le drame

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Trente-et-un août 1942, à vingt-et-une heure quinze, à Bruised City.

Le rire et la conversation fleurissaient au moment du dîner.

Les enfants - les jumelles, Marie et Janine, Gabriel et Éliane - racontaient à leur père ce qu’ils avaient fait durant la journée. Ce dernier était content de voir tant d'enthousiasme,  bien qu'il ne comprenne pas tout ce que chacun disait dans cette cacophonie. La mère de famille distribua un morceau de pain à chacun. Lorsque les enfants s’assirent à table, Claude - le père - servit le plat principal. Tout le monde tendit une assiette devant lui pour qu’il puisse les servir. Gabriel prit le pichet d’eau et versa de l’eau dans chaque verre.

Louise regardait son mari avec amour et tendresse, ses yeux brûlant d’émotions. Elle repensait à son mariage, ce simple souvenir la remplissait de nostalgie. Ils s’étaient rencontrés au bal ayant eu lieu sur la place principale de la ville, Claude avait vingt-et-un ans et Élizabeth avait dix-huit ans à cette époque. Claude l’avait invité à danser. La jeune femme était tombée amoureuse de lui après cette danse. Depuis, ils ne s’étaient plus quittés.

Éliane était assise en face de sa mère piquant du nez devant son assiette à moitié vide. Les jumelles étaient silencieuses tandis que Gabriel baillait aux corneilles. Le reste du repas, seuls les couverts claquaient contre les assiettes.

La mère leva son verre à la bouche, s'arrêtant dans son élan après avoir ressenti une secousse qui faisait trembler les murs.

Leurs yeux se croisèrent de stupéfaction en se demandant ce qui se passait, ils se levèrent faisant à l'unisson faisant grincer les chaises. Ils demandèrent à leurs enfants de se lever et de se cacher sous la table pour les protéger d'éventuel bombardement.

Les avions ennemis passèrent au-dessus de leur maison en reconnaissance et sans faire d'autre dégât.

Ils sortirent tous les deux de la maison en claquant violement la porte contre le mur.

Dehors tous les voisins étaient sortis et tous les visages scrutaient les alentours, pour savoir d'où venait les avions. Après leur passage régnait un silence de mort. Ils profitèrent pour s'engouffrer de nouveau chez eux.

Les parents rentrèrent de nouveau, quand soudain la mère posa à peine le pied sur une marche et le père la main sur la poignée, ils se figèrent sur place et fixèrent un point vers l'horizon.

Au loin ils pouvaient voir un gros nuage noir, s'approchant un peu trop rapidement, piquant du nez.

Ils reconnurent les snakes delta II, la gueule d'un cobra était dessinée sur le dessous des ailes, pour qu'ils soient voyants de haut.

Arrivant au carrefour, ils firent feu ne laissant aucun espoir à ceux qui se trouvaient sur leurs chemin.

Les missiles retentirent de toute part, laissant sur leurs sillons des cadavres criblés de balles, faisant des trous béant dans la chair et explosant les cadavres en plusieurs morceaux. Ils ne pouvaient plus faire la différence entre un enfant ou un adulte, la scène restera gravée dans leur cœur.

 Une deuxième vague, cachée derrière le cul des autres, lança des obus sur le toit des habitations, ne laissant derrière eux que des structures et des gravats jonchant le sol, des hommes écrasés par les plafonds, et du sang dégoulinant des murs. La foule se dispersèrent de nouveau, s'enfermant chez eux. Les plus chanceux survivront, les plus malheureux mourront !

Les adultes arrivèrent vers leurs enfants les serrant et pleurant dans leurs bras.

Ils se refugièrent dans la cave, s'accroupirent et s'enlacèrent se regardant avec un air meurtrit.

La mère portait les filles sur ses genoux et les berça en chantonnant une berceuse, pour les divertire et pour détourner l'attention. Le bruit se fit muet, plus un seul mouvement venant de l'extérieur, leurs annonçaint que le calme était revenu. Ils se jetèrent un regard en coin et se comprirent aussitôt.

Papa dit à Gabriel de monter à l'étage chercher son bagage, et qu'il ne devait pas faire de bruit en montant dans les escaliers.

- Gabriel, tu dois prendre qu'une seule valise, rien de lourd et rien d'encombrant. demanda papa la main posée sur sa colonne vertébrale le poussant un peu pour qu'il s'en aille.

Gabriel hocha la tête d'un air tout triste et se dirigea vers les marches, il monta en s'agrippant sur la rampe pour ne pas tomber.

- Eliane, tu suis ton frère et pareil pour toi tu n'en prends qu'une.

Eliane alla dans sa chambre qui se trouvait elle aussi à l'étage, elle courut jusqu'en haut et s'enferma dans son antre.

- Ma puce tu pars t'occuper des petites et dès que tout le monde a fini, on se rejoint devant la porte d'entrée.

- très bien mon cœur, faisons vite, j'ai bien peur qu'ils reviennent finir leurs travails d'ici peu.

- tu as raison, je pars à la cave voir ce que nous pourrons emporter.

Louise courut vers la pièce de Janine et Marie, avec à ses trousses les deux petites têtes blondes.

Elle prit les valises, les posa sur leur lit et commençait à s'attaquer à la commode. Elle prit ce qui lui tombait sous la main et les jetaient sans sommation dans les bagages.

Les petites prenaient seulement leurs poupons dans leurs bras frêles et leurs têtes boudeuses dans leurs cous.

Elles rejoignirent Gabriel qui était déjà assis sur la sienne, les genoux repliés, les coudes posés dessus et la tête entre ses doigts attendant que tout le monde est fini.

Après un certain temps, ne voyant pas arriver Eliane, la mère décida de monter la voir, voir où elle en est. C'est en arrivant devant le battant de la porte qu'elle entendit, Eliane sangloter et pleurer toutes les larmes de son corps, allongée sur le ventre les bras pliés et dessous l'oreiller. Elle la rejoignit et s'allongea assez proche pour qu'elle la prenne dans ses bras protecteurs.

D'une main elle caressait sa belle chevelure noire, et de l'autre entoura son bassin.

- Je sais que c'est un jour difficile, mais nous devons nous enfuir, trouver un coin de paradis loin d'ici, tout va bien se passer. S'exprima-t-elle.

Elle cacha sa peine et essuya ses larmes sur son épaule. Elle retrouva le peu de force qui lui restait pour se lever et porter sa fille dans les bras.

Elles retournèrent sur leurs pas où tout le monde les attendaient déjà sur place.

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