Chapitre 34 : Infiltration

7 minutes de lecture

Luke et Eddie suivaient leur guide depuis maintenant plus d’une heure. Ils marchaient, rampaient, grimpaient, et enfin changeaient de direction sans arrêt. Le réseau de couloir entre Aria et la ville souterraine était labyrinthique, et sans limite. Naviguant sans arrêt entre des chemins construits par le roi, et d’autres clandestins, le trio progressait à bonne allure. Passant de tunnel insalubre manquant de s’écrouler, à d’autres propre et parfaitement entretenu. A plusieurs reprises l’amnésique dû accélérer, Laz était bien plus agile que son apparence ne le laissait penser, et il manqua de les distancer à plusieurs reprises.

— C’est interminable, jura Eddie entre ses dents, en se cognant contre une poutre maintenant le tunnel.

— On y est presque, indiqua leur guide.

— J’en peux plus de tout ces détours de merde ! poursuivit le chasseur de relique.

— C’est pour éviter les gardes mon vieux, dit Luke, qui se retenait de rire en voyant son ami se cogner partout. Prends sur toi.

— Je ne fais que ça.

Après quelques minutes de marches, et tout autant de juron, Laz leur fit signe de ralentir. Il chercha quelque chose sur le sol directement taillé dans la pierre, et souleva une plaque, dévoilant un autre couloir. Ils descendirent du petit passage qu’ils venaient de traverser, pour atterrir dans un couloir si blanc qu’il leur fit mal aux yeux. Ils avancèrent dans le couloir jusqu’à un virage, et le maître voleur se pencha discrètement pour vérifier si la voix était libre. Il recula la tête rapidement, une expression paniquée sur le visage.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? s’inquiéta Luke en murmurant tout bas, déjà peu rassuré par toute cette opération.

— Il y a deux gardes devant la porte, chuchota Laz. Pourtant la dernière fois, il n’y avait personne ici !

— C'est chiant, grogna Luke. Tu as encore ton artefact qui fait de la fumée ? s’enquit-il auprès d’Eddie.

— Malheureusement non, il est resté dans les souterrains lui aussi. Mais ne t'en fais pas, j’en ai un autre encore plus pratique, ajouta-t-il en fouillant dans les poches de son manteau.

Après avoir farfouillé dans une dizaine de poche, il sortit un petit objet en forme de pyramide, de la taille d’un gros pouce. Il appuya dessus, et l’objet émis une légère lumière jaune. Luke bougea les lèvres pour demander à quoi cela pouvait servir, mais aucun son n’en sortit. Eddie rappuya sur l’artefact et les sons revinrent.

— Incroyable, souffla Luke.

— Par contre la portée est assez réduite, prévint Eddie. Moins de quatre mètres.

— Tu aurais pu dire que tu avais ce genre d’objet avant, dit Laz, avec une expression très intéressé. Pour combien tu me le vends ?

— J’aime bien les surprises, répondit le Chafe en souriant. Et ce n’est pas à vendre, désolé.

Le duo se regarda dans les yeux, et Eddie commença à décompter silencieusement. Quand ce fut le moment, il se précipita dans le couloir, tout en lançant la relique avec le plus de précision possible, aux pieds des deux gardes. Les deux hommes tout en armure sursautèrent sous la surprise, mais quand ils tentèrent de parler rien ne se passa.

Sans paniquer, gardant leur calme malgré la situation, ils dégainèrent chacun une épée à une main. Luke et Eddie sortirent chacun leurs armes, lançant un premier assaut éclair. L’acier s’entrechoqua sans le moindre bruit, la relique fonctionnant parfaitement. Le couloir mesurait environ cinq mètres de large, ce qui n’offrait pas beaucoup de marges de manœuvre aux combattants. Chaque mouvement devait être réalisé avec précaution.

Luke feinta un coup vertical, pour attaquer horizontalement, son adversaire comprit la ruse, et bloqua le coup et effectua une parade quasi parfaite. Il lança son pied en avant, forçant Luke à reculer un peu, avant de lui-même attaquer avec un coup d’estoc. L’amnésique esquiva d’un pas sur le côté avant de contre attaquer, mais le garde recula en arrière avec agilité malgré sa lourde armure.

On est loin des amateurs que j’ai affrontés avant, pensa Luke. Ce type est un guerrier d’élite !

Loin du style nonchalant de Lao’Fu, ou de la manière désordonné et brutale Du Balafré, la manière parfaitement académique et équilibré du soldat faisait de lui un adversaire de valeur.

Comment l’assommer malgré son armure ?

Un nouvel échange de coup s’ensuivit, sans qu’aucun des deux ne prenne l’avantage. Luke devait se dépêcher, et ne pas utiliser toute son énergie maintenant. Il repensa à un affrontement qu’il avait vu entre Sho’Ryu et Eddie, la rare fois ou le Chafe était parvenu à mettre l’autre à terre, et une idée lui vint.

