vlad, ce dernier l’avait même assuré qu’il n’y avait aucun risque. Mais la fuite aurait pu avoir une fin dramatique si Vilem avait été capturé par les autorités. Il aurait pu rapidement finir en prison, sans aucune possibilité d’en sortir, ou subir un accident mortel malheureux. Tout aurait été alors tenté pour que Vilem ne puisse avoir un moyen de s’exprimer. Et la route était encore longue avant l’arrivée à Bratislava. Il fallait qu’il essaie de dormir un peu et d’espérer que le prochain arrêt soit celui de la zone industrielle de Bratislava, son terminus.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Jordi ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0