Chapitre 27 :

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Les sept premiers jours défilèrent à grande vitesse, Luke ayant tout le temps quelques choses à faire. Pour la première fois depuis son réveil dans « La Cage » il n’avait rien à faire, nul par ou se rendre, aucun combat à mener, il devait juste attendre.

La ville regorgeait d’activité, et donc de travail en tout genre. Un jour ils recrutaient des bucherons, le lendemain ils avaient besoin d’aide dans les champs et le jour d’après il fallait transporter des vivres du Quartier Est à l’autre bout de la ville. Luke accepta avec joie, la paye étant assez élevé. Avec plusieurs collègues, ils amenèrent les marchandises jusqu’au Quartier Ouest, empruntant un pont pour passer par-dessus le fleuve qui traversait la ville. L’amnésique fut très surpris du changement d’ambiance de l’autre côté, les maisons était plus vieille, construire avec en pierres et en bois. Les passants étaient souriants, mais bien moins riche que de l’autre côté de la ville. Il ne resta pas longtemps dans cette partie de la cité, pour ne pas se faire repérer par des hommes de Gorlon qui passeraient par-là, et rentra à l’auberge alors que le soleil commençait à décliner.

Luke repense à la pauvreté des souterrains, et se demanda comme la royauté pouvait les laisser comme cela, alors qu’à la surface la vie était bien meilleure.

Ils avaient choisi une des auberges la moins chères, et surtout ils avaient réussi à en trouver une comportant une suite pour quatre. Avec trois chambres, un salon et une cuisine, louer tout cela leur revenait à quatre pièces d’argent avec les repas. Quand il rentra, il trouva Elise en train de travailler sur la grande table, elle ne faisait que ça de ses journées, elle allait emprunter des livres à la bibliothèque du Quartier Est, puis revenait rapidement. Elle perdait le moins de temps possible, consacrant tout son temps à la magie.

— Salut, la salua Luke.

— Ça s’est bien passé ? dit-elle distraitement, sans lever la tête de son livre.

— Sans aucun souci.

Voyant qu’elle n’avait pas envie de parler, il se rendit dans la plus grande chambre avec deux lits, celle qu’il partageait avec Eddie. Lui aussi s’était rendu à la bibliothèque, qu’il avait trouvé absolument gigantesque avec ses grandes étagères remplies d’ouvrage. Sokann lui avait pourtant dit que la bibliothèque de l’Académie était censée être encore plus grande, mais celle royale les dépassait toute les deux. Il s’installa sur son lit et attrapa un livre sur l’histoire d’Aria.

— Toi aussi t’es plongé dans la lecture ? lança Eddie en entrant dans la pièce.

— J’essaie de me rafraîchir la mémoire, répliqua Luke en tournant la page.

— Tu devrais dire à notre grande érudite de se détendre un peu, elle ne m’a même pas vu arrivé.

— Elle t’a peut-être ignoré va savoir, plaisanta l’amnésique.

— Personne ne m’ignore !

Le Chafe attrapa son arme, qu’il cachait sous son lit, et s’assit en tailleur sur son lit. Il sortit la lame de son fourreau, et la posa sur ses cuisses, puis il ferma les yeux pour méditer. Des flammes apparurent le long de l’acier, avant de se répandre sur toute l’arme pour ensuite courir le long des vêtements d’Eddie. Luke avait eu peur qu’il mette le feu à l’auberge la première fois, mais ces flammes n’émettaient aucune chaleur, c’était juste de la magie pure. L’amnésique observa son ami, de la sueur commençait à couler sur son visage, montrant à quel point il devait maintenir sa concentration. Les flammèches devinrent de plus en plus nombreuses, et se déplacèrent de plus en plus rapidement, mais au bout de trois minutes elles disparurent toutes en un instant, laissant Eddie transpirant et énervé.

— J’ai l’impression que c’était mieux qu’hier, le rassura Luke.

— Tsss, grogna son ami. Depuis que je suis libéré j’arrive bien mieux à maîtriser la relique, mais impossible d’atteindre la Libération.

— Tu vas y arriver, tu m’as dit toi-même que c’était très compliqué à atteindre.

Tandis qu’ils parlaient, Luke vit les lumières extérieures s’allumer, des sortes de lanternes accrochés à des poteaux projetaient leur lumière, éclairant toute la rue comme en pleine jour. De la magie sous forme liquide courait dans des canalisations sous toute la ville, et permettait ainsi d’alimenter ce système d’éclairage. L’amnésique ne connaissait pas les détails de tout cela, mais il était néanmoins fasciné par la modernité d’Aria.

— Cette maîtrise de la magie c’est vraiment incroyable, pensa-t-il tout haut.

