Ombres et poussières

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Lorsqu’il ouvrit les yeux, sa tête était martelée par la douleur. Une lampe aveuglante éclairait la pièce délabrée dans laquelle il se trouvait. Ses bras étaient attachés, le moindre mouvement était impossible.

— Il est réveillé, patron !

Un homme qui semblait proche de lui hurlait à tue-tête. Les ondes sonores vibraient dans le cerveau amoindri de Vilem avec une force impressionnante. Il entendit vaguement un bruit de pas descendant des marches de manière lourde et régulière. L’instant d’après, un souffle chaud et puant l’alcool couvrit son visage.

— Vilem, je ne vais pas y aller par quatre chemins, où as-tu mis la carte ?

Vilem ne répondit pas, totalement groggy par la drogue qu’on lui avait administrée. L’homme lui tapota la joue et lui ouvrit les paupières.

— Amenez-moi de la potion magique, on va le réveiller ! cria-t-il.

Vilem se débattit et tomba de sa chaise, face contre sol. Le gorille le releva et lui administra une dose d’amphétamine en intraveineuse. Vilem eut un spasme violent et sentit une énergie soudaine envahir ses muscles. Il ouvrit les yeux et put observer avec clarté son agresseur. Il devait avoir la quarantaine, la barbe finement rasée et les yeux noirs comme l’enfer. Son costume était taillé sur mesure et sa gestuelle réfléchie.

— Alors, on a l’air plus à l’écoute maintenant ? Vilem, où est la carte SD ?

Vilem, les yeux écarquillés, était toujours incapable de prononcer le moindre mot.

— Crois-moi, je ne suis pas quelqu’un de très patient, il vaut mieux pour toi que la réponse soit rapide.

— Qui êtes-vous ? demanda Vilem, croyant avoir déjà vu son visage quelque part.

— Ah, mais toi, tu ne poses pas de questions, c’est mon boulot, ça, répondit son agresseur en lui pinçant les joues.

Un silence se fit. Puis Vilem entendit claquer des talons derrière lui. Il réagit instantanément à une odeur qu’il ne connaissait que trop, ce parfum fruité à l’odeur de cannelle. Non, il devait délirer, c’était probablement le fruit de son imagination.

— Vilem, murmura-t-elle.

Il n’y avait aucun doute, elle était là, au-dessus de lui, celle de qui il avait été si proche un jour.

— Svetna, prononça-t-il, difficile, incapable de savoir s’il rêvait ou si son ancienne maitresse du journal était devant lui.

— Je suis contente que tu te souviennes de moi.

Une rage soudaine s’empara de Vilem.

— Je vois que tu as choisi ton camp, toutes ces soirées mondaines, ces rapprochements t’ont mené ici, à….

— Chut mon chéri, elle passa ses faux ongles sur la joue de Vilem. Ne te fatigue pas, tu te croyais brillant mais il semble que tu aies manqué quelques passages de l’histoire.

Vilem la fusillait du regard. La drogue l’avait de nouveau rendu lucide.

— Il faut que tu saches au moins quelque chose. Ce Lubor, ton soi-disant ami, c’est lui qui t’a mis dans cette situation.

— Il vous fera tomber, lança Vilem, froidement.

— Tu es bien naïf. Lubor a toujours souhaité le pouvoir suprême depuis qu’il s’est engagé en politique. Il a trompé ses collègues, a trouvé un pion pour pouvoir faire tomber ses propres concurrents et t’a envoyé au casse-pipe.

— Très ingénieux comme discours, alors je devrais vous faire confiance, railla Vilem.

— Vilem, réfléchis deux minutes. Comment penses-tu qu’il t’ait retrouvé ? Il avait besoin d’un homme intelligent avec l’opinion publique derrière lui mais surtout il avait besoin d’un élément perdu, désœuvré, sans aucune attache. Quand il a su que tu étais à la rue, tu étais du pain béni, la personne idéale pour faire aboutir son projet.

Vilem ne sut quoi dire. L’argumentation de Svetna semblait plausible mais il savait en même temps combien elle était forte pour tromper les gens.

— Si tu crois, Svetna, que tu vas m’embarquer dans tes réflexions toxiques, tu fais fausse route.

Vilem eut un nouveau spasme et cracha un liquide blanc.

— Les forces en œuvre sont plus importantes que tu ne le crois. Ton combat est mort d’avance.

— La folie te tient Svetna, tu ne l’emporteras pas.

— Tu es aveugle mon pauvre. Mais passons cela, tu sais bien que je te laisserai sortir seulement si tu nous dis où est la SD mon chéri.

Vilem ne répondit pas. Svetna s’impatienta et claqua des talons.

— Chéri, je perds patience.

— Je ne sais pas, répondit Vilem, à court d’argument. Svetna avait jeté le trouble en son esprit et la drogue l’avait désormais rendu docile.

— Tu es sûr ? Tu sais ce que ça veut dire ?

Svetna avait changé de ton, elle était désormais impérieuse et sa voix semblait sans scrupule.

— Je n’ai plus le support, je ne sais pas pourquoi. Svetna, ils t’ont embrigadé toi aussi, tu peux encore faire machine arrière, tu ne te rends pas compte de ce dont sont capables ces gens.

La belle brune rit avec emphase, tout en passant la main dans ses cheveux noirs. Elle se rapprocha et murmura à l’oreille de Vilem.

— Evzen a été dur avec toi. Que veux-tu, il était tellement influençable.

Vilem ragea sur sa chaise. Cela apparaissait comme une évidence maintenant, c’est elle qui l’avait fait virer du Pravo.

— Salope ! Tu n’iras pas loin Svetna, tu es trop conne pour ça. Tu n’es qu’un pion comme tant d’autres.

— Emmenez-le, dit-elle froidement.

L’homme au costume saisit Vilem par les épaules avant que des coups de feu retentissent. Il reçut un violent coup sur la tête et sombra dans la nuit noire.

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