Expulsion

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Avis d’expulsion de votre appartement pour défaut de paiement.

Un petit texte détaillait les modalités de l’expulsion, la société engagée pour le recouvrement ainsi que la date de saisi des biens. Une semaine, murmura Vilem. Longtemps, il avait repoussé cette idée, se disant qu’on l’oublierait, que sa notoriété ferait qu’il pourrait être exempté d’une telle situation. Pourtant, la lettre était là, bien réelle et les quelques mots qui y étaient apposés ne laissaient aucun doute.

Ça devait arriver, pensa-t-il, tristement, considérant bien les conséquences d’une telle lettre.

Il lui restait une petite semaine pour faire le deuil de son logement, récupérer l’essentiel et envisager un autre lieu de vie. La journée était décidément chargée.

Il devait se résoudre tant bien que mal à cette situation. La descente aux enfers était difficile, incompréhensible, perdre sa petite amie, son boulot puis son logement en quelques semaines étaient décidément beaucoup pour un seul homme. En ouvrant sa fenêtre, il ne vit pas la rue plaisante et les pavés qu’il aimait contempler dans ses réflexions quotidiennes. Un vide et un chaos indicibles avaient envahi son esprit. Sa tête tournait et ses pensées fusaient, il souhaitait être sous terre et ne plus rien ressentir. Les envies, le désir, la vie, tout l’avait déserté, il restait le regard vide à contempler les pierres du bâtiment d’en face, immobile. Il allumait les cigarettes les unes après les autres sans les terminer et remplissait ses verres de son whisky préféré sans conviction. L’alcool lui procura une temporaire et fragile légèreté qui l’exhorta à sortir et aller se ressourcer. Il se rendit au Stromouka, un endroit dans lequel il avait passé tant de temps avec Johanna.

Vilem, hagard, parcourait ce sanctuaire naturel pour tenter d’y trouver l’apaisement et le recueil. Il pleurait silencieusement dans les allées, touchait le tronc des platanes qui l’encerclaient, tentait d’absorber les bonnes ondes du saule-pleureur qui semblait lui offrir un endroit de douceur inégalable. Son âme en dérive recevait ces échanges avec bienveillance et la synesthésie opérait son pouvoir consolateur. Lorsqu’il était enfant, sa grand-mère lui disait souvent d’aller tout seul en forêt pour atténuer ses peines, celle-ci était dense en Bohême et aucun bruit ni personne ne pouvait y polluer l’ambiance. Jeune, il ne comprenait pas trop pourquoi cette vieille dame lui conseillait ça, il était alors terrorisé par la forêt. Il s’était souvent posé des questions sur ce que pouvait apporter les arbres pour résoudre les malheurs d’un petit garçon. Il comprenait après toutes ces années ce qu’elle avait voulu lui dire, elle qui les avait quitté il y a si longtemps déjà.

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