Johanna

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Une belle journée de printemps s’annonçait. Les rayons du soleil emplissaient la chambre de Vilem par-delà ses rideaux et les oiseaux de la cour chantaient à tue-tête. Il s’imaginait dans la petite maison de campagne de sa grand-mère où les lourds volets permettaient de dormir tard mais où l’appel de la nature était trop présent pour que l’on reste au lit. Il sentait même les odeurs de lilas qui fleurissaient timidement, le plant de glycine qui montrait ses premières fleurs et le calme de la nature qui l’enveloppait doucement. De sa fenêtre, il voyait les tiges de blé se courber sous le vent matinal, la petite brise venait également chatouiller les marronniers et tilleuls qui offraient une ombre douce et voluptueuse grâce à leurs feuilles naissantes. Le matin laissait s’éveiller doucement ce petit monde, laissant à chacun l’agréable liberté de pouvoir faire valoir son existence, du premier bourdon qui venait titiller les fleurs de rosiers au rossignol qui se laissait chauffer les ailes sous les rayons du soleil paternel.

Vilem avait décidé d’aller se restaurer dans un endroit dont il avait eu connaissance par un ami, situé sur l’autre rive, dans le sud de Prague 5. Il loua un vélo et emprunta le pont Jiraskuv most qui enjambait la large rivière jusque dans des quartiers résidentiels partiellement habités. Le restaurant se situait sur une rue plus étroite, Stefanikova, où chaque palier hébergeait un commerçant différent. Les tables étaient installées dans le sous-sol, il fallait descendre quelques marches pour atterrir dans une magnifique pièce voutée en belles pierres gris anthracite. Dans une grande cheminée était suspendu un énorme chaudron qui mijotait au-dessus d’un feu de bois crépitant. Des odeurs agréables de légumes et de viandes en émanaient, qui vinrent chatouiller les narines de Vilem. Celui-ci fut reçu par le sourire discret d’une jeune serveuse brune aux yeux verts qui attendait derrière un comptoir en bois.

Sans ouvrir la carte, Vilem commanda le menu du jour qui ne dérogeait pas à la tradition culinaire tchèque, une soupe à l’ail et au fromage pour débuter, suivie de côtes de porc immergées dans une crème poivrée et un apfelstrudel, ce petit gâteau au pomme à la pâte feuilletée, d’origine autrichienne, mais qui était devenu la clôture incontournable du repas tchèque populaire. Il n’était plus si fréquent de trouver du porc dans les restaurants, souvent remplacé par du poulet quand l’apport protéiné n’était pas assuré par quelques insectes grillés. La patronne, petite bonne femme d’une cinquantaine d’années, aux sourcils sévères mais au regard bienveillant, apporta l’addition. Vilem lui fit des compliments sur le porc avant qu’elle ne lui confie qu’elle l’avait fait venir de sa région natale. Sa famille continuait de manière ancestrale à élever les animaux en plein air et à les cuisiner de la meilleure manière.

Vilem reçut avec surprise un texto de Svetna.

Bonjour Vilem, je serai à la soirée du journal, est-ce que tu viens aussi ?

Il semblait qu’elle ait été séduite par Vilem ou en tout cas qu’elle appréciait sa présence, il en était flatté. Mais comment avait-elle eu son numéro, personnel qui plus est ? Vilem rangea son portable et adressa un sourire à la jeune serveuse qui s’avançait pour débarrasser la table.

— C’était délicieux, je crois que je vais devoir revenir, admit-il.

— Mais c’est le but, répondit la jeune serveuse, vous travaillez dans le coin ?

— Je travaille au Pravo.

Quelque chose avait retenu l’attention de Vilem et il se permit de le faire remarquer.

— Comment se fait-il que vous n’ayez pas plus de monde en pleine semaine ?

— Nous avons dû fermer quelques temps pour cause d’inventaire, mais les gens vont revenir. Tout le monde fait des éloges de notre cuisine, le rassura-t-elle

Vilem savait qu’elle ne disait pas la vérité mais peu importe.

— Elle est appréciée par moi en tout cas, et soyez-en sûres, je reviendrai.

En partant, Vilem lui glissa en chuchotant.

— Au fait, comment vous appelez-vous ?

— Johanna, répondit la jeune serveuse, rougissante.

— Moi c’est Vilem, à bientôt.

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