— Allez, à toi ! lança Johanna.

— Je n’aime pas ce genre de questions, ça me gonfle, dit Vilem, hostile.

— C’est juste un petit jeu, le rassura Johanna.

— Bon, d’accord, ma première honte, c’était peut-être de ne pas savoir s’il fallait l’embrasser à la fin du cinéma. J’étais terrorisé à l’idée, elle me lançait des regards furtifs pendant la séance et ça me mettait dans un malaise incroyable.

Johanna rit de bon cœur.

— Le pauvre petit timide.

— Oui, fous-toi de moi, railla Vilem.

— Tu as toujours été comme ça ?

— Non, j’ai eu un déclic à l’université après une rupture difficile. J’ai changé de méthodes après ça.

— Et c’étaient quoi tes méthodes ?

Tout cela avait aiguisé la curiosité de Johanna.

— Tu poses trop de questions Johanna.

— Dis-moi, ça m’intéresse !

Vilem n’aimait pas parler de ces choses-là, surtout avec la fille avec il partageait sa vie désormais. Ses aventures avec les femmes avaient toujours été compliquées, il avait souvent été torturé par l’idée d’avoir une vraie relation et s’en était tenue, la plupart du temps, à des relations purement physiques.

— Disons que j’ai cessé de réfléchir et j’ai pris les opportunités qui se présentaient. Mais avant toi, je n’ai jamais su aimer, tu m’as appris à donner et à savoir recevoir.

Johanna le regarda, les larmes aux yeux.

— Ca me touche ce que tu dis. Tu cherchais juste un peu d’équilibre dans ta vie, fit-elle, pensive. En tout cas, je suis contente de t’avoir rencontré Vilem, j’espère que nous arriverons à construire quelque chose tous les deux.

— J’espère aussi Johanna, j’espère aussi, dit-il en passant ses doigts dans ses longs cheveux.

L’équilibre, pensa tristement Vilem. Après les récents événements qu’il avait vécus, il se demandait encore comment il pouvait concevoir l’équilibre dans son existence. La vie de Vilem semblait tenir sur des billes en mouvement perpétuel. Il ne se sentait plus à l’abri d’un autre bouleversement majeur qui l’enverrait à la rue ou directement à la mort. L’avenir stable et heureux était exclu de son esprit, il se pensait voué à une cause personnelle funeste.