L’amnésique recula d’un pas, puis se précipita en avant en faisant faire à son arme un arc de cercle de droite à gauche. Le garde vit le coup arriver de loin, et leva son arme pour bloquer efficacement l’attaque. Au moment ou les lames allaient s’entrechoquer, Luke lâcha la sienne, et continua d’avancer. Il fit passer une de ses jambes entre celle de son adversaire, et de sa main droite attrapa son casque. Luke poussa de toute ses forces, tout en bloquant les mouvements de son adversaire, et le garde bascula en arrière, son crâne heurtant le sol avec force, toujours sans aucun bruit.

Lorsque Eddie avait employé une technique de ce genre, le Nijimien s’était plaint : « Aucun combattant ne lâche son arme en plein combat ! ».

Il ne serait pas fier en me voyant.

Les yeux du soldats, visible à travers son heaume, était vide et brumeux, signe qu’il était bien assommé. Luke tourna la tête pour voir si son ami s’en était sorti, et il vit entrain de fouiller les poches d’un autre malheureux au sol. L’amnésique désactiva la relique.

— Tu ne l’as pas tué rassure moi ? interrogea-t-il.

— Bien sûr que non, répliqua Eddie. Je sais suivre un plan tu sais ?

— Parfait, continuons alors.

Ils firent signe à Laz, qui s’approcha timidement avant d’enjamber les deux hommes au sol. Le plus discrètement possible, il entrouvrit la porte que gardait les soldats, pour jeter un œil dehors. Une fois rassuré, il leur indiqua de le suivre.

Le trio sortit d’une sorte de cabanon au fond des jardin royaux, un accès direct jusqu’aux systèmes magiques de la ville. Luke aperçut des gardes patrouiller plus loin, même en pleine nuit la sécurité était renforcée. Les mêmes lanternes magiques qu’en villes éclairaient l’endroit. Ils se faufilèrent discrètement entre les magnifiques allées remplies de plantes, se cachant derrière les haies et buissons hauts de plusieurs mètres, jusqu’à arriver au niveau du château.

— Les quartiers royaux sont au-dessus, leur indiqua Laz. C’est à vous à présent.

— Merci pour ton aide, dit Luke en regardant la distance qui les séparait de leur objectif.

— N’oubliez pas par ou vous devez partir, mais surtout, ajouta leur guide. Si vous vous faites prendre, Gorlon et les souterrains n’ont rien à voir avec cela.

— C’est très clair.

Le petit homme s’écarta rapidement, laissant le duo seul face à leur mission, escalader la façade du château.

— J’espère que t’es bon grimpeur, lança Eddie avec un sourire en coin.

— J’espère aussi.

Vérifiant qu’aucun garde ne soit dans le coin, ils entamèrent leur ascension.

L’amnésique avait les bras en feu, et le souffle court, quand ils atteignirent enfin le bon étage. Ils grimpèrent sur un balcon, et prirent quelques minutes pour retrouver une respiration normale. Le duo ne savait pas précisément quand quelle chambre résidait le prince Etienne, mais l’informateur de Sokann, un soldat un peu trop bavard, leur avait indiqué qu’il était plutôt du côté est du château.

— On teste les chambres une par une ? souffla Eddie.

— Pas le choix, répondit Luke.

Le chasseur de relique ouvrit doucement la porte fenêtre du premier balcon, pour dévoiler une chambre plongée dans l’obscurité. Quelqu’un dormait à poing fermé dans le grand lit de la pièce, Eddie parvint à distinguer de longs cheveux noirs, et ferma rapidement. Ils sautèrent sur le balcon suivant, utilisant à chaque fois la relique pour neutraliser tous les sons. La chambre suivante était occupée par un homme chauve, que Luke se rappela avoir vu accompagnant le cortège royal, et celle d’après était vide.

Ils arrivèrent alors au dernier balcon de cette façade du château, la dernière chambre des quartier royaux. A peine arrivé, Luke ressentit étrange une sensation de froid. Eddie ouvrit la porte, et les deux amis pénétrèrent dans la chambre. Ils trouvèrent le lit complètement vide, comme si quelqu’un venait de le quitter très récemment.

— Les assassins d’Aria ne sont pas très discrets.

De la glace apparut au niveau de la fenêtre, et bloqua totalement le passage. Luke voulu bouger, mais ses pieds aussi étaient gelés, et de la glace commençait à remonter le long de ses jambes. Eddie attrapa son arme, mais l’amnésique lui fit signe de ne pas s’en servir. Une silhouette assise sur un fauteuil au fond de la pièce se leva, avant d’aller calmement allumer la lumière de la chambre en appuyant sur quelque chose dépassant du mur. Luke fu ébloui une seconde par l'éclat crée par la magie, mais quand ses yeux furent enfin habitués, il reconnu le prince Etienne. Il était vêtu d’un peignoir bleu, mais les cheveux parfaitement coiffés.

Il lut d’abord de l’arrogance sur son visage, puis de la surprise vint la remplacer.

— Luke ? C’est bien toi ? Tu... tu n’es pas mort ?

Annotations

Vous aimez lire Hoghan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0