Chapitre 57 :

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Luke n’arrivait pas à en croire ses yeux, il volait sur le dos d’un dragon au-dessus de Helmstedt à une vitesse invraisemblable. Il aurait presque pu s’émerveiller de la situation si la ville en dessous de lui n’était pas entrain de se faire attaquer par une masse grouillante de monstre. Elise à côté de lui ne lui lâchait pas la main, et l’amnésique appréciait de retrouver ce contact.

— Tu aurais pu nous dire ce qu’il se passait, lança la jeune femme en serrant jusqu’à lui faire mal. Mais non, monsieur préfère se la jouer cavalier solitaire.

— Je ne voulais pas vous mettre en danger, s’excusa Luke en serrant les dents, les ongles d’Elise s’enfonçant dans sa peau.

— Elle m’a tout expliquée, continua la mage. Peu importe le danger, ensemble nous aurions trouvé une meilleure solution.

Éléonore-Amy Herrscher, qui se tenait à cheval sur le cou du dragon se retourna vers eux. Ses cheveux blonds formaient un épais chignon, et elle portait une armure légère. Elle tendit le katana de Lan’Ru à Luke.

— Je suis désolé, cria-t-elle pour couvrir le bruit du vent. J’aurais dû m’opposer à mon père, mais je n’ai pas pu. Même Frose m’a dit de venir t’aider plus tôt, elle avait raison.

— Ou est-elle d’ailleurs ? demanda Luke.

— En dessous de nous, dit Elise en pointant du doigt le dragon.

— Quoi ? Comment est-ce possible ?

— Je t’expliquerais plus tard Lugné, intervint Éléonore. Il faut que tu m’aides, sans toi la ville va tomber. J’ai croisé Elise qui courait, tu avais raison pour les monstres, on aurait dû se préparer.

Luke regarda tout autour de lui, il ne pouvait qu’approuver ses dires. Les monstres étaient dispersés partout, des hommes en noires attaquaient la population et les soldats, et partout la mort se répandait. Il semblait impossible de stopper le carnage sans utiliser sa marque.

— Je vais utiliser mon pouvoir pour les arrêter, déclara Luke.

— Surtout pas, le stoppa Elise. Ils peuvent ressusciter ces créatures avec leur magie, tu ne te fatiguerais pour rien.

— Qu’est-ce qu’on peut faire alors ?

— Il faut stopper leur leader, dit Éléonore en pointant du doigt deux formes qui volaient plus loin dans les airs. Il combat mon père et Dreiss en ce moment même.

— Allons-y, je ne laisserais pas les Daevas détruire cette ville.

Éléonore-Amy Herrscher lui sourit, et caressa le cou du dragon, qui battit avec forces des ailes. Au même moment des flammes déchirèrent le ciel de l’autre côté de la ville, tandis qu’en dessous on entendait des hurlements se mêler aux grognements des monstres.

Eddie n’arrivait pas à en croire ses yeux, devant lui se tenait une créature légendaire dont il entendait parler depuis tout petit. Ses écailles rouges brillaient d’un éclat surnaturel tandis qu’il essayait de se relever. Le plus incroyable c’était qu’un second dragon était arrivé à son tour, mais son corps commençait à se décomposer dans un liquide noir qui coulait sur le sol, avant de se rassembler dans l’ombre de l’homme encapuchonné. Le Chafe remarqua que si les écailles brillaient autant, c’était parce qu’elles étaient maculées de sang, le dragon était blessé à de nombreux endroits. Un vieil homme était entrain de se relever à côté de la créature, et Sokann reconnut Vershter-Oz Herrscher.

— Qu’est-ce que le roi fait là ? s’exclama t’il sans rien comprendre de la situation.

— Ce sont de bien belles reliques que vous avez là.

Deux yeux de serpents fixaient Sokann, qui frissonna de peur. L’inconnu tandis le bras, et son ombre se déplaça, recouvrant le sol sous lui et Eddie. Des liens noirs en jaillirent, entourant Sokann et maintenant Eddie couché.

— Vous avez réussi à vous débarrasser d’Eliott ? Impressionnant ! A présent ne bougez pas, j’ai quelque chose à terminer, dit la silhouette.

— N’approchez pas ! cria le roi.

Vershter-Oz Herrscher avait posé sa main sur le dos du dragon, et les terribles blessures de la bête se refermait à vue d’œil.

— On ne vous appelle pas le roi-dragon pour rien, ironisa l’homme en s’approchant. Maintenant cessez de résis...

On entendit un puissant battement d’aile, suivit d’un étrange son d’aspiration, et des flammes bleues s’abattirent sur le Daevas. Les liens autour de Sokann disparurent, et il leva la tête pour voir un troisième dragon, cette fois de la couleur de la glace. La créature cessa son déluge de feu, avant de venir se poser avec grâce à côté du dragon rouge.

Deux personnes sautèrent du dos de la bête, et Eddie se sentit soulagé en voyant Luke et Elise. Lentement les flammes se dissipèrent, révélant un bouclier d’ombre qui protégeait l’inconnu. La protection disparut à son tour, révélant l’homme dont la capuche était tombée, révélant un crâne chauve traversé par de nombreuses sutures. Sa peau était de différentes couleurs à certains endroits, et cela formait comme un patchwork. On vit d’abord de la surprise, puis de la joie avec un immense sourire carnassier, apparaître sur un visage aux traits carrés, mais dont l’âge était impossible à définir.

