La régularité des poutrelles de la structure rappelait ces bâtiments soviétiques après l’effondrement de 1989. Deux camions blancs sans enseigne attendaient discrètement dans le noir complet. Tout était fermé aux alentours, aucun bruit ne filtrait, l’ambiance était lugubre. Vilem n’était assurément pas à l’aise dans cet endroit. Il avança vers les deux véhicules. Aucun mouvement. 20h05. Toujours rien. 20h10. Vilem commençait à réfléchir à la pertinence de la stratégie et aux risques de s’exiler dans un camion de transport. Une porte peu large grinça à ses côtés, faisant dérouler un mécanisme métallique hors d’âge. Un homme de petite taille, le visage basané, en sortit, tout emmitouflé dans un manteau noir dont le slogan délavé aux couleurs de l’entreprise contrastait avec la froideur de l’endroit. Sans prêter attention à la présence de Vilem, il se dirigea vers la cabine du camion. Vilem s’avança vers lui pour se présenter.

— Bonjour, je suis l’homme du deuxième camion, annonça-t-il.

Le transporteur ne répondit pas. Il semblait occuper à ranger des papiers dans sa boîte à gants. La cabine était dans un état déplorable, la fenêtre passager avait été calfeutrée avec du scotch marron, des restes de frites jonchaient le tableau de bord, la fourrure du volant était totalement arrachée et une odeur rance et d’œuf pourri fit reculer Vilem. Lorsqu’il descendit, il dévisagea Vilem de la tête aux pieds puis longea le camion, ouvrit la porte de la chambre froide et attendit que Vilem y monte.

Charmant accueil, pensa-t-il.

Le froid qui s’en dégagea lui donna des frissons. Il fallait être en danger de mort pour accepter ces conditions de voyage. Mais peut-être aussi que le froid le tuerait avant ses ravisseurs. Vilem prit son courage à deux mains et grimpa dans la remorque frigorifique.

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