— Ce n’est pas pour rien qu’on dit que c’est la plus puissante ville du monde tu sais, se moqua Eddie.

— Je croyais que c’était la plus belle ? s’interrogea Luke.

— Elle l’est aussi, mais Astria est le pays le plus puissant du monde grâce à son nombre de mage.

— Je pensais que c’était les Altius qui faisait leur puissance, dit l’amnésique.

Eddie secoua la tête, avant de se rendre au salon avant de revenir avec de quoi écrire. Il posa la feuille sur la table de chevet, et dessina un petit soldat en armure.

— Tu dessines sacrément bien, souffla Luke. T’as encore beaucoup de talents cachés ?

— Des milliers, répondit Eddie avec un grand sourire. Tu vois ça, c’est un simple soldat, bien équipé et bien entrainé.

A côté il dessina un homme avec une épée en feu, et il inscrivit le chiffre nombre vingt.

— On dit qu’un utilisateur de relique équivaut à vingt hommes, expliqua le Chafe, très sérieux dans son rôle de professeur. Bien sûr cela varie selon la qualité de l’artefact, et la maîtrise de son porteur. Par exemple moi je pense pouvoir affronter au moins trente personnes et gagner !

— S’ils sont malades peut-être.

Ne relevant pas la moquerie, Eddie dessina deux autres personnages. Une femme qui devait représenter Elise, un livre à la main, et le même homme mais cette fois le corps entouré de flammes.

— Un bon mage, c’est-à-dire quelqu’un qui a suivit une formation à l’Académie d’Aria par exemple, est censé valoir autant que cent hommes sur un champ de bataille.

— Tant que ça ? s’exclama Luke.

— S’il est doué, il peut lancer des sorts à bonne distance donc ne s’expose pas, et en cas de combat rapproché sa barrière lui offre une protection suffisante.

— Sa « barrière » ?

— Tu demanderas à Elise ça. Quant à lui, dit-il en pointant l’homme en feu. Ce bel homme maîtrise la seconde phase, il peut libérer le plein potentiel de sa relique, pour un stratège il a un potentiel de guerre allant de cinquante a plus de milles soldats.

— Pourquoi cet écart ? s’enquit l’amnésique.

— La « Libération » est quelque chose de très compliqué comme je te l’ai déjà dit, en son sein il y a des niveaux de maîtrise très différent. Livink devait pouvoir affronter cinquante hommes à cause son âge, alors qu’un Altius serait plus proche des milles.

— Et j’imagine que l’armée Astrienne contient plus de mages que les autres nations c’est ça ? avança Luke.

— Je suis avec un génie on dirait, plaisanta Eddie. Mais oui, c’est bien cela. Ryke Frost compte une centaine de mage « confirmé », alors que rien qu’à Aria il y en aurait plus de mille, la différence de puissance militaire est écrasante.

Elise ouvrit la porte, l’air agacé.

— Il faut relativiser, déclara-t-elle. Les mages se fatiguent vite, et au final se sont des humains comme les autres, un coup dans le dos et c’est terminé. Maintenant est-ce que vous pourriez parler un peu moins fort ? ajouta-t-elle. J’essaie de travailler.

— Désolé, dirent-ils en même temps.

Elle claqua la porte, et ils l’entendirent se rassoir. Eddie rangea la feuille et allait reprendre son entraînement, quand Luke le stoppa.

— Ou est ce que je pourrais en trouver une, une relique je veux dire ?

— Aucune idée, répondit Eddie en levant les épaules. C’est extrêmement rare tu sais, Sokann en a voulu une toute sa vie, et même aujourd’hui il n’a jamais pu en avoir une.

— Je vais continuer de vous gêner alors, murmura l’amnésique.

— C’est bien toi qui nous as sauvé contre Livink, je me trompe ? s’enquit Eddie, avec un sourire narquois.

— Je n’en sais rien, je ne m’en souviens même pas.

Le chasseur de relique pointa le cœur de Luke du doigt.

— Moi je te le confirme, tu as quelques choses de différent en toi, tu n’es pas juste un idiot amnésique balancé dans « La Cage » pour y crever de faim, tu es bien plus que ça.

— Je n’ai aucune idée de qui je suis, je ne suis pas aussi fort que tu le penses.

— Dans ce cas c’est à moi de devenir plus puissant, déclara Eddie. Concentre-toi sur tes souvenirs, je me battrais pour toi.

Il ferma les yeux pour se concentrer une nouvelle fois, et les flammèches réapparurent tout autour de lui. Luke sourit sans s’en rendre compte, même s’il était faible, il avait des amis sur qui compter. La danse des flammes s’accéléra encore davantage, à un niveau qu’Eddie n’avait jamais atteint auparavant, puis tout explosa.

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