— Si j’avais su que j’allais te croiser aujourd’hui ! dit-il en écartant les bras. Quelle magnifique journée ! il vit la marque sur sa main et son sourire s’agrandit davantage. Incroyable, tu as vraiment réussi ? Es tu lié au Premier ?

Luke, en voyant le visage du Daevas, vit plusieurs images passer dans sa tête. Ils étaient ensemble dans un gigantesque château, assis autour d’une grande table avec une dizaine d’autres personnes. La vision d’après ils travaillaient ensemble autour de livres et de corps allongés sur des tables d’opération. Luke connaissait ce visage, il connaissait même son nom.

— Tu es Andross, murmura-t-il avec dégoût.

Le dénommé Andross leva un sourcil face à la réaction de Luke.

— Pourquoi prononcer mon nom de cette manière ? Tu devrais être heureux de me revoir ! Si tu es encore en vie c’est que l’expérience a fonctionné !

— Je ne sais pas de quoi tu parles, répliqua Luke.

Le sourire sur le visage du Daevas s’évapora en un instant, remplacé par une profonde déception.

— Eliott m’avait pourtant prévenu que tu te comportais étrangement, dit-il avec tristesse. Mais j’espérais que cette amnésie ne soit qu’un simple mensonge. Quel malheur... J’imagine que tu ne veux pas te joindre à moi ? Comme au bon vieux temps ? proposa-t-il en lui tendant la main.

— Tu es complètement fou, cracha Luke. Arrête tout de suite ce massacre sans aucun sens !

— Sans aucun sens ? répéta Andross. Sacrifier son peuple avait pourtant beaucoup de sens pour ce pauvre roi. Je me contente de donner une réelle utilité à la mort de tous ces gens.

Plusieurs regards se tournèrent vers Vershter-Oz Herrscher, qui semblait si pitoyable appuyé contre l’imposant dragon rouge.

— Cet homme voulait changer son peuple en une armée, tout ça pour poursuivre ses misérables rêves de conquête ! J’ai préféré donner du sens à tout cela !

— En quoi la mort d’innocent a-t-elle du sens ? intervint Éléonore-Amy Herrscher.

— Je vais te le dire ma princesse, répondit le Daevas.

Il leva le bras pour désigner les cris que l’on pouvait entendre au loin.

— Vois-tu lorsque l’on meurt, l’âme s’échappe de notre corps, emportant avec elle toute la magie qui était en nous. Elle reste un temps non loin du cadavre, puis se laisse porter par le vent, et se disperse à travers le monde. Ce qui est intéressant, c’est le moment ou l’âme reste proche du corps. Même un humain lambda libère une impressionnante quantité de mana lors de sa mort, une énergie qui ne demande qu’à être utilisée.

— Vous sacrifiez tous ces gens pour du mana ? s’emporta Elise. Pour quelle raison faut-il autant de magie ?

Andross sourit, et attrapa le livre qui flottait à côté de lui, son ombre commença à se déformer sous ses pieds.

— Il ne nous faut pas seulement du mana, expliqua-t-il. J’ai aussi besoin d’un réceptacle avec une réserve de mana suffisante.

En un instant son ombre s’étendit jusqu’à recouvrir le sol sous Eddie et Sokann.

— Non ! hurla Luke en se précipitant vers son ami.

Les deux dragons ouvrirent leurs gueules en grand, et un torrent de flammes bleues et rouges se déversèrent sur le Daevas. L’ombre revint vers son possesseur, qui eut tout juste le temps de lever un voile pour se protéger de l’attaque. Luke resta devant Eddie, à côté de lui Sokann tenait l’arc dorée, et était parvenu à générer une flèche qu’il avait encoché.

Les dragons arrivèrent à bout de souffle, et le feu se dispersa, révélant la même sphère noire qu’Andross avait utilisé précédemment. Le bouclier disparu, mais le Daevas n’était plus visible.

— Ou est-il passé ? hurla Éléonore-Amy Herrscher en regardant partout autour d’elle.

— Regardez ou se dirige son ombre ! cria Luke en pointant le sol du doigt.

Un mince trait d’ombre partait depuis l’ancienne position d’Andross, jusqu’à atteindre l’ombre de Frose le dragon, avant de repartir pour rejoindre l’ombre du dragon rouge. Éléonore se précipita en avant.

— Père ! Éloignez-vous de Dreiss ! cria-t-elle.

Vershter-Oz Herrscher ne comprit pas, et une forme apparue derrière lui, jaillissant de l’ombre du dragon. Le bras renforcé de magie d’Andross traversa la poitrine du vieil homme, projetant du sang tout autour de lui.

— Maintenant que tout est réuni, je vais pouvoir répondre à ta question jeune fille !

Dreiss balança sa patte pleine de griffe en avant, mais Andross et le souverain disparurent de nouveau dans l’ombre. Trois hommes vêtus de capes noires apparurent entre les bâtiments, s’avançant sur le désert de cendre. Une tâche noire se détacha de l'ombre du dragon, et virevolta jusqu'à rejoindre les nouveaux arrivants. Andross sortit de l’ombre une nouvelle fois, et déposa le corps ensanglanté du roi sur le sol, ce dernier gémissait faiblement. Les Daevas se réunirent autour de Vershter-Oz Herrscher, et commencèrent à incanter en chœur.

Andross se retourna vers Elise, levant les bras comme pour célébrer sa victoire.

— Aujourd’hui, nous allons invoquer un démon !

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