Rencontres imprévues

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Vlad devait passer prendre Vilem en bas de son hôtel à 9h30 pour sa rencontre avec les journalistes. Il avait prétexté un rendez-vous anodin entre confrères. Il souhaitait d’abord savoir à qui il avait affaire avant de leur confier cette mission. Sa nuit avait été agitée par les élucubrations d’un cerveau en proie à toute sorte de démons. Il fit une nouvelle fois ce cauchemar. Il déambulait dans une forêt de taillis humide, dont les épines écorchaient insidieusement sa peau déjà flétrie et fragilisée par son âge avancé. Ses jambes frêles le trainaient douloureusement à travers la luxuriante végétation et ses pieds enfermés dans des chaussures trop lourdes s’enfonçaient dans l’épaisseur d’humus et de feuilles mortes en décomposition. Une fois que la progression devenait trop difficile, il s’arrêtait, haletant, laissant les ronces et le lierre se propager sur sa peau jusqu’à le faire suffoquer. A ce moment-là, il se réveillait en sursaut et passait machinalement ses doigts sur sa peau pour se rassurer qu’elle n’était ni écorchée ni ridée. Ces rêves étaient d’autant plus curieux qu’ils étaient récurrents et que Vilem n’avait pas, comme certains de ses amis, la hantise de vieillir. Peut-être qu’il avait le sentiment que le temps lui échappait, tant sa vie était remplie d’événements qu’il ne contrôlait pas et que son quotidien échouait à combler ses désirs fondamentaux. C’était peut-être aussi la manifestation d’un désir refoulé de changement radical de vie. Il s’habilla rapidement sans juger bon de se doucher. Son portable venait de vibrer.

Vlad ne viendra pas vous chercher ce matin, quittez rapidement l’hôtel par la sortie de secours.

Pas de signature. Lubor n’aurait pas envoyé ce genre de texto, ce n’était pas son style et il l’avait exhorté d’utiliser le PGP. Lubor l’avait prévenu que l’on tenterait de le dissuader d’effectuer sa mission. Par tous les moyens. Oleg ? Vilem se souvenait d’être allé aux toilettes pendant le déjeuner avec le politicien tandis que son portable était resté dans la poche de son manteau. « Allez-y, je vous attends pour la commande » avait-il dit de son ton mielleux.

Vilem jeta un œil par la fenêtre. Il vit la voiture noire de Vlad garée en bas de l’hôtel. Non, je dois me tenir au planning, pensa-t-il, nerveux. Il descendit rapidement l’escalier, salua le réceptionniste et sortit les yeux encore collés par le manque de sommeil. Un vent frais vint le revigorer, le ciel était nuageux mais il ne pleuvait pas. Alors qu’il arriva derrière la berline, il s’arrêta net. La plaque d’immatriculation n’était pas celle qu’il avait vue la première fois dans le ghetto. Le véhicule alluma ses feux et recula rapidement. Il fit demi-tour. Trop tard. Deux hommes encagoulés surgirent devant lui, l’empoignèrent violemment et le jetèrent dans la voiture en lui collant un mouchoir imbibé sur la bouche. Vilem s’égosilla pour appeler à l’aide mais sa vision devint vite trouble, ses pensées confuses et le noir envahit son esprit.



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